Notre-dame-de-lourde-créateur-francois-partie-01 et 2

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Témoignage de Catherine sur la nde


Témoignage de Catherine sur la nde

J’avais 40 ans, des problèmes de santé graves avec des malaises et des pertes de conscience. Un jour l’un d’eux m’a conduite en réanimation où je suis restée trois jours dans le coma après un arrêt cardiaque.

Après une période de nuit noire, je me suis retrouvée debout sans transition dans une salle d’attente aux murs gris clair lumineux, aux chaises couvertes de tissus vieux rose, avec une table basse devant mes jambes chargée de nombreuses revues indistinctes, et deux portes de bois foncé en face de moi, que je n’ai jamais pu atteindre malgré mon désir d’aller les ouvrir et d’aller plus loin : mes jambes étaient bloquées par la table basse. J’ai d’abord été étonnée, mais je me sentais si bien dans mon corps plus léger et dans cet endroit calme et clos, que j’ai fini par sourire en pensant que Dieu avait bien de l’humour pour coller un médecin en salle d’attente, et qu’Il avait aussi mauvais goût : je n’aimais décidément toujours pas ni le rose ni le gris. Je savais que j’étais morte, du moins je le croyais, et il y avait donc bien quelque chose après : c’était bien, j’étais en paix, et j’attendais. Puis peu à peu le décor s’est mis à vibrer doucement, et un océan d’énergie immense a commencé à envahir l’espace avec infiniment de douceur et de retenue, et mon corps s’est mis aussi à vibrer. Je me suis sentie baigner dans cet océan incroyablement puissant et intelligent avec un bien-être et une détente extraordinaires : il était fait d’un amour illimité, inconditionnel, plein de compassion et d’indulgence. Jamais je ne m’étais sentie aussi bien de ma vie, c’était un grand très grand bonheur. Et j’ai alors commencé à poser des questions, dont les réponses arrivaient dans ma tête avant que j’aie fini de les formuler, venant de l’intérieur de moi ; c’était étrange et passionnant. Il m’a été répondu à tout ce que je voulais savoir et même au-delà ; je comprenais tout, la vie, le monde, l’univers, toutes les réponses étaient là, c’était très exaltant. Je serais resté là à jamais. Mais il m’a été signifié que je devais repartir, que mon rôle sur terre n’était pas achevé et que je devais y retourner. Je me suis révoltée, je ne voulais pas y aller. Alors des images de mes enfants m’ont été présentées : et je me suis sentie devenir triste et lourde, très lourde. Ils étaient encore petits et me manquaient tant. J’ai retraversé une période de nuit noire, pour me réveiller un matin dans un lit d’hôpital. Malgré l’euphorie de ce que je venais de vivre et qui était tout frais, l’atterrissage fut dur, très dur.

Je suis entrée en méditation après cette période euphorique. J’ai pratiqué la sophrologie sur mon lit d’hôpital tous les jours sous prétexte de siestes, pour atterrir et réfléchir à ce que j’allais faire de tout cela. J’étais tellement certaine de me souvenir de toutes les réponses, tant elles étaient précises et m’avaient marquées, que je n’ai rien écrit, de peur que cela tombe dans des mains inadéquates : je l’ai regretté plus tard, car j’en ai perdu beaucoup. Mais j’ai guéri.

Dans les mois qui ont suivi mon réveil de cette NDE, se sont imposés petit à petit, puis de façon de plus en plus pressante, l’impression très forte de « déjà vécu » et le désir d’en savoir d’avantage. Je suis allée voir mon père (ma mère étant décédée) et je lui ai demandé si j’avais déjà fait un coma dans mon enfance : il est alors allé chercher la radio de mon crâne d’enfant, qu’il m’a remise, et il a aussitôt commencé à me raconter l’histoire d’une chute à 3 ans, la peur que je leur avait faite à maman et à lui, l’inquiétude des médecins, la nuit à me veiller, le réveil au matin, et mon comportement dans les mois qui ont suivi. Pendant qu’il me racontait en détail cet épisode qui l’avait marqué, mes souvenirs sont revenus. Mais je les ai gardés pour moi.

J’avais 3 ans ce matin là lorsque je suis tombée la tête en avant d’une table à langer où ma mère m’avait assise pour m’habiller plus facilement. Elle a eu l’attention détournée un instant par un de mes petits frères ou sœur, je me suis penchée pour regarder ce qui se passait et j’ai glissé, attrapant la serviette pour me retenir, mais elle est tombée avec moi. J’ai eu un traumatisme crânien suivi d’un coma qui a duré 24 heures.

Les médecins ont tourné en rond autour du lit, venant et revenant dans la chambre d’hôpital, ne sachant pas quoi décider. J’étais dans un coma profond aréactif, mais les fonctions vitales étaient préservées. Il a été fait une radio de mon crâne qui ne montre rien, pas de fracture. Mes parents très inquiets m’ont veillée toute la nuit à tour de rôle. Je me suis réveillée le lendemain matin et je me suis redressée dans le lit en disant « Je suis à la maternité ? ». Tout le monde a été soulagé.

Pendant le coma, j’étais sur une plage immense et déserte et je me baignais dans un océan merveilleux sous un ciel plein de nuages dans des couleurs orange et violet. J’étais très bien.

Après le réveil, la petite fille joyeuse, vivante et bavarde que j’étais, est devenue sombre, triste et mutique. Mes parents me retrouvaient dans divers endroits de la maison assise recroquevillée sur moi-même et silencieuse pendant des heures. Ce phénomène a duré plusieurs mois, puis un jour tout est redevenu normal et mes parents ont retrouvé leur petite fille d’avant.

Moi, je me souviens que je m’asseyais dans les marches de l’escalier de la maison, les genoux serrés dans les bras, l’épaule droite et la tête contre le mur, et que je me balançais contre ce mur parfois avec brutalité et un profond désespoir, parce que je voulais le traverser et retourner « là bas ».

A l’époque, on n’emmenait pas un enfant chez un psychiatre ni un psychologue. Il a fallut que je me débrouille toute seule avec ça. Il faut des années pour atterrir. Il y a d’abord une période d’euphorie, suivie d’une réadaptation difficile et douloureuse au monde quotidien, puis vient le temps de la réflexion et du changement pour un adulte : l’enfant que j’étais a préféré oublier.

De cette expérience d’enfant, il me reste aujourd’hui une tristesse latente, profonde, ténue et permanente, que l’on pourrait comparer au rayonnement fossile de l’univers, trace du big bang.

Catherine


25/01/2011
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