Notre-dame-de-lourde-créateur-francois-partie-01 et 2

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anciennes traductions de la Bible en langue arabe


Les anciennes traductions de la Bible en langue arabe

Les anciennes traductions de la Bible en langue arabe

Parles des anciennes traductions des textes bibliques en langue arabe est une histoire qui peut nous mener aux préislamiques (622 A. D.), ou même au début de l’ère chrétienne.
A. Données préliminaires
Parler de ces anciennes traductions nous oblige à proposes des données préliminaires.
1. La langue arabe n’a pas subi de grandes mutations depuis le 6° siècle AD, et un universitaire comprendrait - sans doute quelquefois avec un dictionnaire - la production littéraire qui s’échelonne depuis ce 6° siècle jusqu’aujourd’hui. Cela a pour conséquence que nous pouvons avoir des textes bibliques en arabe qui nous ramènent treize siècles en arrière.
2. L’aire géographique qui utilise aujourd’hui la langue arabe est vaste avec ses 150 millions d’habitants; elle couvre le Proche-Orient et toute l’Afrique du Naord; mais elle fut plus vaste encore au temps des Abbassides, puisqu’elle s’étendait des Indes à l’Est jusqu’au cœur de l’Espagne à l’Ouest. Quand je dit langue arabe, je n’entends pas les dialectes locaux parlés ici ou là, mais la langue vernaculaire utilisée par la presse, les livres, la radio et la télévision et que comprend l’habitant de ce monde arabe.
3. La langue arabe fut d’abord parlée dans ce qu’on appelle le désert arabique dans le sens le plus large; ce désert empliétait sur une partie du territoire de la Syrie et de l’Iraq actuels; Vers la moitié du 7° siècle cette langue va s’étendre à la mesure de la conquête arabe; et alors les Syriaques, les Coptes, les perses, les Arméniens et les Grecs écriront en arabe, et certains abandonneront leur propre langue pour prendre celle de leur conquérant.
4. Or tous ces peuples conquis avainet chacun leur bible à eux; et quand il fallut la traduire en arabe, chacun partit su texte qu’il utilisait dans sa liturgie, au lieu de partir, comme nous le faisons aujourd’hui, du texte biblique original. Les Grecs de Syrie et d’Iraq utilisiront le syriaque, ceux d’Alexandrie et de d’Antioche le grec, ceux de la Haute-Egypte le copte, et les Nozarabes le latin.
5. Ce n’est là qu’une différence d’ordre général; mais les différences de détail seront plus nombreux encore quand il s’agit de comparer entre les divers textes qui serviront pour ces versions en langue arabe. Les Juifs auront leur traduction à partir de l’hébreu; mais les Samaritains aussi, à partir de leur texte propre; les Jacobites auront un texte qui diffère par beaucoup de détails du texte utilisé par les Nestoriens. Le texte grec d’Antioche diffère de celui d’Alexandrie, et les coptes auront au moins trois versions, à savoir l’achiminienne, la sahidique et la bohairique.
6. Les Juifs et les Chrétiens, bien que gens du livre pour les musulmans, et donc digne d’un certain respect, furent toujours des citoyens de seconde zone. Ils eurent à souffrir du fait de leur religion et ils furent toujours humiliés. Cela signifie pour notre propos que beaucoup de leur texte biblique furent détruits tout au long des siècles, à tel point que ce qui nous en est résté constitue une partie infime d’un héritage spirituel, malgré tout considérable.
7. Cette situation aura aussi comme effet que les chrétiens du monde arabe furent réticents à la langue de leur conquérant, et ils s’efforcèrent de s’organiser en des «autonomies» qui seront plus larges que les ghettos juifs, mais assez fermé sur eux-même pour ne pas être dissouts dans la majorité musulmane. Si nous mettons à part l’élément grec qui resta dans les villes - il est vrai dans des quartiers propres à eux - les coptes et les Syriaques rechecheront les parties les plus reculés du pays, le sa°id égyptien, la montangne libanaise ou kurde. Cela ne signifie pas que les chrétiens d’Orient ne prirent pas part à l’activité politique et économique du pays où vivaient les anciens, tout le monde connaît l’activité des médecins chrétiens chez les khalifes abbassides ou des vizirs coptes chez les sultans mameluks; mais cela signifie qu’ils restèrent attachés et pour longtemps à leur langue propre qui devint leur langue liturgique; ils s’attachèrent même à la lettre de cette langue à tel point que les Syriaques écriront des textes arabes en caractères syriaques (karsuni) et les Juifs en caractères hébreux. Ainsi, continuant à utiliser la Bible en hébreu, grec, copte ou syriaque, ils éprouveront moins le besoin de traduire en arabe un texte qu’ils connaissent par cœur dans une longue qui a un goût spécial pour eux.
8. Quand on parle Bible, on pense tout de suite aux grandes Codex qui sont en notre possession: le codex grec du Vatican ou du Sinaï, la Vulgate... ancêtres lointaoins de nos bibles modernes complètes. Mais le cas ne fut pas ainsi pour les gens du Livre dans le monde arabe qui traduiront les Ecritures au fur et à mesure de leurs besoins immédiats. Ainsi les Juifs traduiront d’abord la Torah, les Chrétiens, les évangiles. Dans les monsatères, on prendre un soin particulier des psaumes qui sont récités surtout aux heures de la nuit. Par la suite, les lectionnaires se propagent, et un choix de textes est mis à la disposition des moines ou même des fidèles dans les cérémoines liturgiques. Ainsi, on ne peut pas affirmer avoir un codex arabe qui contient tous les textes de l’Ancien et du Nouveau Testaments, mais la traduction d’un livre ou d’un autre. Mais d’ires et déjà, je tiens à dire que presque tous les livres de la Bible étaient traduits en arabe avant l’imprimerie et que la période des polyglottes (15°-17°) en Europe ne fera que collationner des manuscrits et choisir un texte de préférence à un autre.
B. Période pré-islamique
Après ces données préliminaires, je proposerai de parler rapidement de la période préislamique, car elle noous est moins connue; puis je m’étendrai longuement sur la période islamique qui nous mènera au X° siècle, en insistant sur l’apport de chaque groupe linguistique dans ce domaine biblique qui restera pour lontemps encore à défricher.
1. Présence des Juifs et des Chrétiens dans le «Désert Arabique»
Il faut savoir qu’il y eut des Juifs en Arabie au moins après la destruction de Jérusalem en 587 av. J. C. comme il y en eut à Babylone ou le bassin méditerranéen, l’Arabie étant un lieu de passage entre la méditerranée et l’Océan indien, et les caravanes partant de Damas ou d’Egypte parvenaient au Yémen.
La présence des Juifs est bien attestée du Nord du pays, au Centre, dans le hedgaz, au Sud, dans le Yémen. Ils s’étaient implantés surtout à Ta’if. La Mecque, la Médine et dans bien d’autres villes. Ils étaient forts au centre, ce qui explique la réaction violente de Manomet à leur égard, à un tournant important de sa mission. Au Sud; ils déclenchèrent à Najrane une persécution contre les chrétiens que retient la tradition, que mentionne le courant et qui suscite l’intervention du roi chrétien d’Ethiopie contre le yémen.
Est-il possible que ces Juifs vivant dans ce monde n’éurent pas leur bible en arabe, comme ils en ent leur Septante grecque et leurs targums araméens? Je ne le pense pas d’autant plus que l’Islam le appelle «les Gens du Livre; d’ailleurs le Coran fait allusion à des textes bibliques qui se lisaient dans les synagogues ou se redisaient sous les tentes dans le désert. Le prosélytisme juifs qui fut actif dans beaucoup de villes d’Orient, serait-il moins fort dans le désert arabique?
Quant à la présence des chrétiens en Arabie, elle est attestée déjà par le livre des Actes des Apôtres (2,11). Saint Luc parle de la Pentecôte qui atteint les Mèdes et les Romains, mais aussi les Crétois et les Arabes, tant Juifs que Prosélytes. Et la persécution à Jérusalem (Ac 8,4) qui dispersa les chrétiens vers le bassin méditerranéen n’eutelle aucun effet vers le désert arabique; mais alors on ne comprendrait pas pourquoi Paul est allé en Arabie (Ga 1,17) après sa conversion sur la route de Damas (Ac 9,1-9).
Quoi qu’il en soit des premières traditions chrétiennes, nous savons par l’histoire que les chrétiens furent nombreux en Arabie. Les sources littéraires parlent de l’évêque Georges l’Arabe, de Qcss ibn Sa°idah fameux orateur. L’historien Sozomène fait mention des évêques arabes qui assistèrent aux Conciles œcuméniques; il y en eut six à Nicée (325) et 17 à Chalc oine (451). Eusèbe de Césarée dit qu’au temps de Dioclétien l’empereur romain, nombreux furent les matyrs de l’Arabie. Quant au chroniqueur musulman muhammad al-Ya°qubi, il signale qu’il y eut des chrétiens dans la tribu de Tay’, de bahra’, de Tanuh et même de Qoraiche. Les Ghassanides du désert syrien et les Lahmides de l’Iraq furent chrétiens dans leur majorité. On parle d’un monastère à Hirah (Iraq) qui comptai des centaines de moniales. Et la tradition musulmane ne craient pas de relater les récits de la rencontre de Mahomet avec les moines dont les monastères parsemaient la route de Damas à la Mecque.
Toute cette présence chrétienne ne peut se concevoir sans les  textes bibliques; l’évangile en premier lieu, puis le reste du Nouveau Testament; les psaumes étaient nécessaires pour la prière des moines et les prophètes pour y lire ce qui est dit du Christ. Mais la question se pose. Nous est-il parvenu quelque chose de cet héritage spirituel? A part quelques allusions dans le Coran ou les Hadith, tout a disparu. Si Othman (646-656), le troisième khalife après Mahomet détruisit tous les textes qui ne s’accordaient pas avec le texte coranique qu’il choisit comme base du texte sacré arabe, il y a lieu de croire que les livres juifs ou chrétiens n’échappèrent pas à cette mesure.
Mais en fait, que dit la tradition? Elle rapporte que qass (le prêtre) warqah ibn nawfal, cousin de khadigé, femme du prophète de l’Islam, a traduit l’Ecriture en arabe dès le commencement du septième siècle; et c’est dans cette version que puisera Mahomet pour donner aux Arabes leur propre Ecriture.
Et que retrouvons-nous de tecte biblique dans le Coran? D’abord l’affirmation que ce que dit Mahomet se trouve déjà dans les livres d’Abraham et de Moïse (53,37-40,56) et dans l’Evangile ajoute le commentaire «tafsîr jalalayn sur 26,196. Ensuite, il nous parle du Christ (2,87; 3,45; 4,157...), de samère (19,17; 3,42-46; 19,18-21 à comparer avec Lc 1,26-31) et de l’Esprit-Saint (2,253; 5,110). je passe rapidement sur la questions des pratiques relidieuses comme la circoncision, la purification, le jeûne, la prière, l’aumône (comparer par ex. Coran 2, 23, 264, 270; 4, 38 avec Mt 6,1-8; Lc 16,15; ou encore Coran 9,12; 11,15; 12; 56 avec Mt 10,42; ou encore Coran 57,18 avec Mt 19,29). L’eschatologie tient une place importante aussi bien dans le Coran que dans la Bible. Ce jour sera terrivle; les nuages se réunirons (Coran 25,25; 89,23; Juda 14-15); il y aura la famine (Coran 88,7; Mt 24,7); on sonnera les trompettes (Coran 74,8; Mt 24,30-31); la peur tombera sur les femme qui allaitent (Coran 22,2; Mt 24,19); la haine s’installera entre les frères (Coran 70,10; 80,34; Mt 10,21). A cette heure l’argent ne servira à rien Coran 13,18; Sophonie 1,18; Ezéchiel 7,19), car le Seigneur rassemblera tous les hommes (Coran 94,6; 56,8-10; cf Mt 25,32) et jugera chacun selon ses œuvres (Coran 69,18; Mt 16,27).
La liste serait longue et fastidieuse des textes qu’on trouverait dans le Coran et qui font allusion à des textes bibliques; je n’ai pas cité les Hadith puisque certains sont assez tardifs; mais tout cela montre l’influence du judaïsme et du christianisme «oriental» avec ses hérésies et ses livres apocryphes sur l’Islam. Ainsi la collusion entre les textes bibliques et coraniques est manifeste, et cela ne pourrait s’expliquer sans la présence des textes bibliques en langue arabe.
Notre moisson fut maigre pour la période préislamique; serions-nous plus favorisés pour la période islamique?
C. La période islamique
1. Un peu d’histoire.
Dès le début de l’Islam, la conquête des pays du Proche-Orient fut entreprise. Avec les premiers khalifes (abû-Bakr, 632-634; °Omar al-hattab, 634-644) elle avait atteint la Syrie, l’Egypte... L’avance musulmane au Proche-Orient fut rapide au début, car les pays conquis voyaient ans ces envahisseurs des frères qui venaient les délivrer de la tyrannie de Byzance. Les villes de Damas, Hamat, Jérusalem; ouvrirent leurs portes et accueillirent les nouveaux venus avec joie. D’ailleurs, ces conquérants entendaient ne pas toucher à la situation du pays; ils firent preuve au début d’une large tolérance, laissant même les fonctionnaires à leurs postes.
Mais avec la période des Omeyyades, les évènements prirent un autre cous; on impose une taxe supplémentaire à tous ceux qui ne sont pas musulmane; Abdel Malak ibn Marwan, cinquième khalife omeyyade (646-705) imposa la langue arabe à tous les bureuaux des pays conquis. Bientôt une discrimination s’installa (même au niveau de l’habillement et de la monture) qui s’accentua au temps des Abbassides. Après cela on qui imposèrent la religion musulmane à ces naciens chrétiens par tous les moyens. Il était trop tard pour se réveiller, et les chrétiens n’avaient d’autre issues que de se convertir, de partir ou de mourir, à moins qu’on ne puisse se cacher encore pour un moment dans les montagnes du pays. Cela signifie que les chrétiens ne purent plus jouer de rôle politique important, à moins de se convertir à l’Islam, comme ce fut le cas de vizirs coptes au temps des Mameluks, ni de rôle littéraire si ce n’est à l’intérieur de leur communaute ou de leur monastères. D’ailleurs soit dit en passant, la situation n’est pas bien meilleure aujourd’hui dans beaucoup de pays arabes.
2. Textes bibliques de la première période musulmane
La situation étant telle, nos textes bibliques qui existèrent dès le 7° siècle resterent cachés et n’apparurent au grand jour qu’avec l’arrivée des premièrs missionnaires. Mais auparavant, ce fut une longue gestation dans les grands centres intellectuels comme Antioche ou Alexandrie, et dans les monastères comme ceux du Mont de Siani, Saint Sabas, Saint Chariton, Deir el Za°farane, et ceux dispersés dans la montagne libanaise ou iraqienne, ou dans l’arrière-pays égyptien.
Quelles sont les données sûres? En 631, l’évêque jacobite Jean III d’Antioche fit appel à des savants de trois tribues arabes: Tay’, Tanûh et °Uqayl; il fait traduire les évangiles à la demande de °Umayr ibn Sa°d l’émir de la Djeziré. ce texte fut perdu, mais il nous en reste de larges extraits dans «le livre de la religion et de l’empire» de °Ali ibn Rabban, philosophe nestorien (780-823) qui passa à l’Islam. De l’autre côté du monde arabe, en Andalousie, Jean, évêque de Séville, fait exécuer en 717 une version de la Bible en arabe, sans doute à partir du latin. Mais rien ne nous est resté de cette version, à moins qu’elle n’ait passé dans l’essai qui suivit au 10° siècle.
En effet, Isaac Velsasquez traduira les évangiles en 936 sur un texte «vieux latin» ou au moins un texte qui avait conservé un grand nombre de leçons de l’ancienne version latine. Une copie de ce texte se trouve à la bibliothèque de Munich (ar 238); elle fut écrite en 1334 sur une copie qui date de 1145. Baumstark en éditera le chapitre 2 de saint Marc. On doit signaler ici que le manuscrit est écrit en caractères maghrebins, que les chapitres sont divisés à la manière occidentale, non orientale, et que le texte des évangiles est précédée d’une introduction attribuée à saint Jérôme et qui passera dans le premier tome de la polyglotte de Paris.
En Orient, la tradition parle de deux grands efforts pour la traduction de  toute le Bible, et cela non dans un but missionnaire ou apologétique, comme ce fut le cas pour les trois essais précités, mais dans un but purement littéraire.
Au temps du Khalife abbasside al-Ma’mûn (813-833), un «musulman» nommé Ahmed ibn °abdallah ibn Salam (+ 836) traduisit de l’hébreu, et du grec, la Torah, les Évangiles, les livres des prophètes et des apôtres (c’est-à-dire les épitres) et les rouleaux (c’est-à-dire Judith, Esther...).
Au temps de son second successeur le khalife al-mutawakkil (847-861), Hunayn ibn Ishaq (808-873), médecin nestorien et grand connaisseur du grec, traduisit toute la Bible à partir de la Septante, mais non sans consulter les versions arabes qui furent faites avant lui, et les textes en langue syriaque qu’il devait savoir du fait de sa naissance. Nous tenons cette dernière information de °Ali al-Mas°ûdi (+ 956) dans son livre «de l’avertissement et de la révision».
Nous reste-t-il quelque chose du texte de Ibn Salam? On n’en pas de trace visible. Mais dans le ces de Ibn Ishaq, il semble que nous soyons plus fortunés. En effet, un commentaire biblique du 11° siècle qui provient de Deir el Za°faran (près de Mardin, lieu de l’ancien siège patriarcal jacobite) renferme un texte de la Torah en arabe assez proche du texte grec. Je dis cela après avoir opéré quelques sondages pour une étude présentée au deuxième congrès d’Etudes Arabes Chrétiennes tenu à Gröningen en Hollande du 13 au 15 septembre 1984. Mais, pour notre malheur, celui qui a édité le texte arabe de ce commentaire, publia non le texte du 11° siècle, mais celui de la traduction des Pères Jésuites faite au XIX° siècle. Ainsi, ce texte précieux pour la connaissance des versions bibliques en langue arabe resta enfoui dans cinq mansucrits qui se trouvent à Oxford, au Vatican et au Liban (Sarfeh et Kreim).
3. Différentes communautés, textes différents.
Avant de nous engager dans la partie centrale de notre travail, nous voudrions proposer quelques remarques.
a. Nous ne nous attendrons pas à ce que le traducteur ait eu sous la main un texte critique, mais celui qu’on lit dans telle synagogue ou tel monastère.
b. Les textes traduits sont ceux les plus utilisée; pour les Juifs, ce sera la Torah, puis Isaïe et les Psaumes; pour les chrétiens, ce seront les Evangiles d’abord, puis le reste du Nouveau Testament; en deuxième lieu viennent les prophètes et les psaumes.
c. Les traductions diffèrent suivant que l’original à traduire est le texte grec, syriaque, copte ou latin.
d. Dans une même tradition linguistique, on trouve certaines différences; au niveau du grec, il y a lieu de se demander si on a utilisé la septante ou un autre texte; et n’oublions que le texte d’Antioche diffère de celui d’Alexandrie.
e. au niveau du syriaque, on parle de la vetus (vieille syriaque) comme on parle de la vetus latina. Puis il y eut le texte de la peshitto avec ses différentes variantes, puis la Héracléenne, l’Hexaplaire d’Origène. Enfin, le texte nestorien diffère au moins par quelques détails du texte jacobite. Ainsi le texte syriaque des psaumes édité par Thomas van Erpel est jacobite; il diffère d’un autre texte nestorien que Gabriel Sionite avait à sa disposition en 1625 pour l’édition de la polyglotte de Paris; et tous les deux différaient d’un texte lu par Barhaebreus au 13° siècle.
f. Au niveau du copte, l’on pourrait se demandrer si la version arabe provient d’un texte akhminien, sahidique ou bohairique, celui-ci supplantant les deux premiers au moment de la conquête arabe.
g. Cette situation sera une source de confusion quand on veut comparer les différentes versions de la Bible en langue arabe. Mais les imprimeurs des textes séparés ou insérés dans les polyglottes de Paris ou de Londres, se contentèrent de publier ce texte ou cet autre, prenant même quelquefois en considération la qualité du manuscrit choisi. La mérité de ces publications fut de mettre ces textes à la portée des chercheurs; mais on ne voudrait pas oublier que le travail est à peine entamé, et qu’il reste trop à faire encore pour nous faire connaître l’apport propre des Juifs et des Samaritains, des Grecs, des Syriaues et des coptes aux versions bibliques en langue arabe.
4. Textes bibliques par groupe linguistique.
a. Textes traduits sur l’hébreu.
(1) le texte le plus connu est celui de Sa°diah Haggaon (891-941), un juif originaire du Fayoum en Egypte et directeur de l’Ecole talmudique de Sora. Nous sommes sûrs qu’il traduisit le Pentateuque et Isaïe, et à peu près certains pour Job, les petits prophètes et les psaumes. Sa traduction se rapproche de la paraphrase targoumique.
De nombreux manuscrits de la «Bible de Sa°adiah» écrits en caractères hébraïques se trouvent en Europe (Paris, Oxford, Florence, Leiden); ils proviennent de l’Egypte, de la Syrie (Hamat) de la Turquie (Mardin) Le pentateuque passera seul dans les polyglottes de Paris et de Londres après avoir été publié à publié à Constantinople en 1546 dans le cadre de la tétraglotte biblique (Hébreu, arabe, persan, araméen).
(2) Abou-Sa°ïd fils d’Abou al-Hosein vivait en Egypte vers de 11° s.; il fit la traduction arabe du Pentateuque Samaritain à ses coreligionnaires qui considéraient la version de Sa°diah inexacte. En fait, Abou-Saïd recourra souvent au texte hébreu et utilisera la version de Sa°diah.
Ce «Pentateuque Samaritain» qui fut écrit en caractères samaritains existe dans de nombreux manusc its dont le princeps paraît être celui de la bibliothèque Barberini. Le texte samaritain fut publié dans la polyglotte de Paris, mais le texte arabe reste inédit.
(3) Il existe aussi d’autres  versions faites sur l’hébreu; celle du livre de Josué dont on ne connaît ni la date ni l’auteur, fut publiée dans les deux polyglottes de Paris et de Londres; celle des psaumes fut faite par un juif Qaraït, Yapheth ben Heli au X° s. mais n’a pas été publiée.
b. Textes arabes traduits sur le Grec
(1) Le texte le plus ancien que nous possédons est le codex arabe 151 trouvé au Mont Sinaï et dont une partie (Les épîtres de saint Paul) fut édité en 1983 à Louvain; ce manuscrit contient tout le Nouveau Testament avec des notes explicatives. Ecrit sur parchemin, en caractères arabes au moment du passage entre le kufi et le naskhi, il date de l’an 867 A. D.
(2) Nous possédons aussi, faite par un prêtre d’Alexandrie, la version arabe des prophètes à partir de la Septante, et de Daniel à partir du texte de Theodotion. Des manuscrits de ce texte se trouvent à Paris à Londres, et à Oxford (provenant de la Syrie). Cette version «égyptienne» passera dans la polyglotte de Paris et de Londres.
(3) Les versions arabes d’Esther, des Proverbes, de l’Ecclésiaste, du cantique, de Sagesse, de 1 et 2 Macchabées ont été publiées dans les polyglottes de Paris et de Londres; celles de Tobie, Judith et Siracide n’ont pas encore été publiées.
(4) Pour ce qui est des psaumes, nous avons la recension égyptienne qui passa dans les deux polyglottes de Paris et de Londres; quant à la recension syrienne elle fut publiée à Gênes par Augustin Justiniani (1516) et à Rome avec une version latine faite par deux savants libanais, Gabriel Sionite et Victor Scialac. Mais nous avons surtout une recension spéciale encore en usage chez les Melkites. Elle a été faite par °Abdallah ibn al-Antaki au cours du XII° s. Ce texte sera publié à Alep (1706), à Padoue (1709), à Londres pour la Society for promoting christian knowledge, enfin à Choueir au Liban en 1735, 1739, 1753, 1764...
c. Textes traduits sur le syriaque.
(1) °Abdllah ibn al-Tayyib (+ 1045), moins savant, traduisit d’abord le Ditessaron, cet évangile concordant de Tatien. Puis il fit une version arabe des textes des quatre évangiles avec un commentaire propre à lui. Cette denière version sera utilisée par la suite pour ce qu’on appelle la «vulgate égyptienne».
(2) Nous retrouvons aussi les version arabes des Juges, Ruth, 1 et 2 Samuel, 1 et 2 Rois, 1 et 2 Chroniques faites au 13° ou au 14° s.. La polyglotte de Paris en a édité le texte dont la recension égyptienne sera éditée à Gottingen en 1876.
Les Psaumes furent traduits on ne saint quand, et ils furent publiés pour la première fois et en caractères syriaques (karsûni) à Qozhaya du Liban en 1585 et en 1610.
(3) Il faut citer surtout al-harit ibn Sinan ibn Sinbat, cet écrivain de Harran (X° s.) qui traduisit les textes de la syrohexaplaire. Sa version du Pentateuque, des Proverbes, du Sirscide, de Sagesse et du cantique seront très lus chez les Coptes. Des fragments de sa traduction seront publiés dans la polyglotte de Londres.
(4) Enfin, il faudrait mentionner un fait littéraire spécial: il s’agit de la version arabe des évangiles en prose rimée (saja°). Le premier texte (X° s.) Vat. Cod ar 17, 18 et Leiden 2348) nous parvient d’un de ces médecins ou philosophes syriaques qui vivaient dans l’entourage des kha lifes abbassides. Le second texte qui fut l’œuvre du métropolite de Nisibe, °Abdisû° (+ 1318) servit de base à une autre version litéraire non rimée, faite par un maronite d’Alep, Ya°qub al-Dibsi, à la fin du XVII° s. Il fut édité à Bucarest en 1700.
d. Textes traduits sur le copte.
(1) Le témoin le plus ancien du Nouveau Testament traduit en arabe à partir du copte est le  Codex Vatic. Copte n° 9. Il a été transcrit en 1205 par un copiste du Monastère Saint Antoine près de la Mer Rouge.
(2) Les versions étant différentes, on éprouva le besoin d’avoir une version canonique unique. Ce fut l’œuvre de Hibat allah ibn al-Assal qui partit des versions contes, grecques et syriaques et nous offrit une recension éclectique. Ecrite en 1252, elle devait sevir de base pour les cérémonies liturgiques et les études ecclésisastiques. Mais étant trop compliquée, elle cessa bientôt d’être mise en vogue et elle fut remplacée par une autre recension alexandrine. Ce fut une des raisons pour lesquelles elle ne fut pas publide malgré sa valeur et la somme de recherche qu’elle exigea.
(3) Cette nouvelle ecension s’appel la vulgate égyptienne. Les auteurs prirent comme base le fameux codex Vat copt n° 9 dont on a déjà parlé; ils mirent à profit le grec et le syriaque, soit pour compléter la version du copte soit pour l’éclaircir ou la corriger; ils se servirent aussi des commentaires de ibn al-tayyib, le traducteur di Diatessaron. De tout cela il résulta un texte clair et suffisamment correct avec un style coulant et simple qui le rend proche du peuple.
(4) Si le texte de Ibn al-°Assal resta en tradition manuscrite (à Oxford, Milan ou alilleurs), celui de la vulgate égyptienne se propagea largement en Egypte (Oxford, Londres, Vatican, Vienne...) et en Syrie (Vat syr 407; usée Borgia; collège maronite n° 49). Van Erpe utilisa un mansucrit d’origine égyptienne (écrit par un prêtre nommé Jean en 1272) pour éditer le Nouveau Testament (à Leiden en 1616) qui sera réédité à Rome en 1671 et à Londres en 1820 et 1829. P. de Lagarde se servit d’un autre manuscrit égyptien (daté de 1544) pour une édition du Nouveau Testament en 1864.
Quant au texte de la tradition syrienne, il sera imprimé à Rome en 1591, puis reproduit dans la polyglotte de Paris et de Londres. Un manuscrit chypriote de ce même texte sera imprimé en karsûni en 1703 et réimprimé à Paris en 1824; un troisième manuscrit servira pour l’édition melchite publiées à Alep en 1706.
e. Textes bibliques divers.
(1) Le père luis Cheiko publia à Beyrouth en 1896 dans «Elementa grammaticae arabicae com chretomathia» des fragments évangéliques du VIII° et du IX° siècles dont on ne connaît pas les auteurs. Un premier texte cite l’épisode de l’hémorroïsse )luc 8,40-56), un second relate la conversation entre Jésus et ses disciples à Césarée de Philippe (Mt 16,13-20).
(2) Des écrivains qui vivent au 8° et 9° s. parsèment leurs livres de citations bibliques. Théodore abu-Qurrah (750-825) renvois aux textes bibliques dans ses traités théologiques. Ali ben Rabban (né vers 725) qui passa à l’Islam, écrivit une lettre aux chrétiens où il s’appuie sur Mt 10,17-18; Jn 17,1-3; Mc 4,9-19... Hannûn, écrivain nestorien du IX° s. rapporte les miracles du Christ dans ses lettres théologiques.
(3) Mais ce qui est plus important, c’est que les auteurs musulmans ne manquent pas de citer les textes bibliques qu’ils dûrent connaitre à leurs époques. Abu-°Abdallah al-Muhasibi (+ 857) felate la parabole du semeur (Mt 8,3-8) dans son livre sur les droits de Dieu. Abu-Otman al-Jahiz (+ 868) répondant à des chrétiens fait appel aux textes de Mt 6,9; Jn 20,17 et d’autres, Ibn Muhammad abu-Qutaibah al-Daynuri cite des pasages substantiels de l’évangile de Matthieu (7, 6, 24-28; 10,1-42; 13,54-57); Ahmed al-Ya°qubi (+ 897) rapporte dans son livre «des pays et de leur histoire» de nombreux passages de Matthieu (2,15; 3,13-15...), de Marc, de Luc et de Jean (1,10-14; 11 passim; 12 passim) et des Actes des Apôtres.
(4) La liste serait longue s’il fallait relater les citations que l’on retrouve chez les auteurs de la période abbasside (8° - 13° s.); il suffit pour notre propos de savoir que les textes bibliques arabes, en particulier les évangiles, étaient largement connus dans les miliuex chrétiens et musulmans.
(5) Il faut signaler que les versions en langue arabe ne furent pas toujours fidèles à la manière des versions modernes; on paraphrase ou même on simplifie pour rendre le texte plus compréhensible. Ensuite la langue de certains textes laisserait à désirer pour les règles de la grammaire et la faute incomberait soit aux auteurs étrangers soit aux copistes travaillant durant la période de la décadence arabe.
(6) Enfin, il faut dire que de nombreux manuscrits restèrent longtemps enfouis dans les monastères; ils furent copiés avant d’être déterrés. Nous les connaîtrons quand ils seront partis en Europe et édités dans ses grandes capitales. A ce sujet, l’on peut dire que la production de production des textes bibliques en arabe était terminée à la fin de la période abbasside (13° s.). Le début de l’imprimerie ne fera qu’éditer d’anciens textes. Et il faudra attendre le XIX° siècle, époque de la seconde renaissance arabe, pour voir de nouveaux traducteurs s’atteler au texte biblique «critique» et présenter une version qui se veut fidèle dans une langue digne de place à côté des grandes œuvres littéraires, et même à côté du Coran.
Telles sont dans leurs grandes lignes les versions des textes de la Bible en langue arabe. Nous avons essayé d’en présenter un grand nombre, mais ce qui reste à découvrir est considérable, compte tenu de biblioothèques qui ne sont pas encore ouvertes encore aujourd’hui aux chercheurs. Ce fut là une véritable que le travail pour traduire le texte biblique en arabe dans une situation dont nous avons essayé de de siner les grands traits. Il restera pour l’avenir à éditer ces textes, à rapprocher les manuscrits les uns des autres, et à profiter de la langue arabe pour une meilleure compréhension du texte biblique


04/02/2011
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