Notre-dame-de-lourde-créateur-francois-partie-01 et 2

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histoire de la vie de la sainte vierge


histoire de la vie de la sainte vierge

Naissance de Marie 

Quelques jours avant sa délivrance, Anne avait annoncé à Joachim que le temps de ses couches était proche Elle envoya des messagers à Séphoris, à sa soeur cadette Maraha ; dans la vallée de Zabulon, à la veuve Énoué, soeur d'Élisabeth, et à Bethsaïde, à sa nièce Marie Salomé, pour engager ces trois femmes à venir chez elle.

Je vis Joachim, la veille de la délivrance d'Anne, envoyer ses nombreux serviteurs aux pâturages où étaient ses troupeaux. Parmi les nouvelles servantes d'Anne, il ne garda à la maison que celles dont le service était nécessaire. Lui-même alla au plus voisin de ses pâturages. Je vis que Marie Eléli, la fille aînée d'Anne, prenait soin du ménage. Elle avait alors environ dix-neuf ans, et avait épousé Cléophas, chef des bergers de Joachim, dont elle avait une petite fille appelée Marie de Cléophas, laquelle avait alors à peu près quatre ans.

Joachim pria, choisit les plus beaux de ses agneaux, de ses chevreaux et de ses boeufs, et les envoya au temple comme sacrifice d'actions de grâces. Il ne revint chez lui qu'à la nuit.

Je vis les trois parentes d'Anne arriver le soir chez elle. Elles la visitèrent dans la chambre située derrière le foyer et l'embrassèrent. Après leur avoir annoncé l'approche de sa délivrance, Anne, se tenant debout, entonna avec elles un cantique conçu à peu près en ces termes : " Louez Dieu le Seigneur ; il a eu pitié de son peuple ; il a accompli la promesse qu'il avait faite à Adam dans le paradis, quand il lui dit que la semence de la femme écraserait la tête du serpent, etc ". Je ne puis pas tout rapporter exactement.Anne était comme en extase ; elle énumérait dans son cantique tout ce qui avait figuré Marie par avance. Elle disait : " Le germe donné par Dieu à Abraham a mûri en moi ". Elle parlait d'Isaac promis à Sara, et ajoutait : " La floraison de la verge d'Aaron s'est accomplie en moi ". Je la vis comme pénétrée de lumière. Je vis la chambre pleine de clartés, et l'échelle de Jacob apparaître au-dessus. Les femmes, pleines d'un joyeux étonnement, étaient comme ravies, et je crois qu'elles virent aussi l'apparition.

Après cette prière de bienvenue, on servit aux femmes une petite réfection de pain, de fruits et d'eau mêlée de baume. Elles mangèrent et burent debout, et allèrent dormir quelques heures pour se reposer de leur voyage. Anne resta levée et pria. Vers minuit, elle éveilla ses parentes pour prier avec elle. Elles la suivirent derrière un rideau à l'endroit où était son lit.

Anne ouvrit les portes d'une petite niche pratiquée dans le mur, et qui renfermait des reliques dans une boite. Il y avait des deux côtés des lumières qu'on alluma ; je ne sais si c'étaient des lampes. Un escabeau rembourré était au pied de cette espèce de petit autel. Dans le reliquaire se trouvaient des cheveux de Sara, pour laquelle Anne avait beaucoup de vénération ; des os de Joseph, que Moise avait emportés d'Égypte ; quelque chose de Tobie, peut-être un morceau de vêtement, et le petit vase brillant, en forme de poire, dans lequel Abraham avait bu lors de la bénédiction de l'ange, et que Joachim avait reçu avec la bénédiction. Je sais maintenant que cette bénédiction était du pain et du vin, et comme une nourriture et une réfection sacramentelle.

Anne s'agenouilla devant la niche. Deux des femmes étaient à ses côtés, la troisième derrière elle. Elle dit encore un cantique ; je crois qu'il y était question du boisson ardent de Moise. Je vis alors une lumière surnaturelle remplir la chambre, se mouvoir et se condenser autour d'Anne. Les femmes tombèrent la face contre terre comme évanouies. La lumière prit tout autour d'Anne la forme qu'avait le buisson ardent de Moise sur l'Horeb, en sorte que je ne la vis plus. La flamme rayonnait vers l'intérieur, et je vis tout d'un coup Anne recevoir dans ses bras la petite Marie toute resplendissante, l'envelopper dans son manteau, la presser sur son sein, puis la placer sur l'escabeau devant le reliquaire, et continuer à prier. Alors j'entendis l'enfant pleurer, et je vis Anne tirer des linges de dessous le grand voile qui l'enveloppait. Elle emmaillota l'enfant jusque sous les bras, laissant la poitrine, la tête et les bras découverts. L'apparition du buisson ardent s'était évanouie.

Les femmes se relevèrent, et à leur grande surprise reçurent dans leurs bras l'enfant nouveau-né. Elles versaient des larmes de joie. Elles entonnèrent toutes un nouveau cantique d'actions de grâces, et Anne éleva l'enfant en l'air comme pour l'offrir. Je vis alors la chambre se remplir de nouveau de lumières, et j'entendis plusieurs anges qui chantaient gloria et alléluia. J'entendais tout ce qu'ils disaient. Ils annonçaient que l'enfant devait recevoir, le vingtième jour, le nom de Marie.

Anne entra alors dans sa chambre à coucher et se mit sur son lit. Les femmes déshabillèrent l'enfant, la baignèrent, puis l'emmaillotèrent de nouveau. Elles la portèrent ensuite à sa mère, dont la couche était disposée de manière qu'on pouvait fixer auprès d'elle une petite corbeille à jour, où l'enfant avait une place séparée à côté de sa mère.

Les femmes alors appelèrent son père Joachim. Il vint près de la couche d'Anne, s'agenouilla et versa d'abondantes larmes sur l'enfant ; puis il l'éleva dans ses bras et entonna un cantique de louanges, comme Zacharie à la naissance de Jean-Baptiste. Il parla dans ce psaume du saint germe qui, placé par Dieu dans Abraham, s'était perpétué chez le peuple de Dieu dans l'alliance dont la circoncision était le sceau, mais qui arrivait dans cet enfant à sa plus haute floraison. J'entendis dire dans ce cantique que la parole du Prophète : " une tige sortira de la racine de Jessé ", se trouvait maintenant accomplie. Il dit aussi, avec beaucoup de ferveur et d'humilité, que maintenant il mourrait volontiers.

Je remarquai que Marie d'Héli, la fille aînée d'Anne, ne vint qu'assez tard voir l'enfant. Quoique mère elle-même depuis quelques années, elle n'avait pas assisté à la naissance de Marie, peut-être parce que, d'après les lois juives, une fille ne devait pas se trouver près de sa mère dans un pareil moment.

Le lendemain, je vis les serviteurs, les servantes et beaucoup de gens du pays rassemblés autour de la maison. On les fit entrer successivement, et l'enfant fut montrée à tous par les femmes. Ils furent, en général, très touchés, et plusieurs devinrent meilleurs. Les gens du voisinage étaient venus parce qu'ils avaient vu pendant la nuit une lumière au-dessus de la maison, et parce que les couches d'Anne, venant après une longue stérilité, étaient regardées comme une grande grâce du ciel.

 

De la vie de la sainte Vierge au temple.

 

 

Je vis la sainte Vierge au temple tantôt dans l'habitation des femmes avec les autres petites filles, tantôt dans sa petite chambre, grandissant dans l'étude, la prière et le travail. Elle filait, tissait, tricotait pour le service du temple. Elle lavait le linge et nettoyait les vases. Je la vis souvent en prière et en méditation. Comme tous les saints, elle ne mangeait que pour soutenir son existence, et jamais d'autres mets que ceux auxquels elle avait promis de se réduire.

Indépendamment des prières prescrites par la règle du temple, la vie de Marie était une aspiration incessante vers la rédemption, une prière intérieure continuelle. Elle faisait tout cela paisiblement et en secret. Quand tout le monde était endormi, elle se levait de sa couche et invoquait Dieu. Je la vis souvent fondant en larmes et entourée de lumière pendant la prière. Elle priait voilée. Elle se voilait aussi quand elle parlait aux prêtres ou qu'elle descendait dans une chambre attenante au temple pour recevoir sa tâche ou livrer ce qu'elle avait fait. Il, avait des pièces de ce genre de trois côtés du temple. Elles me faisaient toujours l'effet de sacristies. On y conservait toutes sortes d'effets que les femmes attachées au service du temple devaient entretenir ou réparer.


Je vis la sainte Vierge au temple, continuellement ravie en extase dans la prière. Il semblait que son âme ne fût pas sur la terre, et elle recevait souvent des consolations célestes. Elle soupirait ardemment après l'accomplissement de la promesse ; et dans son humilité elle osait à peine former le désir d'être la dernière des servantes de la Mère du Rédempteur.


La maîtresse qui prenait soin de Marie s'appelait Noémi, elle était soeur de la mère de Lazare et âgée de cinquante ans. Elle appartenait à la société des Esséniens, ainsi que les autres femmes attachées au service du temple. Marie apprenait d'elle à travailler ; elle allait avec elle lorsqu'elle nettoyait le linge et les vases tachés par le sang des sacrifices, ou qu'elle partageait et préparait certaines portions de la chair des victimes réservées pour les prêtres et les femmes du temple. Plus tard, Marie s'occupa encore plus activement de ces soins de ménage. Quand Zacharie était de service au temple, il la visitait : Siméon aussi la connaissait.


Les destinées auxquelles Marie était appelée ne pouvaient pas rester tout à fait inconnues des prêtres. Toute sa manière d'être, la grâce dont elle était pleine, sa sagesse extraordinaire, étaient si remarquables dès son enfance, que son extrême humilité ne pouvait cacher tout cela. Je vis de vieux prêtres, renommés par leur sainteté, écrire sur de grands rouleaux diverses choses qui la concernaient. et j'ai vu ces écrits, je ne sais plus à quelle époque, parmi d'autres anciens manuscrits.


Nous interrompons ici ces fragments relatifs au séjour de la sainte Vierge au temple, et nous passons a quelques récits touchant la jeunesse de saint Joseph.


Fiançailles de la Sainte Vierge.

 

La sainte Vierge vivait dans le temple avec plusieurs autres vierges sous la surveillance de pieuses matrones. Ces vierges s'occupaient de broderies et d'ouvrages du même genre pour les tentures du temple et les vêtements sacerdotaux ; elles étaient aussi chargées de nettoyer ces vêtements et d'autres objets servant au culte divin. Elles avaient de petites cellules d'où elles avaient vue sur l'intérieur du temple et où elles priaient et méditaient Quand elles étaient arrivées à l'âge nubile, on les mariait. Leurs parents les avaient entièrement données à Dieu en les conduisant au temple, et il y avait chez les plus pieux d'entre les Israélites un pressentiment secret qu'un de ces mariages produirait un jour l'avènement du Messie'.


La sainte Vierge ayant quatorze ans et devant bientôt sortir du temple pour se marier, avec sept autres jeunes filles, je vis sainte Anne venir la visiter. Joachim ne vivait plus. Quand on annonça à Marie qu'elle devait quitter le temple et se marier, je la vis, profondément émue, déclarer au prêtre qu'elle ne désirait pas quitter le temple, qu'elle s'était consacrée à Dieu seul et n'avait pas de goût pour le mariage ; mais on lui répondit qu'elle devait prendre un époux'.


Quoique en général la littérature juive postérieure ne parle pas de femmes ou de jeunes filles employées au service du temple, nous trouvons pourtant, soit dans l'autorité de l'Eglise qui célèbre la fête de la Présentation de Marie (le 21 novembre), soit dans la Bible et dans d'anciens documents, des motifs suffisants pour nous donner l'assurance qu'il y en avait réellement. Déjà du temps de Moise (Exod. XXXVIII, 8) et à la dernière époque des Juges (I. Reg' , 22) nous trouvons des femmes ou de' jeunes filles employées au service du culte divin. Le psaume LXVIII en décrivant l'entrée de l'Arche dans Sion nous montre dans le cort45e des jeunes filles frappant sur des timbales. Il y avait des vierges vouées au temple et élevées dans son enceinte, a ce que dit déjà un disciple des apôtres, Evodius, successeur de saint Pierre à Antioche, dans une lettre citée, il est vrai, pour la première fois, par Nicéphore, lli. Il, c. Ill, et où il est parlé de la sainte Vierge. Saint Grégoire de Nysse, saint Jean Damascène et d'autres écrivains en parlent aussi. Le rabbin Azarias, dans son ouvrage intitulé Imreh Binah, C LX, mentionne des femmes employées au service du temple qui restaient vierges et vivaient en communauté. On peut donc citer une autorité juive pour l'existence de ces vierges du temple.


Dans l'ancienne alliance l'état de virginité n'était pas considéré comme méritoire, au moins en général. Parmi les nombreuses espèces de voeux qu'énumère la Michnah comme étant usités chez les Juifs, on ne trouve pas trace du voeu de chasteté. Tant qu'on était encore dans l'attente de la venue du Rédempteur, le mariage avec une nombreuse postérité passait pour l'état le plus heureux et le plus agréable à Dieu sur la terre. "Ceux que Dieu aime, dit le psaume CXXVI, reçoivent du Seigneur des enfants en héritage : le fruit des entrailles est leur récompense. "Et longtemps avant Dieu avait déjà fait cette promesse :


"Tu seras béni entre tous les peuples : il n'y aura point de stérilité chez toi dans l'un l'autre sexe. "(Deut. VII, 14.) Cela explique pourquoi les prêtres n'accédèrent pas au désir de Marie, quoiqu'il y eut des exemples de personnes vivant dans l'état de virginité, spécialement chez les Esséniens.


Je la vis ensuite dans son oratoire prier Dieu avec ferveur. Je me souviens aussi qu'étant très altérée, elle descendit avec sa petite cruche pour puiser de l'eau à une fontaine ou à un réservoir, et que là, sans apparition visible, elle entendit une voix qui la consola et la fortifia, tout en lui faisant connaître qu'elle devait consentir à se marier. Ce ne fut pas là l'Annonciation, car je la vis plus tard à Nazareth. Je crus pourtant pendant un certain temps avoir vu cette fois aussi apparaître un ange ; car, dans ma jeunesse, je confondais souvent cet incident avec l'Annonciation, et je croyais que celle-ci avait eu lieu dans le temple.


Il est remarquable que dans le Protevangelium Jacobi, déclare apocryphe par l'Eglise, on lit entre autres choses que Marie alla il Nazareth en compagnie d'autres vierges. On leur avait donné au temple des fils d'espèce différente qu'elles devaient filer : la pourpre et l'écarlate étaient échus par le sort à Marie, "et, dit l'Évangile apocryphe, quand elle prit sa cruche et sortit pour aller puiser de l'eau, voilà qu'une voix lui dit : "Je vous salue, Marie, etc. "Marie regarda à droite et à gauche pour savoir d'où venait cette voix ; elle rentra effrayée dans la maison, posa la cru' ne, prit la pourpre et s'assit pour travailler. Et l'ange du Seigneur se tint debout en sa présence et lui dit : "Ne craignez rien, Marie, etc. "Ici aussi il est question d'une voix qu'elle entend en allant puiser de l'eau, mais tout cela se passe à Nazareth et se lie à l'Annonciation. Cet événement est raconté de la même manière dans un manuscrit latin de la Bibliothèque de Paris, publié par Thilo, et contenant un récit apocryphe intitulé : Histoire de Joachim et d'Anne, de la naissance de la bienheureuse Mère de Dieu, Marie, toujours vierge, et de l'enfance du Rédempteur. Seulement il y a ici un intervalle de trois jours entre la vois entendue à la fontaine et l'apparition de l'ange dans la Salutation angélique.


Je vis aussi un prêtre très vieux, qui ne pouvait plus marcher ; ce devait être le grand prêtre. Il fut porté par d'autres prêtres dans le Saint des saints, et pendant qu'il allumait un sacrifice d'encens, il lisait des prières sur un rouleau de parchemin placé sur une espèce de pupitre. Je le vis ravi en esprit. Il eut une apparition, et son doigt fut placé sur le passage suivant du prophète Isaie, qui se trouvait écrit sur le rouleau : " une branche sortira de la racine de Jessé, et une fleur naîtra de sa racine ". (Isaïe, IX, l.) Quand le vieux prêtre revint à lui, il lut ce passage et connut quelque chose par là.


Je vis ensuite qu'on envoyait des messagers de tous les cotés dans le pays, et qu'on convoquait au temple tous les hommes de la race de David qui n'étaient pas mariés. Lorsque plusieurs d'entre eux se furent rassemblés dans le temple, en habits de fête, on leur présenta la sainte Vierge ; et je vis parmi eux un jeune homme très pieux de la contrée de Bethléhem. Ce jeune homme avait demandé à Dieu avec une grande ferveur l'accomplissement de la promesse, et je vis dans son coeur un grand désir de devenir l'époux de Marie. Quant à celle-ci, elle revint dans sa cellule et versa de saintes larmes, ne pouvant pas s'imaginer qu'elle ne dût pas rester vierge.


Je vis alors le grand prêtre, obéissant à une impulsion intérieure qu'il avait reçue, présenter des branches à chacun des assistants, et leur enjoindre de marquer chacun une branche de leur nom et de la tenir à la main pendant la prière et le sacrifice. Quand ils eurent fait ce qui leur avait été dit, on leur reprit les branches, qui furent mises sur un autel devant le Saint des saints, et il leur fut annoncé que celui d'entre eux dont la branche fleurirait était désigné par le Seigneur pour devenir l'époux de Marie de Nazareth.

Pendant que les branches étaient devant le Saint des saints, on continua le sacrifice et la prière. Je vis durant ce temps le jeune homme, dont le nom me reviendra peut-être', crier vers Dieu, les bras étendus, dans une salle du temple, et verser des larmes brûlantes lorsque, après le temps fixé, on leur rendit les branches en leur annonçant qu'aucun d'entre eux n'était désigné par Dieu comme devant être le fiancé de cette vierge. Ces hommes furent alors renvoyés chez eux, et ce jeune homme se retira sur le mont Carmel, auprès des anachorètes qui vivaient là depuis le temps d'Elie ; il y vécut aussi depuis lors, priant continuellement pour l'accomplissement de la promesse.


La tradition le nomme Agabus, et dans le tableau de Raphaël, appelé vulgairement Sposatisio, il est représenté sous la figure d'un jeune homme qui brise un bâton sur son genou.


Je vis ensuite les prêtres du temple chercher de nouveau dans les registres des familles s'il n'existait pas quelque descendant de David qu'on eût oublié'. Comme ils y trouvèrent l'indication de six frères de Bethléhem, dont l'un était inconnu et absent depuis longtemps, ils s'enquirent du séjour de Joseph et le découvrirent à peu de distance de Samarie, dans un lieu situé près d'une petite rivière, où il habitait au bord de l'eau. travaillant pour un maître charpentier.


Sur l'ordre du grand prêtre, Joseph vint à Jérusalem et se présenta au temple. On lui fit, à lui aussi, tenir une branche à la main pendant qu'on priait et qu'on offrait un sacrifice ; comme il se disposait à la poser sur l'autel devant le Saint des saints, il en sortit une fleur blanche semblable à un ils, et je vis une apparition lumineuse descendre sur lui : c'était comme s'il eût reçu le Saint Esprit. On connut donc que Joseph était l'homme désigné par Dieu pour être le fiancé de la sainte Vierge, et les prêtres le présentèrent à Marie en présence de sa mère. varie, résignée à la volonté de Dieu, l'accepta humblement pour son fiancé, car elle savait que tout est possible Dieu, qui avait reçu son voeu de n'appartenir qu'à lui.


Selon l'opinion commune, la conservation des registres généalogiques était l'affaire privée des familles, Le sacerdoce israélite dut néanmoins se mêler du maintien et de la continuation de ces documents : on peut l'induire de cette circonstance qu'on avait à faire des règlements et des arrangements très importants pour la société juive, suivant la manière dont les tribus et les familles étaient réparties. Nous savons, par les anciens documents, qu'au moins depuis la captivité de Babylone on tenait au temple des registres généalogiques exacts. Voyez Lightfoot., Horae hebr., t. I, p. 178, ed. Carpzovi., et Otho. Le rabinico-philos., 1625, p. 250.

 Du mariage et de l'habit nuptial de Marie et de Joseph.

 

La soeur Emmerich, dans ses visions quotidiennes sur la prédication de Notre Seigneur, vit, le lundi 26 septembre 1821, Jésus enseigner dans la synagogue de Gophna et y séjourner dans la famille d'un chef de la synagogue, parent de Joachim. Elle entendit à cette occasion deux veuves, filles de cet homme, s'entretenir ensemble du mariage des parents de Jésus, auquel elles avaient assisté dans leur jeunesse avec d'autres parents, et elle communiqua ce qui suit : Comme les deux veuves rappelaient dans leur conversation le mariage de Marie et de Joseph, je vis un tableau de ce mariage et je fus frappée de la beauté de l'habit de noce de la sainte Vierge.


Les noces de Marie et de Joseph, qui durèrent sept à huit jours, furent célébrées à Jérusalem dans une maison près de la montagne de Sion, qu'on louait souvent pour de semblables occasions. Outre les maîtresses et les compagnes de Marie à l'école du temple, il y avait beaucoup de parents d'Anne et de Joachim, entre autres une famille de Gophna avec deux filles. Les noces furent solennelles et somptueuses. Beaucoup d'agneaux furent immolés et offerts en sacrifice.


J'ai très bien vu Marie dans son vêtement de fiancée. Elle avait une robe très ample, ouverte par devant, avec de larges manches. Cette robe était fond bleu, semée de grandes roses rouges, blanches et jaunes, entremêlées de feuilles vertes, comme les riches chasubles des anciens temps. Le bord inférieur était garni de franges et de houppes. Par-dessus sa robe, elle portait un manteau bleu de ciel qui avait la forme d'un grand drap. Outre ce manteau. les femmes juives portaient encore dans certaines occasions une espèce de manteau de deuil à manches. Le manteau de Marie retombait sur les épaules, revenait en avant des deux côtés et se terminait en queue.


Elle portait à la main gauche une petite couronne de roses de soie rouge et blanche ; elle tenait à la main droite, en guise de sceptre un beau chandelier doré, sans pied, surmonté d'un petit plateau, où brûlait quelque chose qui produisait une flamme blanchâtre.


Les vierges du temple arrangèrent la chevelure de Marie : plusieurs d'entre elles s'y employèrent, et cela se fit plus vite qu'on ne pourrait le croire. Anne avait apporté l'habit de noce, et Marie, dans son humilité, ne voulait pas consentir à s'en revêtir après les fiançailles ; ses cheveux furent rattachés autour de sa tête, on lui mit un voile blanc qui pendait jusqu'au dessous des épaules, et une couronne fut placée sur ce voile.


La sainte Vierge avait une chevelure abondante d'un blond doré, des sourcils noirs et élevés, de grands yeux habituellement baissés avec de longs cils noirs, un nez d'une belle forme un peu allongé, une bouche noble et gracieuse' un menton effilé ; sa taille était de moyenne grandeur : elle marchait revêtue de son riche costume avec beaucoup de grâce, de décence et de gravité. Elle mit ensuite pour ses noces un autre habit moins magnifique, dont je possède un petit morceau parmi mes reliques Elle portait cet habit rayé à Cana et dans d'autres occasions solennelles. Elle mettait quelquefois sa robe de noce pour aller au temple. Il y avait des gens riches qui changeaient trois ou quatre fois d'habits pour leur mariage. Dans ces habits de parade, Marie rappelait un peu certaines femmes illustres d'une époque postérieure, par exemple l'impératrice sainte Hélène, et même sainte Cunégonde, quoiqu'elle s'en distinguât par le manteau dans lequel s'enveloppaient ordinairement les femmes juives, et qui ressemblait davantage à celui des dames romaines il y avait à Sion, dans le voisinage du cénacle, un certain nombre de femmes qui apprêtaient de belles étoffes de toute espèce, ce que je remarquai à l'occasion de ces habits


Joseph avait une longue robe fort ample de couleur bleue ; les manches, qui étaient fort larges, étaient attachées sur le coté par des cordons. Autour du cou, il avait comme un collet brun, ou plutôt une large étole, et sur sa poitrine pendaient deux bandes blanches. J'ai vu toutes les circonstances des fiançailles de Joseph et de Marie, le repas de noces et les autres solennités : mais je vis en même temps tant d'autres choses, et je suis si malade et si dérangée de mille façons, que je ne me hasarde pas à en dire davantage, de peur de mettre trop de confusion dans le récit.

 

Depuis le retour de Marie jusqu'à l'Annonciation.

Avant de raconter sa vision de l'Annonciation, la soeur communiqua deux fragments de visions antérieures dont nous ne pouvons donner qu'une explication conjecturale. Etant encore très faible par suite d'une grave maladie, elle raconta ce qui suit, quelque temps après le mariage de la sainte Vierge et de saint Joseph :


J'ai vu une fête dans la maison de sainte Anne. Je vis six hôtes, sans compter les habitués de la maison, et quelques enfants rassemblés avec Joseph et Marie autour d'une table sur laquelle étaient des verres.


La sainte Vierge avait un manteau bariolé, avec des fleurs rouges, bleues et blanches, comme on en voit sur d'anciennes chasubles. Elle portait un voile transparent et par-dessus un autre voile noir. Cette fête paraissait se rattacher aux fêtes du mariage.


Elle ne raconta rien de plus à ce sujet, et l'on peut conjecturer que ce repas eut lieu lorsque la sainte Vierge quitta sa mère après l'arrivée de saint Joseph, et se retira avec lui dans la maison de Nazareth. Le jour suivant, elle raconta ce qui suit :


Cette nuit, dans ma contemplation, je cherchais la sainte Vierge, et mon conducteur me mena dans la maison de sainte Anne, dont je reconnus toutes les divisions. Je n'y trouvai plus Joseph ni Marie. Je vis que sainte Anne se disposait à aller à Nazareth, où la sainte Famille habitait maintenant. Elle avait sous le bras un paquet qu'elle portait à Marie. Elle alla à Nazareth en traversant une plaine et un petit bois qui se trouve devant une hauteur. J'y allai aussi. La maison de saint Joseph n'était pas loin de la porte de la ville ; elle n'était pas aussi grande que la maison de sainte Anne. Un puits quadrangulaire, auquel on descendait par quelques marches, était dans le voisinage, et il y avait devant la maison une petite cour carrée. Je vis Anne visiter la sainte Vierge, à laquelle elle remit ce qu'elle avait apporté avec elle. Je vis Marie pleurer beaucoup et accompagner quelque temps sa mère qui revenait chez elle. J'aperçus saint Joseph sur le devant de la maison dans un endroit retiré.


Nous pouvons conjecturer, d'après ces fragments, que sainte Anne visitait pour la première fois sa fille à Nazareth, et lui apportait un présent. Marie, qui maintenant vivait seule et séparée de sa mère bien-aimée, versa des larmes d'attendrissement lorsqu'elle partit.

 La sainte Famille entre dans la Grotte de la Crèche.

 

Le vendredi, 23 novembre.) il était déjà tard quand ils arrivèrent devant l'entrée de la grotte. La jeune ânesse. qui, depuis qu'ils étaient entrés dans la maison paternelle de Joseph, avait couru de côté et d'autre autour de la ville, vint alors à leur rencontre et se mit à sauter joyeusement auprès d'eux. Alors la sainte Vierge dit à Joseph : " voyez, c'est certainement la volonté de Dieu que nous entrions ici ". Joseph mit l'âne sous l'espèce de toit qui était en avant de l'entrée de la grotte ; il prépara un siège pour la sainte Vierge, et elle s'y assit pendant qu'il se procurait de la lumière et entrait dans la grotte. L'entrée était un peu obstruée par des bottes de paille et des nattes posées contre les parois. Il y avait aussi dans la grotte même divers objets qui l'encombraient, Joseph la débarrassa de manière à préparer à la sainte Vierge une place commode du côté oriental de la grotte. Il attacha une lampe allumée à la paroi, et fit entrer Marie, qui se plaça sur le lit de repos qu'il lui avait préparé avec des couvertures et quelques paquets. Il s'excusa humblement de n'avoir pu lui procurer qu'un si mauvais gîte ; mais Marie, intérieurement, était contente et joyeuse.


Quand elle se fut installée, Joseph sortit avec une outre de cuir qu'il portait avec lui, et alla derrière la colline, dans la prairie où coulait un petit ruisseau ; il remplit l'outre d'eau et la rapporta dans la grotte. Il alla ensuite dans la ville, où il se procura de petits plats et du charbon. Le sabbat était proche, et, à cause des nombreux étrangers auxquels manquaient les choses les plus indispensables, on avait dressé au coin des rues des tables sur lesquelles étaient les aliments dont ils pouvaient avoir besoin. Je crois qu'il y avait là des gens qui n'étaient pas Juifs.


Joseph revint, portant des charbons allumés dans une espèce de botte grillée, il les plaça à l'entrée de la grotte, et alluma du feu avec un petit fagot de morceaux de bois sec ; il apprêta ensuite un repas, qui se composait de petits pains et de quelques fruits cuits. Quand ils eurent mangé et prié, Joseph prépara une couche pour la sainte Vierge. Il étendit sur une litière de jonc une couverture semblable à celles que j'avais vues dans la maison de sainte Anne, et plaça une autre couverture roulée pour appuyer la tête. Après avoir fait entrer l'âne et l'avoir attaché dans un endroit où il ne pouvait pas gêner, il boucha les ouvertures de la voûte par où l'air venait, et disposa la place où lui-même devait reposer dans l'entrée de la grotte.


Quand le sabbat commença, il se tint avec la sainte Vierge sous la lampe, et récita avec elle les prières dur sabbat ; il quitta ensuite la grotte et s'en alla à la ville. Marie s'enveloppa pour se livrer au repos. Pendant l'absence de Joseph, je vis la sainte Vierge prier à genoux. Elle s'agenouilla sur sa couche ; puis elle s'étendit sur la couverture, couchée sur le côté. Sa tête reposait sur son bras, qui était posé sur l'oreiller. Joseph revint tard. Il pria encore, et se plaça humblement sur sa couche à l'entrée de la grotte.


(Le samedi, 24 novembre.) Ce jour-là la soeur était très malade et ne put dire que peu de choses ; elle communiqua pourtant ce qui suit :


La sainte Vierge passa le sabbat dans la grotte de la Crèche, priant et méditant avec une grande ferveur. Joseph sortit plusieurs fois ; il alla probablement à la synagogue de Bethléhem. Je les vis manger des aliments prépares les jours précédents et prier ensemble. Dans l'après-midi, temps où les Juifs font ordinairement leur promenade le jour du sabbat, Joseph conduisit la sainte Vierge à la grotte du tombeau de Maraha, nourrice d'Abraham. Elle resta quelque temps dans cette grotte, qui était plus spacieuse que celle de la crèche, et où Joseph lui arrangea un siège ; elle se tint aussi sous l'arbre qui était auprès, toujours priant et méditant jusqu'après la clôture du sabbat. Joseph alors la ramena. Marie avait dit à son époux que la naissance de l'enfant aurait lieu ce jour même, à minuit ; car c'était à cette heure que se terminaient les neuf mois écoulés depuis que l'ange du Seigneur l'avait saluée. Elle l'avait prié de faire en sorte qu'ils pussent honorer de leur mieux, à son entrée dans le monde, l'enfant promis par Dieu et conçu surnaturellement. Elle lui demanda aussi de prier avec elle pour les gens au coeur dur qui n'avaient pas voulu lui donner l'hospitalité. Joseph offrit à la sainte Vierge de faire venir pour l'assister deux pieuses femmes de Bethléhem qu'il connaissait. Elle ne le voulut pas, et lui dit qu'elle n'avait besoin du secours de personne.


Joseph alla à Bethléhem avant la fin du` sabbat, et aussitôt que le soleil fut couché, il acheta quelques objets nécessaires, une écuelle, une petite table basse, des fruits et des raisins secs, qu'il rapporta à la grotte de la Crèche ; il alla de là à la grotte de Maraha, et ramena la sainte Vierge à celle de la crèche, où elle s'assit sur la couverture. Joseph prépara encore des aliments. Ils mangèrent et prièrent ensemble. Il établit alors une séparation entre la place qu'il avait choisie pour y dormir et le reste de la grotte, à l'aide de quelques perches auxquelles il suspendit des nattes qu'il avait trouvées là ; il donna à manger à l'âne qui était à gauche de l'entrée, attaché à la paroi de la grotte ; il remplit ensuite la mangeoire de la crèche de roseaux et d'herbe ou de mousse, et il étendit par-dessus une couverture.


Comme alors la sainte Vierge lui dit que son terme approchait et l'engagea à se mettre en prières dans sa chambre, il suspendit à la voûte plusieurs lampes allumées, et sortit de la grotte parce qu'il avait entendu du bruit devant l'entrée. Il trouva là la jeune ânesse qui, jusqu'alors, avait erré en liberté dans la vallée des bergers ; elle paraissait toute joyeuse, et jouait et bondissait autour de lui Il l'attacha sous l'auvent qui était devant la grotte et lui donna du fourrage.


Quand il revint dans la grotte, et qu'avant d'entrer dans son réduit, il jeta les yeux sur la sainte Vierge, il la vit qui priait à genoux sur sa couche ; elle lui tournait le des et regardait du côté de l'orient. Elle lui parut comme entourée de flammes, et toute la grotte semblait éclairée d'une lumière surnaturelle. Il regarda comme Moise lorsqu'il vit le buisson ardent ; puis, saisi d'un saint effroi, il entra dans sa cellule et s'y prosterna la face contre terre.


Naissance du Christ.

Je vis la lumière qui environnait la sainte Vierge devenir de plus en plus éclatante ; la lueur de la lampe allumée par Joseph n'était plus visible. Marie, sa large robe sans ceinture étalée autour d'elle, était à genoux sur sa couche, le visage tourné vers l'orient.


Quand vint l'heure de minuit, elle fut ravie en extase. Je la vis élevée de terre à une certaine hauteur. Elle avait les mains croisées sur la poitrine. La splendeur allait croissant autour d'elle ; tout semblait ressentir une émotion joyeuse, même les êtres inanimés. Le roc qui formait le sol et les parvis de la grotte étaient comme vivants dans la lumière. Mais bientôt je ne vis plus la voûte ; une voie lumineuse, dont l'éclat augmentait sans cesse, allait de Marie jusqu'au plus haut des cieux. Il y avait là un mouvement merveilleux de gloires célestes, qui, s'approchant de plus en plus, se montrèrent distinctement sous la l'orme de choeurs angéliques. La sainte Vierge, élevée de terre dans son extase, priait et abaissait ses regards sur son Dieu dont elle était devenue ta mère, et qui, faible enfant nouveau-né, était couché sur la terre devant elle.


Je vis notre Sauveur comme un petit enfant lumineux, dont l'éclat éclipsait toute la splendeur environnante, couché sur le tapis devant les genoux de la sainte Vierge. Il me semblait qu'il était tout petit et grandissait sous mes yeux ; mais tout cela n'était que le rayonnement d'une lumière tellement éblouissante que je ne puis dire comment j'ai pu la voir.


La sainte Vierge resta encore quelque temps dans son extase Puis, je la vis mettre un linge sur l'enfant, mais elle ne le toucha pas et ne le prit pas encore dans ses bras. Après un certain intervalle, je vis l'Enfant-Jésus se mouvoir et je l'entendis pleurer ; ce fut alors que Marie sembla reprendre l'usage de ses sens. Elle prit l'enfant, l'enveloppa dans le linge dont elle l'avait recouvert et le tint dans ses bras contre sa poitrine. Elle s'assit ensuite, s'enveloppa tout entière avec l'enfant dans son voile, et je crois qu'elle l'allaita. Je vis alors autour d'elle des anges, sous forme humaine, se prosterner devant le nouveau-né et l'adorer.


Il s'était bien écoulé une heure depuis la naissance de l'enfant, lorsque Marie appela saint Joseph, qui priait encore la face contre terre. s'étant approché, il se prosterna plein de joie, d'humilité et de ferveur. Ce ne fut que lorsque Marie l'eut engagé à presser contre son coeur le don sacré du Très-Haut, qu'il se leva, reçut l'Enfant-Jésus dans ses bras et remercia Dieu avec des larmes de joie.


Alors la sainte Vierge emmaillota l'Enfant-Jésus. Marie n'avait que quatre langes avec elle. Je vis ensuite Marie et Joseph s'asseoir par terre l'un près de l'autre. Ils ne disaient rien et semblaient tous deux absorbés dans la contemplation. Devant Marie, emmailloté ainsi qu'un enfant ordinaire, était couché Jésus nouveau né, beau et brillant comme un éclair. "Ah! me disais-je, ce lieu contient le salut du monde entier, et personne ne s'en doute.'


Ils placèrent ensuite l'enfant dans la crèche. Ils l'avaient remplie de roseaux et de jolies plantes sur lesquels était étendue une couverture ; elle était au-dessus de l'auge creusée dans le roc, à droite de l'entrée de la grotte, qui s'élargissait là dans la direction du midi. Quand ils eurent mis l'enfant dans la crèche, tous deux se tiennent à côté de lui versant des larmes de joie et chantant des cantiques de louange. Joseph arrangea alors le lit de repos et le siège de la sainte Vierge à côté de la crèche. Je la vis avant et après la naissance de Jésus habillée d'un vêtement blanc qui l'enveloppait tout entière Je la vis là pendant les premiers jours, assise, agenouillée, debout ou même couchée sur le côte et dormant, mais jamais malade ni fatiguée.


Purification de la sainte Vierge.

Comme on approchait du jour où la sainte Vierge devait présenter son premier-né au temple et le racheter suivant les prescriptions de la loi, tout fut préparé pour que la sainte Famille pût d'abord aller au temple, puis retourner à Nazareth. Déjà, le dimanche 30 décembre au soir, les bergers avaient pris tout ce qu'avaient laissé après eux les serviteurs de sainte Anne. La grotte de la Crèche, la grotte latérale et celle du tombeau de Maraha étaient entièrement débarrassées, et même nettoyées. Saint Joseph les laissa parfaitement propres.


Dans la nuit du dimanche au lundi 31 décembre, je vis Joseph et Marie visiter encore une fois avec l'enfant la grotte de la Crèche, et prendre congé de ce saint lieu. Ils étendirent d'abord le tapis des trois rois à la place où Jésus était né, y posèrent l'enfant et prièrent ; puis, ils le placèrent à l'endroit où avait eu lieu la circoncision, et s'y agenouillèrent aussi pour prier.


Le lundi 31 décembre, au point du jour, je vis la sainte Vierge se placer sur l'âne, que les vieux bergers avaient amené tout harnaché devant la grotte. Joseph tint l'enfant jusqu'à ce qu'elle se fût installée commodément et le lui donna. Elle était assise sur un siège : ses pieds, un peu relevés, reposaient sur une planchette. Elle tenait sur son sein l'enfant, enveloppe dans son grand voile, et le regardait avec bonheur. Ils n'avaient près d'eux, sur l'Ane, que deux couvertures et deux petits paquets, entre lesquels Marie était assise. Les bergers leur firent de touchants adieux et les conduisirent jusqu'au chemin. Ils ne prirent pas la route par laquelle ils étaient venus, mais passèrent entre la grotte de la Crèche et celle du tombeau de Maraha, en longeant Bethléhem au levant. Personne ne les aperçut.


(30 janvier.) Aujourd'hui, je les vis suivre lentement la route, assez courte du reste, qui va de Bethléhem à Jérusalem. Ils y mirent beaucoup de temps et s'arrêtèrent souvent. A midi, je les vis se reposer sur des bancs qui entouraient un puits recouvert d'un toit. Je vis deux femmes venir près de la sainte Vierge et lui apporter deux petites cruches avec du baume et des petits pains.


L'offrande de la sainte Vierge pour le temple était dans une corbeille suspendue aux flancs de l'âne. Cette corbeille avait trois compartiments, dont deux étaient recouverts et contenaient des fruits. Le troisième formait une cage à jour où l'on voyait deux colombes.


Je les vis vers le soir, à environ un quart de lieue en avant de Jérusalem, entrer dans une petite maison, tenue par un vieux ménage qui les reçut très affectueusement. C'étaient des Esséniens, parents de Jeanne Chusa. Le mari s'occupait de jardinage, taillait les haies et était chargé de quelque chose relativement au chemin.


(1er février.) Je vis aujourd'hui la sainte Famille passer toute la journée chez ses vieux hôtes. La sainte Vierge fut presque tout le temps dans une chambre, seule avec l'enfant, qui était posé sur un tapis. Elle était toujours en prière et paraissait se préparer pour la cérémonie qui allait avoir lieu. J'eus à cette occasion des avertissements intérieurs sur la manière dont on doit se préparer à la sainte communion. Je vis apparaître dans la chambre plusieurs anges qui adorèrent l'Enfant-Jésus. Je ne sais pas si la sainte Vierge les vit ; mais je suis portée à le croire, car je la vis très émue. Les bons hôtes montrèrent toute espèce de prévenances envers la sainte vierge. Ils devaient avoir un pressentiment de la sainteté de l'Enfant-Jésus.


Le soir, vers sept heures, j'eus une vision relative au vieux Siméon. C'était un homme maigre, très âgé, avec une barbe courte. Il était prêtre, avait une femme et trois fils, dont le plus jeune pouvait avoir vingt ans. Je vis Siméon, qui habitait tout contre le temple, se rendre, par un passage étroit et obscur, dans une petite cellule voûtée qui était pratiquée dans les gros murs du temple. Je n'y vis rien qu'une ouverture par laquelle on pouvait voir dans l'intérieur du temple. J'y vis le vieux Siméon agenouillé et ravi en extase pendant sa prière. Un ange lui apparut et l'avertit de remarquer le lendemain matin l'enfant qui serait présenté le premier, parce que cet enfant était le Messie, après lequel il avait si longtemps soupiré. Il ajouta qu'il mourrait peu de temps après l'avoir vu. C'était un merveilleux spectacle ; la cellule était brillante de clarté, et le saint vieillard était rayonnant de joie. Je le vis ensuite revenir dans sa demeure et raconter, tout joyeux, à sa femme, ce qui lui avait été annoncé. Quand sa femme fut allée se reposer, je le vis de nouveau se mettre en prière.


Je n'ai jamais vu les pieux Israélites ni leurs prêtres faire, pendant leur prière, ces contorsions exagérées que font les Juifs d'à présent ; mais je les vis quelquefois se donner la discipline. Je vis aussi la prophétesse Anne prier dans sa cellule du temple, et avoir une vision touchant la présentation de l'Enfant-Jésus.


(2 février.) Ce matin, avant le jour, je vis la sainte Famille, accompagnée de ses hôtes, quitter son auberge avec les corbeilles où étaient les offrandes, et se rendre au temple de Jérusalem. Ils entrèrent d'abord dans une cour entourée de mur attenante au temple. Pendant que saint Joseph et son hôte plaçaient l'âne sous un hangar, la sainte Vierge fut accueillie très amicalement par une femme âgée, qui la conduisit plus loin par un passage couvert. Elles avaient une lanterne, car il faisait encore sombre. Dès leur entrée dans ce passage, le vieux Siméon vint au-devant de Marie. Il lui adressa quelques paroles qui exprimaient sa joie, prit l'enfant qu'il serra contre son coeur, et revint en hâte au temple par un autre chemin. Ce que l'ange lui avait dit la veille lui avait inspiré un si vif désir de voir l'enfant après lequel il avait si longtemps soupiré, qu'il était venu là attendre l'arrivée des femmes. Il portait de longs vêtements comme les prêtres hors de leurs fonctions. Je l'ai vu souvent dans le temple, et toujours en qualité de prêtre, mais qui n'occupait pas un rang élevé dans la hiérarchie. Il se distinguait seulement par sa grande piété, sa simplicité et ses lumières.


La sainte Vierge fut conduite par la femme qui lui servait de guide jusqu'au vestibule du temple où la présentation devait avoir lieu : elle y fut reçue par Anne et par Noémi, son ancienne maîtresse, lesquelles habitaient l'une et l'autre de ce côté du temple. Siméon, qui était venu de nouveau à la rencontre de la sainte Vierge, la conduisit au lieu où se faisait le rachat des premiers-nés : Anne, à laquelle saint Joseph donna la corbeille où était l'offrande, la suivit avec Noémi. Les colombes étaient dans le dessous de la corbeille ; la partie supérieure était remplie de fruits. Saint Joseph se rendit par une autre porte au lieu où se tenaient les hommes.


On savait dans le temple que plusieurs femmes devaient venir pour la présentation de leurs premiers-nés, et tout était préparé. Le lieu où la cérémonie eut lieu était aussi grand que l'église principale de Dulmen. Contre les murs étaient des lampes allumées qui formaient toujours une pyramide. La flamme sortait à l'extrémité d'un conduit recourbé par un bec d'or qui brillait presque autant qu'elle. A ce bec était attaché par un ressort une espèce de petit éteignoir qui, relevé en haut, éteignait la lumière sans qu'elle répandit d'odeur, et qu'on retirait par en bas lors. qu'on voulait allumer.


Devant une espèce d'autel, au coin duquel se trouvaient comme des cornes, plusieurs prêtres avaient apporté un coffret quadrangulaire un peu allongé, qui formait le support d'une table assez large sur laquelle était posée une grande plaque. Ils mirent par-dessus une couverture rouge, puis une autre couverture blanche transparente, qui pendait tout autour jusqu'à terre. Aux quatre coins de cette table turent placées des lampes allumées à plusieurs branches ; au milieu, autour d'un long berceau, deux plats ovales et deux petites corbeilles.


Ils avaient tiré tous ces objets des compartiments du coffre, où ils avaient pris aussi des habits sacerdotaux, qu'on avait placés sur un autel fixe. La table, dressée pour les offrandes, était entourée d'un grillage. Des deux côtés de cette pièce du temple il y avait des rangées de sièges, dont l'une était plus élevée que l'autre ; il s'y trouvait des prêtres qui priaient. Siméon s'approcha alors de la sainte Vierge, qui tenait dans ses bras l'Enfant-Jésus enveloppé dans une étoffe bleu de ciel et la conduisit par la grille à la table des offrandes, où elle plaça l'enfant dans le berceau. A partir de ce moment, je vis le temple rempli d'une lumière dont rien ne peut rendre l'éclat. Je vis que Dieu y était, et au-dessus de l'enfant, je vis les cieux ouverts jusqu'au trône de la très sainte Trinité. Siméon reconduisit ensuite la sainte Vierge au lieu où se tenaient les femmes derrière un grillage. Marie portait un vêtement couleur bleu de ciel et un voile blanc ; elle était enveloppée dans un long manteau d'une couleur tirant sur le jaune.


Siméon alla ensuite à l'autel fixe, sur lequel étaient placés les vêtements sacerdotaux. Lui et trois autres prêtres s'habillèrent pour la cérémonie. Ils avaient au bras une espèce de petit bouclier, et sur la tête une sorte de mitre. L'un d'eux se tenait derrière la table des offrandes, l'autre devant ; deux autres étaient aux petits côtés, et ils récitaient des prières sur l'enfant.


La prophétesse Anne vint alors près de Marie, lui présenta la corbeille des offrandes, qui renfermait dans deux compartiments, placés l'un au-dessous de l'autre, des fruits et des colombes, et la conduisit au grillage qui était devant la table des offrandes ; elle resta là debout. Siméon, qui se tenait devant la table, ouvrit la grille, conduisit Marie devant la table, et y plaça son offrande. Dans un des plats ovales on plaça des fruits, dans l'autre des nièces de monnaie : les colombes restèrent dans la corbeille.


Siméon resta avec Marie devant l'autel des offrandes le prêtre, placé derrière l'autel, prit l'Enfant-Jésus, l'éleva en l'air en le présentant vers différents côtés du temple et pria longtemps. Il donna ensuite l'enfant à Siméon qui le remit sur les bras de Marie, et lut des prières dans un rouleau placé près de lui sur un pupitre.


Siméon reconduisit alors la sainte Vierge devant la balustrade, d'où elle fut ramenée par Anne, qui l'attendait là, à la place où se tenaient les femmes ; il y en avait là une vingtaine, venues pour présenter au temple leurs premiers-nés. Joseph et d'autres hommes se tenaient plus loin, à l'endroit qui leur était assigné. Alors les prêtres, qui étaient devant l'autel, commencèrent un service avec des encensements et des prières ; ceux qui se trouvaient sur les sièges y prirent part en faisant quelques gestes, mais non exagérés comme ceux des Juifs d'aujourd'hui. Quand cette cérémonie fut finie, Siméon vint à l'endroit où se trouvait Marie, reçut d'elle l'Enfant-Jésus, qu'il prit dans ses bras, et, plein d'un joyeux enthousiasme, parla de lui longtemps, et en termes très expressifs. Il remercia Dieu d'avoir accompli sa pro. messe, et dit, entre autres choses : "C'est maintenant Seigneur, que vous renvoyez votre serviteur en paix selon votre parole ; car mes yeux ont vu votre salut que vous avez préparé devant la face de tous les peuples la lumière qui doit éclairer les nations et glorifier votre peuple d'Israël ".


Jusqu'en 1823, dans le troisième récit da la prédication de Jésus, elle parla d'un séjour qu'il fit à Hébron, environ dix jours après la mort de saint Jean-Baptiste, elle vit Jésus, le vendredi 29 Thébet (17 janvier), taire une instruction sur la lecture du sabbat, qui était tirée de l'Exode (X-XIII), et qui traitait des ténèbres d'Egypte et du rachat des premiers nés. Elle vit à cette occasion toute la cérémonie de la présentation de Jésus dans le temple et raconta ce qui suit : "La sainte vierge présenta l'Enfant-Jésus au temple le quarante et unième jour après sa naissance. Elle resta à cause d'une fêle trois jours dans l'auberge située devant la porte de Bethléhem. Outre l'offrande ordinaire des colombes, elle offrit cinq petites plaques d'or de forme triangulaire provenant de' présents des trois rois, et donna plusieurs pièces de belle étoffe pour le' ornements du temple. Joseph, avant de quitter Bethléhem, vendit à sen cousin la jeune ânesse qu'il lui avait remise en gage le 30 novembre, Je crois toujours que l'ânesse sur laquelle Jésus entra à Jérusalem le dimanche des rameaux provenait de cette bête.


Joseph s'était rapproché après la présentation ; ainsi que Marie, il écouta avec respect les paroles inspirées de Siméon, qui les bénit tous deux, et dit à Marie : " Voici que celui-ci est placé pour la chute et pour la résurrection de plusieurs dans Israel, et comme un signe de contradiction ; un glaive traversera ton âme, afin que ce qu'il y a dans beaucoup de coeurs soit révélé ".


Quand le discours de Siméon fut fini, la prophétesse Anne fut aussi inspirée, parla longtemps de l'Enfant-Jésus, et appela sa mère bienheureuse.


Je vis les assistants écouter tout cela avec émotion, mais pourtant sans qu'il en résultat aucun trouble ; les prêtres même semblèrent en entendre quelque chose. Il semblait que cette manière enthousiaste de prier à haute voix ne fût pas tout à fait une chose inaccoutumée, que des choses semblables arrivassent souvent, et que tout dût se passer ainsi. Tous donnèrent à l'enfant et à sa mère de grandes marques de respect. Marie brillait comme une rose céleste.


La sainte Famille avait présenté, en apparence, la plus pauvre des offrandes ; mais Joseph donna secrète. ment au vieux Siméon et à la prophétesse Anne beaucoup de petites pièces jaunes triangulaires, lesquelles devaient profiter spécialement aux pauvres vierges élevées dans le temple, et hors d'état de payer lad frais de leur entretien.


Je vis ensuite la sainte Vierge, tenant l'enfant dans ses bras, reconduite par Anne et Noémi à la cour où elles l'avaient prise et où elles se firent réciproquement leurs adieux. Joseph y était déjà avec les deux hôtes ; il avait amené l'Ane sur lequel Marie monta avec l'enfant, et ils partirent aussitôt du temple, traversant Jérusalem en allant dans la direction de Nazareth.


Je n'ai pas vu la présentation des autres premiers-nés amenés aujourd'hui ; mais j'ai le sentiment que tous reçurent des grâces particulières, et que beaucoup d'entre eux furent du nombre des saints innocents égorgés par ordre d'Hérode.


La cérémonie de la Présentation dut être terminée ce matin, vers neuf heures ; car c'est alors que je vis partir la sainte Famille. Ils allèrent ce jour-là jusqu'à Béthoron, et passèrent la nuit dans la maison qui avait été le dernier gîte de la sainte Vierge, treize ans avant, lorsqu'elle fut conduite au temple. La maison me parut habitée par un maître d'école. Des gens, envoyés par sainte Anne, les attendaient là pour les prendre avec eux. Ils revinrent à Nazareth par un chemin beaucoup plus direct que celui qu'ils avaient pris en allant à Bethléhem, lorsqu'ils évitaient les bourgs et n'entraient que dans les maisons isolées.


Joseph avait laissé chez son parent la jeune ânesse qui lui avait montré le chemin dans le voyage à Bethléhem ; car il pensait toujours revenir à Bethléhem, et à se construire une demeure dans la vallée des bergers. Il avait parlé de ce projet aux bergers, et il leur avait dit qu'il voulait seulement que Marie passât un certain temps chez sa mère pour se remettre des fatigues de son mauvais gîte. Il avait, à cause de cela, laissé beaucoup de choses chez les bergers.


Joseph avait avec lui une singulière espèce de monnaie qu'il avait reçue des trois rois. Il avait à sa robe une espèce de poche intérieure où il portait une quantité de feuilles de métal jaunes, minces, brillantes et repliées les unes sur les autres. Elles étaient carrées, avec les coins arrondis ; il y avait quelque chose de gravé. Les pièces d'argent que reçut Judas pour prix de sa trahison étaient plus épaisses et en forme de langue.


Pendant ces jours-là, je vis les trois saints rois réunis au delà d'une rivière. Ils firent une halte d'un jour et célébrèrent une fête. Il y avait là une grande maison entourée de plusieurs autres petites. Au commencement, ils voyageaient très vite ; mais, à dater de leur halte actuelle, ils allèrent beaucoup plus lentement qu'ils n'étaient venus. Je vis toujours en avant de leur cortège un jeune homme resplendissant qui leur parlait quelquefois.

 

Mort de le sainte Vierge. 
- Elle reçoit le saint Viatique et l'extrême Onction. 
- Vision sur l'entrée de son âme dans le ciel.

 

Le 14 août 182l, dans l'après-midi, la soeur dit à l'écrivain : " Je veux maintenant raconter quelque chose de la mort de la sainte Vierge ; mais il ne faut pas que je sois dérangée. Dites à ma petite nièce de ne pas m'interrompre, et d'attendre un peu dans l'autre pièce ". Quand l'écrivain eut fait ce qu'elle disait et fut revenu près d'elle, il lui dit : " Racontez maintenant " ; mais, regardant fixement devant elle, elle s'écria : " Où suis-je donc, est-ce le matin ou le soir ! -Vous voulez, dit-il, parler de la mort de la sainte Vierge.-Les apôtres sont là, répondit-elle, interrogez-les ; vous êtes plus savant que moi, vous les questionnerez mieux ; ils suivent le Chemin de la Croix et travaillent au tombeau de la Mère de Dieu. Elle les vit se livrer à ce travail aussitôt après la mort de Marie, à ce qu'elle assura. Après une pause, elle continua, en marquant des nombres avec ses doigts : " Voyez ce chiffre, dit-elle, une barre comme un I, puis un V ; cela ne fait-il pas quatre ? puis encore un V et trois I, cela ne fait-il pas huit ? Ce n'est pas écrit correctement en lettres marquant les nombres ; mais je les vois ainsi, parce que je ne sais pas lire les nombres élevés écrits en lettres Cela doit signifier que l'année 48 après Jésus-Christ est celle de la mort de la sainte Vierge. Je vois ensuite un X et trois 1, puis deux fois le signe de la pleine lune, comme il est dans l'almanach : cela veut dire que la sainte Vierge mourut treize ans et deux mois après l'ascension de Notre Seigneur. Ce n'est pas à présent le mois de sa mort. Je crois qu'il est passé depuis deux mois ; car, il y a deux mois, j'ai encore vu cette scène. Ah ! sa mort fut pleine de tristesse et pleine de joie ! s, Toujours dans cet état d'absorption intérieure, elle raconta ce qui suit :


Je vis hier à midi beaucoup de tristesse et d'inquiétude dans la maison de la sainte Vierge. La servante était extrêmement affligée ; elle s'agenouillait sans cesse, tantôt dans divers coins de la maison, tantôt devant la maison, et priait les bras étendus en versant des larmes. La sainte Vierge reposait tranquillement dans sa cellule ; elle semblait au moment de mourir. Elle était enveloppée tout entière, y compris les bras, dans cette espèce de vêtement de nuit que j'ai décrit en racontant sa visite chez Élisabeth. Son voile était relevé carrément sur son front, elle l'abaissait sur son visage quand elle parlait à des hommes. Ses mains elles-mêmes ne restaient découvertes que quand elle était seule. Dans les derniers jours, je ne la vis rien prendre, si ce n'est de temps en temps une cuillerée d'un breuvage que la servante exprimait de certaines baies jaunes, disposées en grappes. Vers le soir, quand la sainte Vierge connut que son heure approchait, elle voulut, conformément à la volonté de Jésus, bénir ceux qui se trouvaient présents et leur faire ses adieux. Sa chambre à coucher était ouverte de tous les côtés. Elle se mit sur son séant ; son visage était d'une blancheur éclatante et comme illuminé. Tous les assistants se tenaient dans la partie antérieure de la maison ; les apôtres entrèrent les premiers dans l'autre pièce, s'approchèrent l'un après l'autre de sa cellule ouverte, et s'agenouillèrent près de sa couche. La sainte Vierge les bénit tour à tour en croisant les mains au-dessus de leur tête et en touchant légèrement leur front. Elle parla à tous, et fit tout ce que Jésus lui avait enjoint à Béthanie.


Quand Pierre vint à elle, je vis qu'il avait à la main un rouleau écrit. Elle parla à Jean des dispositions à prendre pour sa sépulture, et le chargea de donner ses vêtements à sa servante et à une autre vierge pauvre qui venait quelquefois la servir. Elle montra du doigt le réduit qui était en face de sa cellule, et je vis sa servante y aller, l'ouvrir et le refermer. Je vis alors tous les vêtements de la sainte Vierge ; j'en parlerai plus tard. Après les apôtres, les disciples présents s'approchèrent de la couche de la sainte Vierge et furent aussi bénis par elle. Les hommes se rendirent alors de nouveau dans la pièce antérieure de la maison, pendant que les femmes s'approchaient de la couche de Marie, s'agenouillaient et recevaient sa bénédiction. Je vis l'une d'entre elles se pencher sur la sainte Vierge, qui l'embrassa.


Pendant ce temps l'autel fut préparé, et les apôtres se revêtirent, pour le service divin, de leurs longs vêtements blancs, avec des ceintures sur lesquelles étaient des lettres. Cinq d'entre eux figurèrent dans la cérémonie solennelle, qui fut semblable à celle que j'avais vu célébrer pour la première fois par Pierre dans la nouvelle église voisine de la piscine de Bethesda ; ils se revêtirent de leurs beaux ornements sacerdotaux. Le manteau pontifical de Pierre, qui était le célébrant, était très long par derrière ; cependant il n'avait pas de queue.


Ils étaient encore occupés à s'habiller, lorsque Jacques le Majeur arriva avec trois compagnons. Il venait d'Espagne par Rome avec le diacre Timon, et au delà de cette dernière ville il avait rencontré Erémenzéar et un troisième disciple. Les assistants, qui étaient au moment d'aller à l'autel, lui souhaitèrent la bienvenue avec une gravité solennelle, et lui dirent en peu de mots de se rendre près de la sainte Vierge. On leur lava les pieds, ils rangèrent leurs vêtements ; puis, sans quitter leurs habits de voyage, ils allèrent près de Marie et reçurent comme les autres sa bénédiction. Jacques alla seul le premier ; puis ses trois compagnons y allèrent ensemble après quoi ils revinrent pour assister au service divin. Là cérémonie était déjà assez avancée lorsque Philippe arriva d'Égypte avec un compagnon. Il se rendit aussitôt près de la Mère du Seigneur, reçut sa bénédiction et pleura abondamment.


Pierre, pendant ce temps, avait terminé le saint sacrifice, il avait consacré et reçu le corps du Sauveur, puis il l'avait donné aux apôtres et aux disciples présents. La sainte Vierge ne pouvait pas voir l'autel ; mais pendant la sainte cérémonie elle était assise sur sa couche, dans un profond recueillement. Quand Pierre eut communié et donné la communion aux autres apôtres, il porta à la sainte Vierge le saint sacrement et l'extrême onction.


Tous les apôtres l'accompagnèrent en procession solennelle. Thaddée marchait en avant avec un encensoir. Pierre portait la sainte Eucharistie devant lui, dans la pyxide en forme de croix dont j'ai parlé précédemment. Jean le suivait, portant un petit plat, sur lequel était le calice avec le sang précieux et quelques boites. Le calice était petit, massif et de couleur blanche. Le pied en était si court qu'on ne pouvait le prendre qu'avec deux doigts. Il avait du reste la forme de celui de la sainte Cène. Dans l'oratoire, qui était près du lit de la sainte Vierge, un petit autel avait été dressé par les apôtres. La servante avait apporté une table avec une couverture rouge et blanche. Dessus étaient des flambeaux allumés : je crois que c'étaient des cierges et des lampes. La sainte Vierge, pâle et silencieuse, était couchée sur le des. Elle regardait fixement le ciel, ne parlait à personne, et semblait ravie en extase. Elle était comme illuminée par le désir ; je pouvais ressentir ce désir qui l'emportait hors d'elle-même. Ah ! mon coeur voulait aller à Dieu avec le sien.


Pierre s'approcha d'elle et lui administra l'extrême-onction, à peu près de la même manière qu'on le fait aujourd'hui. Il l'oignit avec les saintes huiles prises dans les boites que tenait Jean, sur je visage, sur les mains' sur les pieds et sur le côté, où son vêtement avait une ouverture ; en sorte qu'on ne la découvrit pas le moins du monde. Pendant ce temps les apôtres récitaient des prières, comme on le fait au choeur. Ensuite Pierre lui présenta le saint sacrement. Elle se redressa, sans s'appuyer, pour le recevoir ; puis elle retomba. Les apôtres prièrent pendant quelque temps, et, s'étant un peu soulevée, elle reçut le calice de la main de Jean. Je vis, lors de la réception de la sainte Eucharistie, une lumière éclatante entrer dans Marie ; après elle retomba comme ravie en extase, et ne dit plus rien. Les apôtres portant les vases sacrés retournèrent en procession à l'autel où ils continuèrent le service divin, et alors Philippe reçut aussi la sainte communion. Il n'était resté que deux femmes près de la sainte Vierge.


Plus tard, je vis de nouveau les apôtres et les disciples en prière autour de la couche de la sainte Vierge. Je visage de Marie était épanoui et souriant comme dans sa jeunesse. Ses yeux, pleins d'une sainte joie, étaient tournés vers le ciel. Je vis alors un tableau merveilleusement touchant. Le toit de la cellule de Marie avait disparu ; la lampe était suspendue en plein air ; je vis à travers le ciel ouvert l'intérieur de la Jérusalem céleste. Il en descendit comme deux nuées éclatantes, où se montraient d'innombrables figures d'anges, et entre lesquelles une voie lumineuse se dirigea vers la sainte Vierge. Je vis, à partir de Marie, comme une montagne lumineuse s'élever jusque dans la Jérusalem céleste. Elle étendit les bras de ce côté avec un désir infini, et je vis son corps soulevé en l'air et planant au-dessus de sa couche, de manière qu'on pouvait voir par-dessous. Je vis son âme, comme une petite figure lumineuse infiniment pure, sortir de son corps, les bras étendus, et s'élever sur la voie lumineuse qui montait jusqu'au ciel. Les deux choeurs d'anges qui étaient dans les nuées se réunirent au-dessous de son âme et la séparèrent du corps, qui, au moment de cette séparation, retomba sur la couche, les bras croisés sur la poitrine. Mon regard, suivant l'âme de Marie, la vit entrer dans la Jérusalem céleste, et arriver jusqu'au trône de la très sainte Trinité. Je vis un grand nombre d'âmes, parmi lesquelles je reconnus plusieurs patriarches, ainsi que Joachim, Anne, Joseph, Elisabeth, Zacharie et Jean-Baptiste, aller à sa rencontre avec une joie respectueuse. Elle prit son essor à travers eux tous jusqu'au trône de Dieu et de son Fils, qui, faisant éclater au-dessus de tout le reste la lumière qui sortait de ses blessures, la reçut avec un amour tout divin, lui présenta comme un sceptre et lui montra la terre au-dessous d'elle comme s'il lui conférait un pouvoir particulier. Je la vis ainsi entrer dans la gloire, et j'oubliai tout ce qui se montrait autour d'elle sur la terre. Quelques-uns des apôtres, notamment Jean et Pierre, durent voir tout cela, car ils avaient les yeux levés au ciel. Les autres étaient pour la plupart prosternés vers la terre. Tout était plein de lumière et de splendeur. C'était comme lors de l'ascension de Jésus-Christ.


Je vis, ce qui me réjouit beaucoup, un grand nombre d'âmes délivrées du purgatoire suivre l'âme de Marie quand elle entra dans le ciel. Aujourd'hui aussi, au jour de la commémoration qu'en fait l'Église, je vis entrer au ciel beaucoup de ces pauvres âmes, parmi lesquelles plusieurs que Je connaissais. Je reçus l'assurance consolante que, tous les ans, le jour anniversaire de la mort de Marie, beaucoup d'âmes de ceux qui lui ont rendu un culte particulier participent aux effets de cette grâce.


Quand je regardai de nouveau sur la terre, je vis le corps de la sainte Vierge resplendissant. Il reposait sur sa couche, je visage rayonnant, les yeux fermés, les bras croisés sur la poitrine Les apôtres, les disciples et les saintes femmes étaient agenouillés autour et priaient. Pendant que je regardais tout cela, il y avait dans toute la nature un concert harmonieux et une émotion semblable à celle que j'avais aperçue pendant la nuit de Noël. Je connus que l'heure de sa mort avait été la neuvième heure, comme celle de la mort du Sauveur.

Préparatifs de la sépulture de Marie. - Ses obsèques.

 

Les femmes étendirent une couverture sur le saint corps, et les apôtres avec les disciples se retirèrent dans la partie antérieure de la maison. Le feu du foyer fut éteint ; tout le mobilier de la maison fut mis de côté et recouvert. Les femmes s'enveloppèrent dans leurs vêtements et se voilèrent. Elles s'assirent par terre dans la chambre de Marie, et, tantôt assises, tantôt agenouillées, elles chantèrent des lamentations funèbres. Les hommes s'enveloppèrent la tête avec la bande d'étoffe qu'ils portaient autour du cou, et célébrèrent un service funéraire. Il y en avait toujours deux qui priaient alternativement agenouillés près de la tête et des pieds du saint corps. Mathias et André allèrent, par le chemin de la Croix de la sainte Vierge, jusqu'à la dernière station, où était la grotte représentant le tombeau du Sauveur. Ils avaient avec eux des outils pour travailler à mieux disposer ce tombeau, car c'était là que le corps de Marie devait reposer. Le caveau funéraire n'était pas aussi spacieux que le tombeau de Notre Seigneur, et il était à peine assez élevé pour qu'un homme pût y entrer debout. Le terrain s'abaissait à l'entrée, après quoi l'on se trouvait devant le sépulcre comme devant un petit autel, au-dessus duquel la paroi du rocher formait une voûte. Les deux apôtres firent plusieurs arrangements dans l'intérieur, et disposèrent une porte qu'on mit devant le tombeau pour le fermer. On n'y avait pratiqué qu'une excavation capable de recevoir un corps enveloppé. Le sol était un peu exhaussé à l'endroit de la tête. Il y avait devant le caveau, comme devant le Saint Sépulcre, un petit jardin avec une enceinte. Non loin de là était la station du Calvaire, sur un monticule. On n'y avait pas élevé de croix, mais on en avait seulement gravé une sur la pierre. Il pouvait bien avoir une demi lieue de l'habitation de Marie jusque là.


J'ai vu quatre fois les apôtres se relayer pour veiller en priant auprès du corps de la sainte Vierge. Je vis aujourd'hui plusieurs femmes, parmi lesquelles je me rappelle une fille de Véronique et la mère de Jean Marc, venir faire les préparatifs nécessaires pour la sépulture. Elles apportaient du linge et des aromates pour embaumer le corps, suivant la coutume des Juifs. Elles avaient aussi apporté de petits vases où étaient des herbes encore fraîches. La maison était fermée ; elles travaillaient à la lumière des flambeaux. Les apôtres récitaient des prières dans la pièce antérieure, comme des religieux au choeur. Les femmes retirèrent de dessus la couche le saint corps avec tous ses vêtements et le placèrent dans une longue corbeille remplie de grosses couvertures et de nattes, de sorte qu'il était élevé par-dessus cette corbeille. Alors deux femmes tinrent un grand drap étendu au-dessus du corps, et deux autres le déshabillèrent sous ce drap, ne lui laissant que sa longue tunique de laine. Elles coupèrent les belles boucles de cheveux de la sainte Vierge pour les conserver comme souvenir. Je vis ensuite ces deux femmes laver le saint corps : elles avaient dans les mains quelque chose qui ressemblait à des éponges ; la longue tunique qui recouvrait le corps était décousue. Elles s'acquittèrent de ce soin avec une crainte respectueuse ; elles lavèrent le corps sous le drap qui était étendu par-dessus sans le regarder, car la couverture les empêchait de le voir. Toutes les places que l'éponge avait touchées étaient aussitôt recouvertes ; le milieu du corps resta voilé ; on n'en mit rien à nu. Une cinquième femme pressait les éponges au-dessus d'un bassin et les leur rendait de nouveau. Je les vis trois fois vider le bassin dans une fosse voisine de la maison et apporter de l'eau fraîche Le saint corps fut revêtu d'une nouvelle enveloppe ou verte, puis, à l'aide des linges placés dessous, on le déposa respectueusement sur une table où avaient été déjà rangés les draps mortuaires et les bandes dont on devait faire usage. Elles enveloppèrent alors le corps dans les linges, depuis la cheville des pieds jusqu'à la poitrine, et le serrèrent fortement avec des bandelettes. La tête, la poitrine, les mains et les pieds ne furent pas encore enveloppés ainsi.


Pendant ce temps, les apôtres avaient assisté au service solennel célébré par Pierre, et avaient reçu avec lui la sainte communion ; après quoi, je vis Pierre et Jean, encore revêtus de leurs grands manteaux pontificaux, se rendre près du saint corps. Jean portait un vase d'onguent ; Pierre y trempa le doigt de la main droite et oignit, en récitant des prières, le front, le milieu de la poitrine, les mains et les pieds de la sainte Vierge. Ce n'était pas là l'extrême-onction : elle l'avait reçue vivante encore. Je crois que c'était un honneur rendu au saint corps ; pareille chose avait eu lieu lors de la mise au tombeau du Sauveur. Lorsque les apôtres se furent retirés, les femmes continuèrent leurs préparatifs pour la sépulture. Elles placèrent des bouquets de myrrhe sous les bras et sur le creux de l'estomac ; elles en mirent entre les épaules, autour du cou, du menton et des joues ; les pieds aussi furent entourés de semblables paquets d'herbes aromatiques. Alors elles croisèrent les bras sur la poitrine, placèrent le saint corps dans le grand linceul, et l'y emmaillotèrent au moyen d'un bandage roulé tout autour. La tête était couverte d'un suaire transparent relevé sur le front, en sorte qu'on voyait je visage, avec sa blancheur éclatante, rayonner, pour ainsi dire, au milieu des touffes d'herbes qui l'entouraient. Elles déposèrent ensuite le saint corps dans le cercueil qui était à côté, comme un petit lit de repos : c'était comme une planche avec un bord peu élevé ; il y avait un couvercle convexe très léger. On mit sur sa poitrine une couronne de fleurs blanches, rouges et bleu céleste, comme symbole de la virginité. Alors les apôtres, les disciples et tous les assistants, entrèrent pour voir encore une fois ce saint visage, qui leur était si cher, avant qu'il ne fût voilé. Ils s'agenouillèrent en pleurant autour de la sainte Vierge, touchèrent ses mains enveloppées sur sa poitrine, comme pour prendre congé d'elle, et se retirèrent. Les saintes femmes aussi lui firent leurs derniers adieux, lui recouvrirent je visage, et placèrent le couvercle sur le cercueil, autour duquel elles attachèrent des bandes d'étoffe grise au centre et aux deux extrémités. Je vis ensuite placer le cercueil sur une civière ; puis, Pierre et Jean le portèrent hors de la maison sur leurs épaules. Je crois qu'ils se relayèrent successivement, car je vis plus tard le cercueil porté par six apôtres : Jacques le Majeur et Jacques le Mineur étaient devant, André et Barthélémy au milieu, Thaddée et Mathias derrière. Les bâtons devaient être passés dans une natte ou une lanière de cuir, car je vis le cercueil balancé au milieu d'eux comme dans un berceau. Une partie des apôtres et des disciples présents marchaient en avant, d'autres suivaient avec les femmes. Le jour tombait déjà, et on portait autour du cercueil quatre flambeaux sur des bâtons. Le cortège se rendit ainsi, en passant par le chemin de la Croix, à la dernière station, et il arriva à l'entrée du tombeau. Ils déposèrent le saint corps à terre, et quatre d'entre eux le portèrent dans le caveau et le placèrent dans l'excavation qui devait servir de couche sépulcrale. Tous les assistants y entrèrent un à un, jetèrent autour des aromates et des fleurs, et s'agenouillèrent en pleurant et en priant.


Ils étaient nombreux. La douleur et l'affliction les firent rester là longtemps, et il était tout à fait nuit quand les apôtres fermèrent l'entrée du tombeau. Ils creusèrent un fossé devant l'étroite entrée du caveau, et y plantèrent comme une haie formée de divers arbrisseaux, les uns en fleur, les autres couverts de baies ; qu'ils avaient transportés d'ailleurs avec leurs racines. On ne vit plus alors aucune trace de l'entrée. d'autant plus qu'ils détournèrent l'eau d'une source voisine pour la faire passer devant ce massif. Ils s'en retournèrent séparément et s'arrêtèrent encore ça et là, priant sur le chemin de la Croix ; quelques-uns restèrent à prier prés du tombeau. Ceux qui revenaient virent de loin une lumière extraordinaire au-dessus du tombeau de Marie, et ils en furent très émus, sans bien savoir ce que c'était. Je la vis aussi, et voici ce dont je me souviens parmi beaucoup d'autres choses. Il me sembla qu'une voie lumineuse descendait du ciel jusqu'au tombeau, et avec elle une forme brillante semblable à l'âme de Marie, accompagnée de la figure de Notre-seigneur. Le corps de Marie sortit resplendissant du tombeau, s'unit à son âme, et s'éleva vers le ciel avec l'apparition du Sauveur.


Je vis, dans la nuit, plusieurs apôtres et saintes femmes prier et chanter des cantiques dans le petit jardin qui était devant le tombeau. Une large voie lumineuse s'abaissai du ciel vers le rocher, et je vis s'y mouvoir une gloire formée de trois sphères pleines d'anges et d'âmes bienheureuses qui entouraient l'apparition de Notre Seigneur et de l'âme resplendissante de Marie. La figure de Jésus-Christ, avec des rayons partant de ses cicatrices, planait devant elle. Autour de l'âme de Marie, je vis, dans la sphère intérieure, de petites figures d'enfants ; dans la seconde, c'étaient comme des enfants de six ans, et, dans la sphère extérieure, comme des adolescents déjà grands. Je ne vis distinctement que les visages, tout le reste m'apparut comme des formes lumineuses resplendissantes. Quand cette apparition, devenant de plus en plus distincte, fut arrivée au rocher, je vis une voie lumineuse qui s'étendit depuis elle jusqu'à la Jérusalem céleste. Je vis alors l'âme de la sainte Vierge qui suivait la figure de Jésus descendre dans le tombeau à travers le rocher, et, bientôt après, unie à son corps transfiguré, en sortir plus distincte et plus brillante, et s'élever avec le Seigneur et le choeur des esprits bienheureux jusqu'à la Jérusalem céleste. Toute cette lumière s'y perdit, et je ne vis plus nu dessus de la terre que la voûte silencieuse du ciel étoilé.


Je ne sais pas si les apôtres et les saintes femmes qui priaient devant le tombeau virent aussi tout cela ; mais je les vis, frappés d'étonnement, regarder le ciel comme en adoration ou se prosterner je visage contre terre. J'en vis aussi quelques-uns qui revenaient avec la civière, priant et chantant des cantiques, et qui s'arrêtaient aux diverses stations du chemin de la Croix, se tourner avec une pieuse émotion vers la lumière qui brillait sur le tombeau.


Première apparition, le Jeudi 11 février 1858

 

 

C'était un jeudi . Il faisait bien froid. Vers 11 heures, Bernadette Soubirous, sa soeur Marie-Antoinette et une amie, Jeanne Abadie, se dirigèrent vers les bords du Gave du côté de la grotte de Massabielle pour chercher du bois. Pendant que Toinette et Jeanne s'éloignaient de Bernadette, celle-ci avant de passer l'eau glaciale du canal se mit à genoux pour réciter l'Angélus qu'on venait de sonner. Et elle aura le bonheur de voir Celle qu'elle aimait saluer à l'heure de l'Angélus. Laissons parler Bernadette elle-même: "J'avais commencé à ôter mon premier bas, quand tout à coup j'entendis une grande rumeur pareille à un bruit d'orage. Je regardai à droite, à gauche, sur les arbres de la rivière. Rien ne bougeait; je crus m'être trompée. Je continuai à me déchausser, lorsqu'une nouvelle rumeur, semblable à la première, se fit encore entendre. Oh! alors, j'eus peur et me dressai. Je n'avais plus de parole et ne savais que penser, quand, tournant la tête du côté de la Grotte, je vis à une des ouvertures du rocher un buisson, un seul, remuer, comme s'il avait fait grand vent. Presque en même temps il sortit de l'intérieur de la Grotte un nuage couleur d'or, et peu après une Dame jeune et belle, belle surtout, comme Je n'en avais jamais vu, vint se placer à l'entrée de l'ouverture au-dessus du buisson. Aussitôt elle me regarda, me sourit et me fit signe d'avancer, comme si elle avait été ma mère. La peur m'avait passé, mais il me semblait que je ne savais plus où j'étais. Je me frottais les yeux, je les fermais, je les ouvrais, mais la Dame était toujours là, continuant à me sourire et me faisant comprendre que je ne me trompais pas. Sans me rendre compte de ce que je faisais, je pris mon chapelet dans ma poche et me mis à genoux. La Dame m'approuva par un signe de tête et amena elle-même dans ses doigts un chapelet qu'elle, tenait à son bras droit. Lorsque je voulus commencer le chapelet et porter ma main au front, mon bras demeura comme paralysé, et ce n'est qu'après que la Dame se fut signée que je pus faire comme elle. La Dame me laissa prier toute seule; elle faisait bien passer entre ses doigts les grains de son chapelet, mais elle ne parlait pas; et ce n'est qu'à la fin de chaque dizaine qu'elle disait avec moi: Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto. Quand j'eus fini de réciter mon chapelet, la Dame me fit signe d'approcher. Mais je n'ai pas osé. Alors elle rentra à l'intérieur de la roche et le nuage disparut avec elle. "La Dame avait l'air d'une jeune fille de seize à dix-sept ans, aux yeux bleus. Elle était vêtue d'une robe blanche, serrée à la ceinture par un ruban bleu glissant le long de la robe. Elle portait sur sa tête un voile blanc, laissant à peine apercevoir ses cheveux, retombant ensuite en arrière jusqu'au dessous de la taille. Ses pieds étaient nus, mais couverts par les derniers plis de la robe sauf à la pointe où brillait sur chacun d'eux une rose jaune, épanouie. Les grains de son chapelet étaient blancs et la chaîne d'or brillante comme les deux roses des pieds. Je n'en ai jamais vu de semblable, ça brillait comme de l'or et bien plus encore."


Apparition du 13 juin 1917

2ème Apparition

Une cinquantaine de personnes sont présentes à La Cova Da Iria; elles récitent le chapelet. Alors qu'elles entament les litanies de la Sainte Vierge, Lucie les interrompt, avant de s'écrier:

"Jacinthe, Notre-Dame va venir ; voilà l'éclair !"

Joignant les mains devant elle et levant les yeux, Lucie poursuit:

"Vous m'avez demandé de venir ici. Dites-moi, s'il vous plaît, ce que vous voulez."

- Je veux que vous veniez ici le 13 du mois prochain, que vous récitiez le chapelet tous les jours, et que vous appreniez à lire. Plus tard, je vous dirai ce que je veux.

Lucie fit cependant une requête:

"Je voudrais vous demander de nous emmener au Ciel !"

-Oui, répondit la Vierge Marie, Jacinthe et Francesco je vais les emmener bientôt. Mais toi, tu resteras ici encore quelque temps. Jésus veut se servir de toi pour me faire connaître et aimer. II veut établir dans le monde la dévotion à mon Coeur Immaculé.

- Je resterai ici toute seule ? demanda Lucie, inquiète

- Non ma fille! Tu souffres beaucoup ?... Je ne t'abandonnerai jamais. Mon Coeur Immaculé sera ton refuge, et le chemin qui te conduira jusqu'à Dieu.

Et la Mère de Dieu disparut...




11/08/2010
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