Notre-dame-de-lourde-créateur-francois-partie-01 et 2

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Qu'est-ce que l'avarice ?


Qu'est-ce que l'avarice ?

Pour qu'il y ait avarice, il faut excès. Aimer modérément, sans s'attacher aux biens de ce monde, n'est pas un péché. Être économe et prévoyant non plus. On est avare quand on aime trop les choses de ce monde, l'or, l'argent, les biens qu'on possède ; quand on les amasse avec trop d'avidité ; quand on les conserve avec trop d'agitation ; quand on s'afflige trop de les perdre ; quand on craint trop de dépenser. L'avare porte l'attache à son argent jusqu'à n'oser y toucher non plus qu'à une chose sacrée ; il l'adore, il en fait sa divinité ; ce qui a fait dire à Saint Paul, que l'avarice est une idolâtrie.

L'avarice implique esclavage des richesses, attachement qui avilit, déraison dans la manière d'acquérir ou de dépenser. On peut souhaiter les richesses, on peut même les aimer, sans pécher : lorsqu'on ne les souhaite, lorsqu'on ne les aime que dans l'ordre de la justice et de la charité, pour une fin louable, comme, par exemple, s'en servir pour travailler ou concourir d'une manière plus efficace à la gloire de Dieu, pour soulager ses semblables, etc., il n'y a pas péché.
Ce qui fait le péché d'avarice, ce ne sont pas précisément les richesses en elles-mêmes, ni leur possession ; on peut être riche et vertueux tout ensemble ; mais c'est l'attachement immodéré que l'on a pour ces mêmes richesses, qui en fait le péché. Une passion trop vive d'acquérir ou de conserver ce qu'on possède, et qui ne recule pas même devant les moyens les plus injustes ; une économie sordide qui craint les dépenses les plus nécessaires et fait qu'on tient ses trésors précieusement renfermés dans des coffres, sans en faire aucun usage ; l'affection déréglée que l'on a pour les biens de la terre, d'où il résulte qu'on rapporte tout à l'argent, qu'on ne vit, qu'on ne respire que pour l'argent, qu'on fait son dieu d'un métal ; voilà ce qui fait l'avare et l'avarice. — « Un avare, dit le Saint-Esprit, est le plus scélérat de tous les hommes ; il vendrait son âme et celles des autres pour de l'argent » (Ecclésiastique, X, 9-10), aussi saint Paul déclare que l'avarice est la source de tous les maux et que les avares n'auront aucune part au royaume des cieux (I Cor., VI, 10). Les filles de l'avarice sont la fraude, la fourberie, le mensonge, le parjure, la pusillanimité, l'inhumanité, l'oublie et le mépris de Dieu, l'oubli de l'éternité, la dureté de cœur, l'homicide même, car c'est se rendre coupable d'homicide que de laisser mourir de misère un pauvre qu'on peut assister.
On connaît qu'on est dominé par l'avarice :
1°) quand on désire le bien d'autrui ;
2°) quand le désir d'avoir de l'argent est l'unique motif de ce qu'on fait, de ce qu'on entreprend ; quand on a une joie immodérée de posséder des biens temporels ou qu'on s'afflige avec excès de les perdre ; quand on se les procure ou qu'on les conserve par des moyens injustes ; quand on ne donne point aux pauvres ce qu'on a de superflu ; quand on n'est pas disposé à perdre ce qu'on possède, plutôt que d'offenser Dieu. De là vient que saint Paul appelle l'avarice une idolâtrie(Éphés. V, 5).
L'avarice est un péché mortel de son genre : « Ni les voleurs, ni les avares, ni les rapaces, ne posséderont le royaume de Dieu » (I Cor., VI, 10). Elle est contraire à l'amour qu'on doit avoir pour Dieu ; elle nous détourne de son service, attendu que « nul ne peut servir deux maîtres […] vous ne pouvez pas servir Dieu et l'argent » (Matth. VI, 24). Vous ne pouvez être à Dieu et à l'avarice, au ciel et à la terre. Aussi l'avare est détesté de Dieu et des hommes.

D : Pourquoi dit-on que l'avarice est un amour déréglé ?
R : Parce qu'il y a un amour réglé et légitime des biens temporels, et qu'on peut aimer, acquérir et conserver ces biens, en vue d'une bonne fin : l'homme en a besoin pour vivre honnêtement ; il a même le devoir de se les procurer, s'il a une famille à entretenir.
D : A quoi porte l'avarice ?
R : L'avarice porte aux tromperies pour s'enrichir, à l'oubli du salut, à la dureté pour les pauvres, à prendre ou à retenir injustement le bien d'autrui.

Judas rend les 30 deniersCeux qui veulent devenir riches, dit l'Apôtre, tombent dans la tentation et dans les pièges du démon, dans plusieurs désirs inutiles et nuisibles qui plongent les hommes dans la mort et la perdition ; car la cupidité est la racine de tous les maux ; ceux qui s'y sont livrés ont erré dans la foi, et se sont précipités dans une infinité de malheurs (I Timoth. VI, 9). Et voici en effet les principaux péchés dont l'avarice est la source funeste :

1°) L'oubli du salut : Pourquoi ? C'est que l'avare est si occupé du désir d'amasser, de ses projets, de son travail, de son commerce, de ses affaires, de ses acquisitions, etc., qu'il néglige la prière, les offices, la sanctification des dimanches et fêtes de l'Église, la confession, la communion, le soin de ses affaires éternelles. C'est une âme courbée vers la terre et vide des choses du Ciel qu'elle ne regarde jamais. Voilà comme l'avare oublie son salut. Avares, non ce n'est pas vous qui rachèterez vos péchés ni le paradis par vos aumônes, car :

2°) La dureté envers les pauvres est une seconde suite de l'avarice. L'avare a si peur de toucher à ses trésors qu'il refuse aux malheureux jusqu'aux miettes qui tombent de sa table. Le récit de Lazare et du mauvais riche l'explique très bien : la vie du mauvais riche était entièrement opposée à celle du juste Lazare. Ce riche ne se fit remarquer, tout le temps qu'il passa sur la terre, que par son orgueil et son avarice, par son extrême délicatesse pour lui-même et sa dureté de cœur envers les autres. Son avarice était criante en ce que, possédant d'immenses richesses, il les employait pour lui seul ; et sa dureté de cœur était révoltante en ce que, loin de faire l'aumône aux pauvres, il les traitait avec cruauté, leur refusant jusqu'aux miettes qui tombaient de sa table. C'est ainsi qu'il voyait avec insensibilité Lazare étendu à sa porte, couvert d'ulcères et mourant de faim, tandis qu'il nourrissait quantité de chiens, moins cruels que leur maître. Ses valets, qui se réglaient sur son exemple, n'avaient pas plus de compassion que lui pour l'indigence. Enfin, cet homme avare et sensuel, faisant chaque jour de nouveaux progrès dans le mal, se laissa entraîner dans les plus grands désordres, poussé par l'esprit du monde, qui, selon saint Jean, n'est que convoitise de la chair, convoitise des yeux et orgueil de la vie à l'opposé de l'esprit de Jésus-Christ.
Lazare était malheureux aux yeux du monde, et heureux aux yeux de Jésus-Christ. Le mauvais riche, au contraire, était heureux aux yeux du monde, et malheureux aux yeux de Jésus-Christ, qui a toujours été humble de cœur, sévère à Lui-même, doux envers les autres, et veut que ses disciples suivent son exemple.
Notre-Seigneur nous dit qu'au moment même où le mauvais riche rendit le dernier soupir, il fut enseveli dans l'enfer (Luc, XVI, 22). Ainsi la mort le sépara de tous ses biens, mit fin à ses vanités et à ses délices, et le fit passer d'une vie douce à une vie de privations, d'ignominies et de tourments qui ne finiront jamais. Il n'emporta rien avec lui de ce monde, rien que ses vices et ses péchés, qui seront l'éternel aliment des flammes qui le dévorent. En lui s'est accomplie cette parole de Job : Ils passent leurs jours dans les plaisirs, et en un moment ils descendent dans les enfers (Job, XXI, 13). Bien que sa mort ait paru douce et tranquille, il n'en est pas moins vrai que le dernier moment de sa vie a été le premier de son malheur.

3°) L'avarice porte à prendre ou à retenir injustement le bien d'autrui. Quand on est dévoré par cette soif insatiable des richesses, il n'est rien qu'on ne fasse pour en amasser. Vols, fraudes, artifices, usurpations, usures, procès, vexations, chicanes, injustices de toutes les espèces ; tout est bon entre ces mains avides et rapaces qui ne disent jamais, c'est assez, et qui toujours veulent entasser.
Et ce n'est pas tout ; quand l'avare tient il ne veut plus lâcher. Il craint si fort de se dépouiller qu'il ne peut se résoudre à rendre ce qu'il a pris ; il ne paie ni ses créanciers, ni ses serviteurs, ni les ouvriers malheureux qu'il emploie. « Leur salaire frustré, resté entre ses mains tenaces, crie vengeance et pénètre jusqu'aux oreilles du Dieu vengeur du pauvre opprimé » (Jac. V, 4).
L'avare est défiant : il se défie toujours de Dieu, de la Providence, des hommes et de tout ce qui l'environne.
L'avare est envieux : il veut ce qui ne lui appartient pas, et il ne recueille que péchés ; L'avare est ingrat : tout dans l'univers rend grâce à Dieu, excepté l'avare car il oublie les bienfaits de Dieu et ceux des hommes ; il murmure contre la Providence ; il n'est jamais content. Or l'ingratitude, dit saint Bernard, est l'ennemie de l'âme ; elle détruit les mérites, elle chasse les vertus, elle tarit les bienfaits.
L'avare est traite : qu'a fait Judas ? Ce traître était ivre d'avarice, dit saint Jérôme. Elle le possédait tellement, qu'il tremblait que Jésus n'échappât à ceux qui étaient venus pour le saisir ; il redoutait de perdre ses trente deniers, car il ne les avait pas encore reçus. « C'est lui-même, leur dit-il, saisissez-le et arrêtez-le » (Matth. XXVI 48). L'argent est un serviteur qui nous trahit. L'argent, dit saint François d'Assise, est l'instrument du démon. L'avare vendrait Dieu ! Voyez Judas : « Que voulez-vous me donner et je vous le livrerai ? », dit-il aux princes des prêtres (Matth. XXVI, 15). L'avare trahit sa conscience, les hommes, ses amis, sa famille ; il n'y a rien de sacré pour lui. La chute de Judas nous montre combien l'avarice est un grand mal, et à quels excès elle porte. Elle fut la cause de la trahison de cet apôtre, de son hypocrisie, de son désespoir, de son suicide, de son éternelle damnation et de la mort de Jésus-Christ.
L'avare est cruel : l'avarice rend cruels et atroces tous ceux qui la servent, dit saint Chrysostome.« Celui qui est cruel rejette même ses proches », disent les Proverbes (XI, 17). L'avare est cruel pour son âme, pour son corps, pour ses parents, pour le prochain et pour Dieu.
O funeste avarice ! Passion aussi insensée que ridicule ! L'avare est dans l'abondance et il n'en jouit pas ! Il est plongé dans un fleuve et il meurt de soif ! Il est couché sur un tas de blé et il meurt de faim ! Il a tout et il n'ose toucher à rien ! Pauvre au milieu de ses richesses, il est continuellement agité par les inquiétudes et la crainte de perdre.
Quand la mort le traîne au tombeau, il semble s'attacher encore plus à ses biens ; on dirait qu'il veut y emporter son argent. Mais le dernier et le plus grand de tous les malheurs, c'est qu'il est emporté par cet attachement jusqu'au fond des enfers. Il y expie, par une soif éternelle, sa soif insatiable des richesses, et pendant ce temps-là, elles sont entre les mains de ses héritiers joyeux qui se rient de ses épargnes sordides. Ils les dissipent à grands flots des vins qu'il n'avait osé boire ; ils ne se souviennent de leur bienfaiteur forcé, qu'avec le mépris et la joie dérisoire que mérite sa folie. Le malheureux ! Il a travaillé pour les autres et n'a rien fait pour lui, ni pour ce monde, ni pour l'autre (Psal. LXXV, 6). Pour ce monde, il n'a pas jouit de ses biens ; pour l'autre, il a thésaurisé des injustices, il a amassé des trésors de colère. Le royaume des cieux n'est point pour les ravisseurs qui accumulent aux dépens d'autrui. L'avare en a perdu son âme ! Lisons les récits des avares dont il est parlé dans les Écritures, et concevons de l'avarice toute l'horreur qu'elle mérite (Histoire d'Acham : Josué VII), (de Naboth : III Rois XXI), (de Judas : Matth. XXVI), (du mauvais riche : Luc XVI).

D : Quelle est la vertu opposée à l'avarice ?
R : C'est le détachement des biens de ce monde et l'inclination à soulager les pauvres dans leurs besoins.

Pratique de la charite par l'aumoneL'avarice ne se rencontre pas seulement chez les riches, mais aussi chez les pauvres, quand ils sont trop attachés à ce qu'ils possèdent ou désirent immodérément ce qu'ils n'ont pas. Les jeunes y sont moins sujets ; les vieillards surtout en sont victimes. Si vous êtes jeune, il viendra un temps où vous devrez épargner pour vous ou votre famille ; il le faudra, mais avec une sage et prudente économie mêlée d'un détachement généreux des biens d'ici-bas. C'est la vertu opposée à l'avarice ; pratiquez-là pour prévenir et combattre ce vice détestable et détesté.
Sachez vous contenter toujours de ce que la divine Providence veut bien accorder à un travail honnête et assidu, pour l'entretien d'une famille, chacun selon son état. Adorez cette Providence bienfaisante jusque dans ses rigueurs, si elle vous enlève des biens qui pourraient vous devenir nuisibles, lorsqu'elle voudra vous maintenir dans un état de médiocrité et même de pauvreté, qui vous mettra à l'abri du danger des richesses.
Le moyen de ne point tomber dans l'avarice, c'est de détacher son cœur des biens périssables de cette vie, de se contenter du nécessaire, et de penser souvent à la mort, ou il faudra tout quitter, être dépouillé de tout. Ayant le toit, le vêtement et la nourriture, soyons satisfaits de ce que Dieu nous donne. Bienheureux les pauvres d'esprit, c'est-à-dire, ceux qui ont le cœur détaché des choses de la terre, car ils auront en partage le royaume des cieux (Matth. V, 3). Un autre remède contre l'avarice, c'est la charité du prochain, qui nous fait aimer les pauvres, et nous porte à donner à boire à ceux qui ont soif, à nourrir ceux qui ont faim, à vêtir ceux qui sont nus, à soulager enfin, autant que nous le pouvons, tous ceux qui sont dans la misère et la souffrance. L'aumône est une vertu très-nécessaire ; c'est sur la manière dont nous l'aurons pratiquée, que se réglera la sentence de Notre-Seigneur au jour du jugement.

D : Y a-t-il une autre forme d'avarice ?
R : Oui, c'est l'avarice spirituelle.

L'avarice spirituelle consiste à ne pas assez se livrer à l'enseignement, à la prière, au secours spirituel du prochain. Celui qui est tiède et lâche au service de Dieu, est avare des dons célestes qu'il a reçus ; il s'en sert peu, et en fait difficilement et avec aigreur part aux autres. Dieu entre en colère contre un tel avare ; souvent il lui ôte les dons dont il l'a comblé : il permet qu'il se perde et s'abandonne à tous les désirs déréglés.

RÉCAPITULATIF PRATIQUE

1°) Concevez dès à présent une grande horreur pour l'avarice, afin de ne pas vous en laisser posséder un jour.
2°) Si vous êtes attachés à l'argent, pensez qu'il faudra un jour tout quitter. Quatre planches et six pieds de terre ; voilà tout ce qui vous restera.
3°) Soyez charitables et bienfaisants selon vos facultés. Faire l'aumône est une vertu estimée et chérie de Dieu.
4°) Demandez au Seigneur le détachement des biens de la terre. Adressez-lui souvent cette belle prière de Salomon : « Seigneur, ne me donnez ni la pauvreté ni les richesses ; donnez-moi seulement les choses nécessaires à la vie.


01/12/2010
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