Notre-dame-de-lourde-créateur-francois-partie-01 et 2

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SAINT JOSEPH : PATRON DE LA VIE


SAINT JOSEPH : PATRON DE LA VIE

La Sainte Famille à Nazareth

Nazareth, petit village de Galilée, accroché aux flancs d’une colline. Une terre, semble-t-il, pas bien riche. 
L’Évangile nous parle de blé, de vigne, d’oliviers, de figuiers. Il y a aussi des élevages de moutons. 
Et bien sûr, quelques artisans, dont le charpentier Joseph. Il travaille, quand il fait beau, 
sur le pas de sa porte mais se déplace pour les constructions, les charpentes. 
A la maison, Marie accomplit les tâches domestiques : cuisine, ménage, linge,  la recherche de l’eau et sans doute aussi le filage à la quenouille.

Jésus participe à la vie des enfants de son âge. Il ira à l’école qui étudie avant tout les textes sacrés. 
Il en apprend beaucoup par cœur, et il saura plus tard les citer sans hésitation. 
Mais l’hébreu, la langue des textes sacrés, n’est plus utilisée : la langue véhiculaire est l’araméen. 
Jésus parlera peut-être un peu le grec, car la Galilée est un lieu de passage de populations étrangères 
dont le grec est la langue de communication. Petit à petit, il s’initie au métier de son « père », l’accompagnant à l’atelier et sur les chantiers. 
Tout le monde le considère comme le « fils de Joseph ».

A l’école de Nazareth jésus enfant

Le pape Paul VI s’est rendu à Nazareth.

Il y a prononcé un discours d’une grande intensité spirituelle, dont nous donnons quelques extraits.

 « Nazareth est l’école où l’on commence à comprendre la vie de Jésus : l’école de l’Évangile. 
Ici, on apprend à regarder, à écouter, à méditer et à pénétrer la signification, si profonde et si mystérieuse, de cette très simple, 
très humble et très belle manifestation du Fils de Dieu. Peut-être apprend-on même insensiblement à imiter.

Ici, on apprend la méthode qui nous permettra de comprendre qui est le Christ.

Ici, on découvre le besoin d’observer le cadre de son séjour parmi nous… 

Ici, tout parle, tout a un sens.

Nous ne partirons pas sans avoir recueilli à la hâte, et comme à la dérobée, quelques brèves leçons de Nazareth.  

Une leçon de silence d’abord… Une leçon de vie familiale. Que Nazareth nous enseigne ce qu’est la famille, 
sa communion d’amour, son austère et simple beauté, son caractère sacré…Une leçon de travail :
Nazareth, maison du « fils du charpentier »,

c’est ici que nous voudrions comprendre et célébrer la loi sévère et rédemptrice du labeur humain :
ici rétablir la conscience de la noblesse du travail »


La dévotion à saint Joseph

La dévotion à saint Joseph s’est développée dans la chrétienté surtout à la suite de celle de sainte Thérèse d’Avila, 
la réformatrice des carmels, au 16e siècle. La présence des carmels et des communautés de Carmes, 
à travers l’Europe surtout, a sans doute contribué au succès. 

« Durant ma grave maladie, quand je me vis aussi percluse, si jeune encore !
et l’état dans lequel m’avaient mise les médecins de la terre, je décidais de recourir à ceux du ciel pour guérir, 
puisque je désirais encore la santé tout en supportant joyeusement mon état.

Je pris pour avocat et patron le glorieux saint Joseph. De cette détresse comme d’autres plus graves où l’honneur et l’âme étaient en danger,
je vis clairement que c’est lui, mon père et protecteur, qui m’a guérie, et bien au-delà de ce que je lui demandais. 
Je n’ai pas le souvenir de l’avoir jamais supplié de m’accorder quelque chose qu’il m’ait refusé. 
Les grandes grâces que Dieu m’a faites par l’intermédiaire de ce bienheureux saint sont choses stupéfiantes,
ainsi que les périls dont il m’a protégée, corps et âme.

L’expérience m’a prouvé que ce glorieux saint nous secourt en toutes circonstances. 
Notre-Seigneur veut ainsi nous faire comprendre que de même qu’il fut soumis sur terre à celui qu’il appelait son père, 
et qui à ce titre pouvait lui commander, il fait encore au ciel tout ce qu’il lui demande. 
(Autobiographie, chap VI).

C’est ainsi que le pape Pie IX, en 1870, le déclare patron de l’Église UniverselleSa sainteté ne le cède qu’à son épouse, Marie :
elle dépasse celle des martyrs et des grands docteurs de l’Église. Le pape Léon XIII , son successeur, l’a noté :
Certes la dignité de la Mère de Dieu est si haute qu’il ne peut être créé rien au dessus...
En donnant Joseph pour époux à la Vierge, Dieu donna à Marie un gardien de son honneur, 
mais encore, en vertu même du pacte conjugal, un participant de sa sublime dignité. 

Le sanctuaire Saint-de Joseph

Le sanctuaire Saint-Joseph d’Allex est né de circonstances qui ont été relatées dans les numéros de la revue de mars-avril et mai-juin 2008. 
En résumé : de 1874 à 1920, les Spiritains dirigent un collège appelé École Apostolique des Petits Clercs de Saint Joseph à Beauvais 
puis, près de Grenoble, à Seyssinet, ensuite à Suze, dans la Vallée d’Aoste. 
En 1920, l’école est  implantée à Allex, dans la Drôme, jusqu’en 1999. 
L’archiconfrérie de
 Saint-Joseph, Patron de l’Église Universelle qui soutenait l’École comme mouvement spirituel, 

continue maintenant à promouvoir dans le monde entier la vie spirituelle à l’exemple de Joseph et de Marie, sous l’inspiration de l’Esprit Saint.

L’archiconfrérie de Saint-Joseph

Les membres de l’archiconfrérie comme les lecteurs de la Revue Saint-Joseph d’Allex s’efforcent de manifester, 
d’entretenir un profond attachement à la puissante intercession  de Saint Joseph. Dieu destine chacun à une fonction,
il donne à chacun la capacité de la remplir : il peut en tout cas solliciter l’aide de celui qui a été à la hauteur de sa très grande vocation 
de père nourricier et d’époux de Marie. Son cœur est d’une immense bonté. Il est à l’image du cœur de Dieu qui est amour.

Joseph aime chacun, comme il a aimé Jésus, puisque nous sommes membres de son corps mystique. Joseph aime le Christ tout entier. 
Quand le pape proclama Joseph patron de l’Église universelle, il n’ a fait que reconnaître cette immense puissance du chef de la Sainte Famille : 
son crédit est sans bornes auprès de Dieu. Jésus, Marie, Joseph sont unis dans le plan de Dieu ; 

ils sont unis  dans l’amour des hommes. Comment hésiter à les imiter et à solliciter leur intercession ?

Un homme de foi

  

Saint Matthieu écrit : « Marie, la mère de Jésus, avait été accordée en mariage à Joseph.

Or, avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint.

Joseph qui était un homme juste ne voulait pas la dénoncer publiquement : il décida de la répudier en secret ». (Mt 1,18-20)

Un homme juste, dit l’Evangile. Joseph vit une épreuve terrible de détachement complet. Marie était sa fiancée : elle s’était promise à lui.

Et c’est le sacrifice. Il faut briser le lien un peu comme son ancêtre Abraham va devoir sacrifier son fils Isaac. Souffrance et solitude.

Et Dieu  comme pour  Abraham intervient : « L’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit :

Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi, Marie, ton épouse : l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ».

Joseph fait preuve d’une admirable humilité, d’une totale disponibilité à la volonté divine. Il est un homme de foi.

La foi qui lui donne la lumière qui éclaire ce qui se passe dans sa vie.

L’humilité de Joseph devant l’immensité du mystère qui lui est révélé a pour fruit d’en faire un homme heureux.

La joie de n’être pas abandonné par Dieu, la joie de la confirmation que Marie l’aime.

Joseph s’est mis à la disposition de Dieu, Dieu lui a répondu. L’homme soucieux est celui qui veut être lui-même sa richesse.

Joseph a tout confié à Dieu : la joie se nourrit de désintéressement. Le grand obstacle à la joie est notre égoïsme.

La loi de la joie est celle de l’amour et non pas chacun pour soi.

Faut-il ajouter que si Dieu nous veut heureux, il demande que l’on y mette le prix ? Jésus le rappellera dans son enseignement :

         « Heureux les pauvres de cœur, le royaume des cieux est à eux,

         Heureux les doux, ils obtiendront la terre promise,     

         Heureux ceux qui pleurent , ils seront consolés,

         Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, ils seront rassasiés »   (Mt 5,3-6)

N’affadissons pas les béatitudes : elles sont le fruit de la vigueur de notre foi.

Joseph dans l’histoire des hommes et dans le plan de Dieu.

Marie et Joseph s’aimaient. Nazareth est une école d’amour. Nous avons été habitués  à rencontrer, y compris dans notre revue,

des illustrations qui représentent Joseph comme un vieillard protecteur. Nous avons du mal à l’accepter, car rien dans l’évangile ne le justifie.

Joseph et Marie s’aimaient comme un couple dans un profond respect de l’un pour l’autre, sans égoïsme ni esprit de possession, sans convoitise.

Une  loi romaine ordonne un recensement de tout l’Empire. « Joseph quitta la ville de Nazareth en Galilée,

pour monter en Judée, à la ville de David appelée Bethléem, car il était de la maison et de la descendance de David.

Or, pendant qu’ils étaient là, arrivèrent les jours où Marie devait enfanter et elle mit au monde son fils premier-né » (Luc, 2,1-7)

Joseph obéit aux lois civiles par ce voyage forcé à Bethléem  ; il obéit aux lois religieuses pour la circoncision, la présentation de l’entant au temple

et les pèlerinages à Jérusalem. Il est dans le plan de Dieu.

Saint Matthieu donne une généalogie où il termine :

« Et Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie de laquelle est né Jésus qu’on appelle Christ. »


Par sa descendance de David, il témoigne de l’esprit de suite divin de génération en génération.

Dans les scènes de la Nativité, de la visite des bergers, puis des rois mages, le rôle de Joseph est celui du service.

Saint Matthieu rapporte la visite des mages :

en  entrant dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère et tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui.

Lorsque les parents de Jésus le portent au temple de Jérusalem pour la Purification, Syméon

instruit par l’Esprit Saint de la personnalité de l’enfant, s’adressera seulement à la mère :

« vois, ton fils qui est là… et toi-même, ton cœur sera transpercé par une épée » (Luc 2).

Joseph a pour mission de servir la Sainte Famille

Dieu regarde Joseph comme le gardien, le chef de la Sainte Famille. Pour  les démarches importantes, Dieu s’adresse à lui.

Dans la fuite en Egypte comme dans le retour en Galilée, c’est à Joseph que l’ange est envoyé. A lui d’assurer les risques, dans la discrétion.

Joseph n’est pas autoritaire : il respecte la vocation particulière de Marie, il respecte son mystère.

Lorsque, à douze ans, Jésus reste au temple et rompt le rythme de l’obéissance  familiale, Joseph s’efface et c’est Marie  qui dit à Jésus :

mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Mais c’est lui qui assure le quotidien.

Saint Luc nous dit : Et le petit enfant grandissait et se fortifiait. Il se remplissait de sagesse et la grâce de Dieu reposait sur lui (2,40).

Jésus ressemblait à tous les enfants. Il a découvert les visages de sa mère et de son « père » qu’il va appeler « abba » papa..

Il apprend auprès d’eux l’araméen, la langue parlée, il apprend les prières et les coutumes de son milieu. Cela fait aussi partie de l’incarnation.

Joseph, Marie et Jésus

C’est à Nazareth qu’eurent lieu les fiançailles, puis le mariage de Joseph et de Marie.

Saint Matthieu le relate : « Voici quelle fut l’origine de Jésus. Marie, la mère de Jésus, avait été accordée en mariage à Joseph.

Or, avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint.

Joseph, son époux, qui était un homme juste, ne voulait pas la dénoncer publiquement.

C’est alors que l’ange intervient de nouveau : Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi, Marie, ton épouse. »

La coutume juive demandait qu’à la suite des fiançailles, la jeune fille restât  chez ses parents pendant un an.

Les fiancés étaient jeunes ; le garçon, une vingtaine d’années et la fille quatorze-quinze ans.

« La maison de Marie, adossée à la colline, est composée de deux pièces. L’une, creusée dans le roc, sert de réserve.

L’âne y dort la nuit près de la famille. L’autre, où l’on se tient pendant la journée donne sur la ruelle.

C’est une telle maison qu’évoquent les fouilles sous la basilique qui, depuis le 2ème siècle,

perpétue à cet endroit le souvenir de l’Annonciation » (Jean Potin. Jésus, l’histoire vraie. Centurion).

On peut penser que la maison de Joseph était semblable.

Joseph le charpentier travaille souvent devant chez lui sur le pas de sa porte.

Les gens l’appellent chez eux pour des constructions et des réparations.

A la maison, Marie est occupée aux tâches domestiques : cuisine, ménage, lavage du linge et travail à la quenouille.

Saint Jean, dans le récit de la Passion, note :

Quand les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses habits, ils en firent quatre parts, une pour chacun.

Restait la tunique ; c’était une tunique sans couture, tissée d’une pièce de haut en bas .

Ils refusèrent de la déchirer et la tirèrent au sort . N’aurait-elle pas été l’œuvre de Marie ?

L’enfant Jésus vit dans ce cadre paisible. Il partage les jeux des enfants du village.

Il apprend la langue parlée, l’araméen.

A la maison, il participe à la prière quotidienne, dont il s’inspirera pour enseigner le Notre Père.

Le juif pieux prie trois fois par jour.

Nazareth, l’école de l’Évangile

 

Comment devant ce paysage de Nazareth ne pas communier à l’admiration

et à l’émotion du pape Paul VI en pèlerinage sur les lieux en 1964.

« Nazareth est l’école où l’on commence à comprendre la vie de Jésus : l’école de l’Evangile.

Ici, on apprend à regarder, à écouter, à méditer et à pénétrer la signification, si profonde et si mystérieuse,

de cette très simple, très humble et très belle manifestation du Fils de Dieu. Peut-être apprend-on même insensiblement à imiter.

Ici, on apprend la méthode qui nous permettra de comprendre le Christ.

Ici, on découvre le besoin d’observer le cadre de son séjour parmi nous :

les lieux, les temps, les coutumes, le langage, les pratiques religieuses, tout ce dont s’est servi Jésus pour se révéler au monde.

Ici, tout parle, tout a un sens.

Ici, à cette école, on comprend la nécessité d’avoir une discipline spirituelle.

Or, comme nous voudrions redevenir enfant et nous remettre à cette humble et sublime école de Nazareth ».

Et le pape note les leçons de cette famille de Nazareth : une leçon de silence, une leçon de vie familiale, une leçon de travail.

L’on comprend qu’un converti comme Charles de Foucauld ait aimé Nazareth.

Il y passe trois années, de 1897 à 1900, en ardent converti.

Il obtient des sœurs clarisses de lui confier le travail de jardinier, d’homme à tout faire, de sacristain.

Il loge dans une cabane en planches qui servait de débarras, dépenaillé comme un vagabond.

Il y compose cette ardente prière :

« O mon Seigneur Jésus, voici donc cette divine pauvreté. Comme il faut que ce soit vous qui m’en instruisiez !

Vous l’avez tant aimée… Vous avez choisi pour parents de pauvres ouvriers… Vous avez été pauvre dans les travaux de votre enfance.

Vous avez vécu trente ans pauvre ouvrier dans ce Nazareth que j’ai le bonheur de fouler,

où j’ai la joie indicible, profonde, inexprimable, la béatitude de ramasser le fumier… »

Nous savons qu’il décide de se faire prêtre : il entre au monastère de Notre-Dame des Neiges.

Il est ordonné en 1901 puis se retire dans le désert du Sahara où il est assassiné en 1916.

Dieu premier servi

La leçon de Nazareth que nous enseigne Joseph est que la dernière place est la plus proche de Dieu.

Dieu chez lui reçoit la priorité en tout.

Il n’y a pas dans les membres de la Sainte Famille l’ombre d’une recherche d’un intérêt personnel.

L’on pourrait dire que Jésus donne à ses parents une sorte de leçon,

lorsqu’il reste à Jérusalem, dans le temple, à écouter les docteurs de la loi.

« Comment se fait-il que vous m’ayiez cherché ? Ne le saviez-vous pas ? C’est chez mon Père que je dois être » (Luc 2,49).

Joseph a rempli sa mission dans l’humble attachement au devoir quotidien.

Il s’est effacé devant celui que la population de Nazareth considérait comme son fils.

Il est parti dans la paix, reconnaissant à Dieu pour sa vocation, pour tout ce que la présence de Jésus et de sa mère lui avait acquis.

Joseph sait que Dieu est amour et cela lui suffit. Claudel avec sa verve  de poète  décrit cette joie.

  « Quand les outils sont rangés à leur place et que le travail du jour est fini,

Quand du Carmel au Jourdain Israël s’endort dans le blé et dans la nuit,

Comme jadis quand il était jeune garçon  et qu’il commençait à faire trop sombre pour lire,
Il a préféré la Sagesse et c’est elle qu’on lui amène pour l’épouser.

Il est silencieux comme la terre à l’heure de la rosée,

Il est dans l’abondance et dans la nuit ;

 il est bien dans la joie ; il est bien avec la vérité,

Marie est en sa possession et il l’entoure de tous côtés…
De nouveau il est dans le Paradis avec Ève. »

 


Joseph, éducateur de Jésus  RSJ 1006

 Le P. Jean Le Gall, du comité de rédaction, continue sa présentation des divers aspects de la vie de saint Joseph.

Un des plus beaux titres de Joseph est celui d’éducateur de Jésus. En cela il nous ouvre le chemin de l’éducation aujourd’hui.

 

Dans un article du numéro précédent, j’ai cité le pape Paul VI.

Au cours du pèlerinage qu’il a accompli en Terre Sainte en 1964, il a fait étape à Nazareth.

Il y a fait un éloge enthousiaste du climat de la maison de Nazareth.

« Apprenons de Nazareth comment la formation qu’on y reçoit est douce et irremplaçable…

Nous voudrions redevenir enfant et nous remettre à cette humble et sublime école de Nazareth ».

Il présente trois grandes leçons de cette vie de la Sainte Famille : silence, vie familiale et travail.

Nazareth nous enseigne que Dieu veut établir avec son peuple un style de relations

auxquelles le peuple juif n’était pas habitué selon les textes de la bible : c’était des séances de tonnerre et de tremblements de terre.

Dieu exigeait l’obéissance en suscitant la peur.

Cependant des  prophètes comme Isaïe et Ezéchiel avaient annoncé un nouveau style de relations :

« j’inscrirai ma loi dans leur cœur, je serai leur Dieu et ils seront mon peuple ».

Dieu s’offre comme compagnon de route dans une demande d’amour.

C’est la Nouvelle Alliance  qui est en route avec  cet enfant qui naît de Marie et est élevé à Nazareth.

Le cadre de vie à Nazareth

A force de voir les statues de marbre de la Sainte Famille, un saint Joseph couronné, la Vierge habillée comme une impératrice,

on pourrait risquer d’oublier que rien ne distinguait cette jeune famille avec un jeune enfant des autres habitants de Nazareth.

Rien d’apparent mais une foi mise à l’épreuve très vite.

’ange avait dit à Marie : « il sera grand, il sera appelé le Fils du Très-Haut ;

il règnera pour toujours sur la maison de Jacob et son règne n’aura pas de fin ». (Luc 1, 32-33).

Voici que la loi de l’occupant romain impose d’aller à Bethléem

où interviendra la naissance de l’enfant dans un contexte de pauvreté exigeante.

Aussitôt se dresse contre ce nouveau-né l’orgueil d’Hérode qui décide de le supprimer et contraint de fuir en Égypte.

A douze, treize ans, c’est l’âge de la bar mitsva, c’est à dire de la majorité religieuse du jeune juif,

le moment où il est reçu officiellement dans sa communauté.

La famille se déplace à Jérusalem pour la circonstance et nous savons comment Jésus, sans les prévenir, reste à Jérusalem,

autour des docteurs de la loi. 

Au reproche de sa mère, il aura une mystérieuse réponse : « comment se fait-il que vous m’ayez cherché ?

Ne le saviez-vous pas ? C’est chez mon Père que je dois être ».

 Saint Luc note clairement : « ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait (Luc,2,49).

Mais l’évangéliste continue : il descendit avec eux pour rentrer à Nazareth et il leur était soumis…

il grandissait en sagesse, en taille et en grâce sous le regard de Dieu et des hommes » (Luc 2,49-52)

La vie familiale

Au village de Nazareth, un bourg  rural où la majorité de la population vit du travail de la terre et des arbres fruitiers :

vigne, figuiers, orangers. Joseph est charpentier. Marie est ménagère comme les autres femmes de Nazareth.

Jésus apprend, à l’adolescence, son métier auprès de Joseph et continuera à l’exercer jusqu’à son départ pour l’annonce de l’Évangile.

Saint Luc note que l’enfant grandissait et se fortifiait tout rempli de sagesse et la grâce de Dieu était avec lui.

Il apprend  à lire et à calculer comme les enfants du village.

Lorsque Jésus, surprenant ses disciples par ses temps de prière, aura à répondre à leur demande : enseigne-nous à prier,

il n’inventera pas une prière tout à fait nouvelle : le notre Père est inspiré des formules traditionnelles apprises à la maison.

Le juif religieux priait trois fois par jour. Jésus a appris à prier auprès de ses parents.

A l’âge de douze ans, il accompagne Joseph à la synagogue le jour du sabbat, notre samedi.

Il sait lire l’araméen, la langue parlée. On l’invitera à le faire un jour au début de sa vie publique et il commentera le texte sacré.

Une réflexion  de Jésus à Jérusalem : c’est chez  mon Père que je dois être a dû rester dans la mémoire de Joseph

pendant les années où il participera à l’éducation de cet enfant. Il leur était soumis dit saint Luc.

Joseph, de son côté, est respectueux du mode d’agir de Dieu sur cet enfant, puis adolescent, jeune homme et compagnon de travail.

La tentation nous aurait sans doute habités de voir les choses aller plus vite.

Il y a tant à faire.  C‘est sa mère, Marie, qui va bousculer le plan de la patience.

C’était à Cana où les deux, Marie et Jésus, étaient invités. 

Ils n’ont plus de vin ! dit Marie à son fils.  C’est la honte pour les familles des mariés.

Mon heure n’est pas encore venue, et tout va démarrer. C’est le premier miracle du Christ.

À retenir, l’extrême  efficacité de l’intercession de Marie.

Le métier de charpentier

Le  rôle de Joseph est d’assurer non seulement le pain quotidien mais aussi de communiquer sa science de menuisier-charpentier.

La figure de Jésus n’a pas les apparences des peintures : rien ne le distingue de ses compatriotes :

son visage, ses habits, sa démarche sont celles d’un ouvrier. Ses mains sont marquées par le travail.

Il correspond parfaitement aux conseils qu’adresse saint Paul aux Thessaloniciens :

Frères, nous vous enjoignons de vous tenir à distance de tout frère vivant dans la paresse  et il authentifie son argumentation en ajoutant :

Au nom de Notre Seigneur Jésus-Christ. (1 Th 4,11)

La leçon de Nazareth, nous est encore redite par l’office de la messe du 1er mai, fête de Joseph travailleur :

exerçant fidèle du métier de charpentier, saint Joseph brille comme un modèle admirable de travail.

Jésus formé dans le métier mérite la même admiration.

Un autre fruit de cette éducation répond bien à ce que saint Paul enseignera :

« quel que soit votre travail, faites-le avec âme comme pour le Seigneur et non pas pour les hommes ». (Col 3, 23)

Au-delà de l’effort se tenir en présence de Dieu. À la façon de Joseph et de Jésus, travailler sous le regard de Dieu et lui offrir son effort.

Car être artisan à Nazareth, c’est exercer une présence sociale :

respecter les clients, ne pas courir après l’argent, « choisir entre Dieu et l’argent » dira Jésusdépanner les gens.

Joseph nous enseigne qu’il faut agir comme si tout dépendait de nous ;

mais, le devoir accompli, être convaincu que tout bien vient de Dieu. Il a ouvert la voie à Jésus. Il est un parfait éducateur.

Il est Joseph le Juste.


 

JOSEPH, MODÈLE DU CROYANT     RSJ 1007

 

Le P. Jean Le Gall, du comité de rédaction, termine sa présentation des divers aspects de la vie de saint Joseph.

Joseph est présenté dans le point central de sa mission dans l’Église : dans sa vie comme dans sa mort, il est le modèle des croyants.

 

Joseph de Nazareth est un villageois, un artisan, un charpentier. Il vit avec une épouse qui s’appelle Marie.

Un enfant donne au foyer une lumière telle que le désirent tous les ménages.

Aux yeux des habitants, rien de particulier. Joseph cependant est, avec Marie, le dépositaire d’un mystère divin.

Un ange de Dieu avait dit à Joseph : ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse ; ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit Saint.

Il va donner le nom à cet enfant bien qu’il ne soit pas né de lui. 

«  Cette  famille, écrit Jean Paul II, est le prototype et l’exemple de toutes les familles chrétiennes ».

Et le pape Léon XIII : «  Joseph brille entre tous par la plus auguste dignité, parce qu’il a été, de par la volonté divine,

le gardien du Fils de Dieu, regardé par les hommes comme son père.

D’où il résultait que le Verbe de Dieu était humblement soumis à Joseph, qu’il lui obéissait

et qu’il lui rendait tous les devoirs que les enfants sont obligés de rendre à leurs parents »

(Léon XIII, encyclique  quamquam pluries, 1889).

La noblesse du travail

 

La vie à Nazareth est consacrée au travail.

C’est le gagne-pain quotidien, à part le repos du sabbat, le samedi, où l’on se rend à la synagogue.



la fête de saint Joseph, patron des travailleurs.

Joseph participe à l’achèvement de la création.

Le Concile Vatican II  a produit un grand texte intitulé l’Église dans le monde de ce temps où  il est dit par exemple :

« l’homme, créé à l’image de Dieu, a reçu l’ordre de soumettre la terre et tout ce qu’elle contient,

de gouverner l’univers avec sainteté et justice, ces hommes et ces femmes qui, en gagnant leur vie et celle de leur famille,

exercent leurs activités de manière à bien servir la société, ont le droit de considérer que leur travail développe l’œuvre du Créateur ».

Nous savons que la réalité quotidienne est parfois lourde et injuste.

Ce fut vrai au temps de Joseph lui-même où proliférait l’esclavage de milliers de personnes.

C’est malheureusement vrai de nos jours : nous avons connu en France - et notamment dans les Antilles - des tensions sociales.

Le monde du travail doit découvrir la morale, l’éthique humaine dans les rapports sociaux.

Travailler pour produire assez pour vivre, travailler pour procurer plus de richesse, mais pas en oubliant la priorité de la dignité humaine.   

   L’exemple de Joseph travailleur confirme que le travail est proche du mystère de la Rédemption, dit le pape Paul VI.

« Saint Joseph est le modèle des humbles ; il est la preuve que, pour être de bons et authentiques disciples du Christ,

il n’y a pas besoin de grandes choses : il faut seulement des vertus communes, humaines, simples, mais vraies et authentiques ».

Saint Joseph a terminé sa vie en beauté

Saint Joseph aurait pu attirer l’attention sur lui. Sa vocation n’est-elle pas unique dans l’histoire de l’humanité ?

Nous n’avons que son silence. Pas un mot de lui dans les Évangiles.

Ne sommes-nous pas tentés de céder à nous-mêmes aux dépens de la source divine ?

Tentation d’indépendance en faveur de nos désirs parfois dangereux sinon coupables.

Jésus dans sa vie publique interviendra pour corriger les ambitions de ses disciples.

Un jour, ils discuteront, en secret, de leur avenir si Jésus le Messie prenait  le pouvoir politique.

« Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous » sera la leçon du maître.

N’est-ce pas une sorte de préparation à la mort ?

Travailler au détachement des ambitions terrestres est une préparation à l’accès à la vraie vie, à la vie de Dieu. 

Bien vieillir, écrit Gilbert Cesbron, est affaire de transparence et Mgr Helder Camara constate :

« Ce n’est pas facile de bien vieillir, et cependant si nous pouvions, avec la grâce du Seigneur,

vieillir par le dehors sans vieillir par le dedans, garder l’espérance ».

N’est-ce pas ce que l’on peut penser de l’attitude de Joseph ? Homme de l’attente et nullement de la peur.

(Sur la vieillesse, il existe un petit livre merveilleux  intitulé  Vieillir sans devenir vieuxEd. Desclée de Brouwer).

Saint Joseph garde le silence. Il achève sa mission (aux yeux du monde) sous le regard aimant de Jésus et de Marie.

Jésus a la voie libre pour sa vie publique. Son rôle fini, Joseph n’encombre personne.

La fidélité à sa vocation va jusqu’à l’effacement total.

Et, en cela, il est un maître, maître de l’Espérance tendue vers la rencontre de Dieu.

C’est le manque d’espérance qui fait oublier que Dieu est Père.

Saint Joseph priait avec ce psaume : « C’est toi, mon espoir, Seigneur, depuis le temps de ma jeunesse.

Maintenant que déclinent mes forces, ne m’abandonne pas ». (Ps 71)

La dévotion à saint Joseph, patron de la bonne mort, est un élément qui doit nourrir la confiance.



30/12/2010
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