Notre-dame-de-lourde-créateur-francois-partie-01 et 2

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Sainte Élisabeth de Hongrie neuvaine


Sainte Élisabeth de Hongrie neuvaine

Avertissement


Tous les maîtres de la vie spirituelle sont unanimes à dire que la lecture de la vie des saints est un des plus puissants moyens d'éveiller en nous le désir de la sainteté et de nous exciter aux efforts nécessaires pour l'acquérir. Ils nous ont été donnés en exemple, dit l'Imitation, et ils doivent avoir une plus grande force pour nous exciter au progrès, que la masse des tièdes pour nous porter au relâchement. » (Imitation de Jésus-Christ liv. 1, Ch. 18.) Mais combien cet exemple est plus puissant encore, s'il est aidé par leur intercession, si nous la leur demandons pieusement en méditant les vertus dans lesquelles ils ont spécialement excellé! Nous espérons que cette neuvaine de méditations, tirées de la vie de sainte Élisabeth, sera d'un grand secours pour ceux qui voudront lui demander la grâce de l'imiter dans la pratique de la sainteté. Et comme sainte Élisabeth s'est sanctifiée dans le monde, nous espérons aussi qu'elle obtiendra des bénédictions efficaces pour les personnes du monde qui voudront l'imiter.

 

Premier jour

L'oraison de Sainte Élisabeth

 

La prière, dans toute l'acception du mot, est la première condition à remplir pour arriver à la sainteté. « A mon avis, dit saint Jean Chrysostome, il est absolument évident, qu'il est simplement impossible, sans le secours de la prière, d'acquérir une vertu et de faire aucun progrès dans cette vie ». La chose est évidente, parce que la sainteté est un don de Dieu, mais un don qu'il donne à qui le demande et à qui le demande avec les conditions voulues. Pour recevoir la grâce, il faut se mettre en communication avec Dieu c'est pourquoi la prière est une élévation de l'âme vers Dieu élévation qui se fait au moyen de toutes les puissances de l'âme par la pensée qui considère Dieu en lui-même, dans ses œuvres et dans ses bienfaits, dans les mystères de la vie et dans la mort de Jésus-Christ; par la volonté en s'attachant continuellement à faire la volonté de Dieu, de manière à ce que notre volonté n'en fasse plus qu'une avec la sienne; par le cœur, en aspirant ardemment à la possession de ce souverain bien. C'est la continuité de cette triple action de l'âme qui forme l'état d'oraison permanente, et qui réalise la parole de Notre-Seigneur: « Il fait toujours prier et ne jamais cesser de prier ». (Saint Luc 18: 1.) Mais la sainteté ne regarde pas seulement l'âme elle doit rejaillir  sur le corps, et il faut que ce dernier participe à cette élévation par la prière vocale, par les génuflexions, etc. En un mot, il faut que l'homme prie tout entier, et prie toujours. C'est par cette prière humble et continuelle qu'il arrive à pénétrer les nuées qui lui cachent la vue de Dieu et qu'il sentira son regard bénissant et sanctifiant. (Ecclésiastique 35: 21.)


Sainte Élisabeth est arrivée à la sainteté, parce que, comme tous les saints, elle a commencé par prier. A peine eut-elle l'usage de sa raison naissante qu'elle apprit à élever son âme vers Dieu. Tout enfant, elle méditait les paroles de la sainte Écriture; elle aimait surtout à aller contempler de longues heures Jésus-Christ au sacrement de l'autel. Et cette habitude de tenir sa pensée fixée sur Jésus-Christ crucifié devint tellement forte, qu'elle le voyait pour ainsi dire toujours en elle-même. Dès lors, quelle énergie à faire sa volonté et à conformer en tout sa volonté à celle de son modèle! Mais elle ne se contentait pas de le contempler ainsi en elle-même. Elle passait de longues heures et parfois des nuits entières dans la posture de l'adoration et de la prière. Cette prière ardente et continuelle établissait comme un courant ininterrompu entre Dieu et la Sainte. Du côté de la Sainte, aucune pensée, aucune action, aucun mouvement qui ne fussent méritoires, parce qu'ils étaient tous revêtus de la présence féconde de Dieu; du côté de Dieu, c'étaient des flots de grâces qui coulaient dans l'âme de la Sainte, la remplissant continuellement et augmentant en même temps ses capacités surnaturelles. A ce point de vue, l'histoire de sainte Élisabeth est l'histoire de tous les saints; et cette histoire nous trace d'une façon absolument exacte ce  que nous avons à faire pour arriver à la sainteté. Ce serait une funeste erreur que de prétendre y arriver par un autre moyen, puisque sans la prière nous ne pouvons pas espérer le moindre secours de la part de Dieu.


Sainte Élisabeth, apprenez-nous à prier. Apprenez-nous d'abord la nécessité de prier, ensuite comment nous devons prier. La prière nous ennuie, nous fatigue rapidement, et parce qu'elle nous ennuie et nous fatigue, nous nous persuadons bien vite qu'elle n'est pas nécessaire, et nous inventons une foule d'autres raisons pour nous abstenir de prier. C'est là un grand malheur pour nous, parce que sans la prière nous ne pouvons pas nous sauver. A nous qui aimons relire votre vie admirable, qui admirons vos vertus extraordinaires, qui vous louons d'être arrivée à la céleste paix, d'être entourée d'une gloire qui vous distingue au milieu de l'assemblée des saints, donnez-nous, ô aimable Sainte, votre amour de la prière. Et pour que nous aimions prier, obtenez-nous d'éprouver quelquefois le bonheur de nous sentir en communication avec Dieu. On dit que lorsqu'on a goûté une fois ce bonheur, on le recherche de préférence à tout autre. Quoique nous ne le méritions pas, nous osons pourtant vous le demander, afin d'être entrainés à votre suite dans l'union continuelle avec Dieu et afin d'arriver à cette gloire que vous possédez. Ainsi soit-il.


Notre Père, Je vous salue Marie


Prière tirée de l'Office de sainte Élisabeth


Éclairez, ô Dieu de miséricorde, les cœurs de vos fidèles et, en vertu des glorieuses prières de la bienheureuse Élisabeth, donnez-nous la grâce de mépriser les biens de ce monde et de mettre pour toujours notre joie dans les biens célestes; par Jésus-Christ, notre-Seigneur. Ainsi soit-il.


Sainte Élisabeth, priez pour nous.

 

Deuxième jour
La dévotion de Sainte Élisabeth envers l'Eucharistie


« Approchez et rassasiez-vous, car c'est une nourriture; approchez et buvez, car c'est une source d'eau vive approchez et remplissez- vous de clarté, car c'est une lumière; approchez et soyez libres, car là où est l'esprit du Seigneur, là est la liberté: approchez et soyez pardonnés, car l'Eucharistie est la rémission des péchés ». (Saint Ambroise.) L'Eucharistie est la possession invisible de Dieu sur la terre, comme la vision béatifique est la possession visible de Dieu dans le ciel. Nul ne peut aspirer à posséder Dieu dans le ciel s'il ne cherche pas à le posséder sur la terre. « Je vous le dis en vérité, si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme, vous n'aurez pas la vie en vous ». (S. Jean, 6: 54.) La prière par laquelle l'âme s'élève vers Dieu doit être complétée par la communion qui est la possession de Dieu. Tous les saints ont cherché à recevoir la sainte Eucharistie; tous les saints ont eu envers la présence réelle de Notre-Seigneur une grande dévotion. Sainte Élisabeth, tout enfant, aimait à se trouver au pied du tabernacle, à se prosterner sur le pavé devant ce Dieu que son cœur voyait sur l'autel. Quand la chapelle était fermée, elle se prosternait devant la porte et en baisait la serrure. Sa dévotion était amoureuse et humble. Le temps qu'elle passait dans l'intimité avec son Dieu, soit qu'elle le visitât, soit qu'elle le possédât par la communion, se passait en épanchements pleins de tendresse, auxquels Notre-Seigneur répondait par des communications ineffables. Dans la conscience vive qu'elle avait de la bassesse humaine en face de la Majesté divine, elle s'anéantissait le plus qu'elle pouvait en sa présence volontiers elle se serait-dépouillée de tout ornement, de toute marque de distinction ce qu'elle faisait d'ailleurs autant qu'elle pouvait au temps de sa prospérité, et ce qu'elle fit avec bonheur aux jours de l'épreuve et de la retraite. C'est là qu'elle trouva la force, la lumière, la vraie liberté; c'est dans un de ces entretiens qu'elle reçut de Notre-Seigneur l'assurance que tous ses péchés lui étaient pardonnés.


Jésus dans l'Eucharistie est le centre de la vie chrétienne, le foyer de la vraie sainteté. C'est lui qui sert d'intermédiaire entre son Père et nous, et rien ne vient de Dieu jusqu'à nous sinon par Jésus dans l'Eucharistie, rien ne peut aller de nous jusqu'à Dieu sans passer par Lui. La dévotion envers la sainte Eucharistie nous est donc absolument nécessaire. Elle est strictement nécessaire au salut, car celui qui ne la reçoit pas n'a pas la vie; plus on la fréquente, plus on assure son salut, et le travail de la sainteté n'est pas autre chose que l'effort continu pour assurer son salut le plus possible. Mais la sainteté est aussi la participation à la vie divine; elle est comme la déification de l'homme, qui ne peut s'obtenir que par la communication aussi fréquente que possible, et même aussi continuelle que possible de Dieu lui-même communication qui s'opère surtout dans l'Eucharistie en même temps adorée, désirée et reçue. Adorer l'Eucharistie, la désirer et la recevoir tel est le commencement, la croissance et la perfection de la vie chrétienne.


O sainte Élisabeth, qui avez si bien connu la source de la perfection, qui y avez puisé avec tant d'avidité la vie surnaturelle et divine, et qui en. avez reçu cette sainteté qui fait l'admiration du monde et la joie du ciel, obtenez-nous par votre bienveillante intercession l'amour de la sainte Eucharistie. Entraînez-nous à votre suite au pied du tabernacle, et là, apprenez-nous à adorer le Dieu d'amour qui y réside, à le désirer de toutes les puissances de notre âme, et à le recevoir avec tout l'amour d'un cœur pur comme le vôtre, afin qu'après en avoir reçu la force, la lumière et l'assurance que nos péchés nous sont pardonnés, nous puissions le posséder avec vous dans l'éternité bienheureuse. Ainsi soit-il.


Notre Père, je Vous salue Marie

Prière (Comme au premier jour.)

 

Troisième jour
La mortification de Sainte Élisabeth

 

« Le lutteur dans l'arène s'abstient de tout ce qu'il fait pour une couronne corruptible, nous devons le faire pour gagner une couronne incorruptible. (1 Cor. 9, 25.) Pour aller à Dieu, il faut avoir dépouillé son cœur de toute affection aux créatures. « Le renoncement n'est pas autre chose que la rupture de tout ce commerce terrestre et temporel, rupture qui, nous élevant au-dessus des inquiétudes et des préoccupations de la vie humaine, nous rend plus prompts et plus aptes à arriver à la contemplation de Dieu ». (Saint Bernard.) Mais ce que l'on entend proprement par mortification, consiste plus spécialement dans le renoncement à toutes les satisfactions du corps, et son but est de détruire la loi de la chair par l'asservissement et au besoin l'affaiblissement des instruments de cette loi, qui sont les membres du corps et les facultés sensibles. Le corps porte à la mollesse doit être châtie par la douleur, dompté par la fatigue et par le jeûne. En un mot, il faut faire mourir l'homme charnel, afin de faire vivre exclusivement l'homme spirituel. « Plût à Dieu, s'écrie saint Bernard, que je tombe souvent dans cette mort, pour éviter les pièges de la mort, pour ne plus sentir les caresses mortelles de la luxure, pour échapper au sentiment de la passion, à l'ardeur de l'avarice, aux aiguillons de la colère et de l'impatience, aux angoisses des inquiétudes et au tourment des soucis ». Pour suivre Jésus-Christ, il faut être dépouillé de tout et porter après lui la croix de la douleur. « Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il se renonce lui-même, qu'il porte sa croix et me suive ». (Saint Matthieu 26: 24.)


Sainte Élisabeth avait merveilleusement compris les avantages de la mortification. Dès l'enfance, elle s'habituait à se priver de tout ce qui n'était pas absolument nécessaire. Tout d'abord son premier soin fut de se soumettre exactement aux pénitences imposées par les lois de l'Église. Elle fut scrupuleuse observatrice des lois de l'abstinence, et plus d'une fois elle ne mangea, malgré de grandes fatigues, que du pain et de l'eau. Ce qui est imposé par une loi stricte doit être observe par le sentiment de la justice, vertu qui est la base nécessaire de la vie chrétienne. Le sentiment de l'amour de Dieu poussait ensuite la Sainte à des actes de mortification de son propre choix, tels que les jeûnes de surérogation, les longues prières la nuit à genoux, maigre le froid et la fatigue, la discipline et le cilice qu'elle gardait sous ses vêtements d'apparat. Ainsi se mortifiait-elle dans les jours de sa vie prospère. Mais avec plus de joie encore elle accepta les douleurs qui accompagnèrent l'injustice dont elle fut victime; car elle savait que les mortifications qui nous viennent d'une volonté étrangère sont plus méritoires que celles que nous nous imposons par notre propre volonté car il est plus parfait de briser notre volonté que de lui obéir. Dès lors Élisabeth remercia Dieu d'avoir été dépouillée de tout; elle se réjouit vivement des humiliantes brutalités des personnes auxquelles elle avait fait du bien elle se montrait heureuse de mendier son pain et de travailler péniblement pour le gagner. Elle se disait plus riche avec sa quenouille qu'avec un sceptre, dans sa chaumière de Marbourg que dans le château de Wartbourg; elle se nourrissait avec plus de joie du pain des pauvres que des mets de la table ducale.


Sainte Élisabeth, vous avez entendu la parole de l'Apôtre: « La femme qui vit dans les délices parait vivante, mais elle est morte » (1 Timothée 5, 6); et vous avez repoussé toutes les délices de la vie temporelle. Vous avez cherché, à force de mortifications, à accomplir en vous la Passion du Christ; et vous avez accepté avec joie toutes les douleurs de l'âme et du corps, afin de ressembler à Jésus-Christ crucifié. Vous êtes allée à Jésus en rompant tous les liens qui vous rattachaient aux créatures, vous avez voulu en tout mourir au monde pour vivre en Dieu; et maintenant que vous jouissez en paix de la glorieuse couronne que vous avez conquise par vos travaux, entraînez-nous à votre suite dans cette voie de l'abnégation qui vous a conduite à la glorieuse béatitude. Obtenez-nous par votre intercession de comprendre que pour ne pas s'agiter en vain, il faut, comme le dit l'Apôtre, châtier son corps et le réduire en servitude. (I Cor. 9, 27.) Sainte Élisabeth, par vos exemples et par votre intercession, conduisez-nous au séjour de la paix. Ainsi soit-il.

 

Notre Père, je Vous salue Marie

Prière (Comme au premier jour.)

 

Quatrième jour

La patience de Sainte Élisabeth


Tous ceux qui veulent vivre pieusement dans le Christ souffriront la persécution » (2 Timothée 3:12.) Cette parole de l'Apôtre n'est que l'écho de celle de Notre-Seigneur: « Le serviteur n'est pas plus grand que son maître, s'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront aussi. »  (Saint Jean, 15, 20.) « Je vous le dis en vérité, vous pleurerez et le monde se réjouira tandis que vous serez dans la tristesse ». (Saint Jean, 16: 20). Le monde n'accepte point la leçon que lui donne l'exemple de la vertu. La vue de la sainteté, le spectacle de la vertu excite sa haine, au point que le chrétien qui n'est en butte à aucune persécution ou contradiction de la part du monde peut s'inquiéter au sujet de la réalité de sa vertu. « C'est donc armés de la patience que nous devons courir au combat qui nous est proposé, en fixant notre regard sur Jésus, l'auteur et le consommateur de notre foi, préférant la croix à la joie qui  lui était offerte, et méprisant la honte de ce supplice ». (Hébreux 12: 1-2.) Mais ce n'est pas seulement la persécution qu'il faut savoir endurer avec patience, ce sont encore les tristesses (1ere Épitre de Saint Pierre, 2: 20) de la vie, les déceptions, les déboires de toutes sortes qui nous viennent des chrétiens aussi bien que des impies, des proches autant et plus que des étrangers; ce sont toutes ces blessures du cœur et de l'âme, bien plus douloureuses encore que celles du corps. C'est en tout ce qui constitue la vie chrétienne que nous pouvons nous appliquer ces paroles de saint Pierre: « Le secret de votre vocation, c'est que le Christ a souffert pour vous, vous laissant un exemple pour que vous marchiez sur ses traces ». (Ibid. 2, 21.)


Sainte Élisabeth a supporté, réunis en elle, tous les genres de douleurs. Jeune fille, elle a vu sa piété tournée en dérision par ceux qui auraient dû l'encourager et s'en réjouir. Plus tard, après de bien courtes années de bonheur terrestre, où elle ne laissa point son cœur s'amollir, elle dut subir les plus grandes douleurs qu'il soit donné à une femme de supporter. Elle est dépouillée de tout ce qu'elle possède, chassée ignominieusement de sa maison, elle est condamnée à entendre les cris de ses enfants souffrant de la faim. Tendant la main pour demander l'aumône, elle éprouve la honte du refus de la part de ceux-là même qu'elle avait comblés de ses bienfaits. Les injures les plus grossières lui sont prodiguées, et pour qu'elle ressemblât davantage à Jésus-Christ, l'époux divin auquel elle avait voué son veuvage, ses proches publient à l'envi qu'elle est tombée dans la démence et la folie. En toutes ces douloureuses épreuves, Élisabeth garde son âme dans la patience. Pensant à celui qui voulut subir la contradiction des pécheurs, elle ne laissa point défaillir son esprit. Au contraire, elle accepta tout avec j oie quelle que fût la source de la douleur, qu'elle qu'en fût la grandeur ou l'ignominie, jamais elle ne l'accueillit autrement que venant de la main de Dieu, et toujours elle se montra heureuse d'avoir été jugée digne de souffrir quelque chose pour son Dieu.


O sainte Élisabeth, quelle distance entre vous et nous. Nous ne pouvons supporter la moindre contradiction, le moindre manque de respect; la moindre douleur nous exaspère, la moindre tristesse nous accable, et le moindre déboire nous décourage complètement. Toute douleur nous fait regimber violemment, et de cette arme que Dieu met entre nos mains pour vaincre la nature rebelle et tuer la concupiscence, nous faisons un instrument de mort en la tournant contre nous-mêmes de ce moyen tout-puissant pour acquérir des mérites et pour nous rendre semblables à notre divin modèle, nous faisons une occasion de démérite et une cause de perte. Donnez-nous une charité plus vraie; car si notre charité était véritable, elle ne craindrait pas le feu de la tribulation. La tribulation purifie et éprouve la charité comme le feu purifie et éprouve l'or. Celui qui aime Dieu vraiment ne craint pas la douleur; il se dit avec vous, ô bienheureuse Élisabeth, heureux d'avoir été jugé digne de souffrir pour le nom de Jésus-Christ. Obtenez-nous cette vraie charité, afin que, mettant à profit les peines de cette vie, nous nous en servions pour parvenir à la gloire céleste. Ainsi soit-il.

 

Notre Père, je Vous salue Marie

Prière (Comme au premier jour.)

 

Cinquième jour
La pauvreté de Sainte Élisabeth


« Bienheureux les pauvres en esprit, parce que le royaume des cieux est à eux ». (Saint Matthieu 5, 3.) « Nous n'avons rien apporté dans le monde; il est hors de doute que nous ne pourrons rien emporter. Mais si nous avons de quoi manger et de quoi nous couvrir, nous devons nous en contenter. Car ceux qui veulent devenir riches tombent dans la tentation et dans le piège du démon, et dans une foule de désirs inutiles et nuisibles qui submergent les hommes pour leur mort et pour leur perdition » (1 Timothée 6, 8-9.) « Fuis tout cela, ajoute l'Apôtre, et suis la justice, la piété, la Foi, la Charité, la patience, la mansuétude ». Notre-Seigneur l'a dit dans son Évangile on ne peut pas en même temps servir Dieu et l'argent. Le bien infini qui est Dieu, et le bien temporel sont opposés l'un à l'autre, de telle sorte que l'on ne peut rechercher l'un sans s'éloigner de l'autre on ne peut entrer en possession réelle de Dieu qu'après s'être absolument détaché de tout bien temporel et toute âme qui veut arriver à Dieu ne doit plus désirer autre chose que Dieu; il doit regarder Dieu comme son seul héritage et son seul bien. (Psaume 15: 5.) Celui qui cherche les biens terrestres perd son temps et tombe dans le piège du démon qui les fait miroiter pour nous détourner des biens éternels. Mais rappelons-nous toujours que la « vraie richesse est, non pas la fortune, mais la vertu que la conscience porte en elle-même et dont elle s'enrichit éternellement ». (Saint Bernard.)


Sainte Élisabeth comprit de bonne heure la nécessité de détacher son cœur de tout bien terrestre. Les yeux fixés sur Jésus crucifié, objet préféré de ses méditations, elle en remarque bien vite le dépouillement complet. « Contemplant celui qui étant riche s'est fait pauvre pour nous (2 Cor.,8:9); écoutant ce divin Maître dire à ses disciples: « Les renards ont des tanières et les oiseaux du ciel ont des nids; mais le fils de l'Homme n'a pas où reposer sa tête » (Saint Matthieu 8: 20) Élisabeth fut prise d'un immense désir de pauvreté. Épouse heureuse, elle rêvait de la pauvreté elle l'aimait dans les autres en attendant de l'aimer en elle-même. Et quand vint le dépouillement complet avec toutes ses rigueurs, elle s'en réjouit grandement, et, selon le mot d'Albert le Grand, heureuse d'être dégagée du souci des choses périssables, elle se confia en Dieu en toute simplicité et sécurité. « La pauvreté du Christ, dit saint Bernard, est plus riche que toutes les richesses, que tous les trésors du siècle.  C'est par elle que l'on achète le royaume des cieux, que l'on acquiert la grâce divine, comme il est écrit « Bienheureux les pauvres en esprit, parce que le royaume des cieux leur appartient ». Tous les saints ne sont devenus des saints que parce qu'ils ont méprisé les biens temporels pour s'occuper uniquement d'acquérir les biens éternels. Dieu lui rendit ses biens, mais alors, elle s'en dépouilla volontairement. Elle n'en retira qu'un privilège, celui de pouvoir enrichir les pauvres de sa pauvreté.  « Qu'aurait-elle cherché de plus, puisque son Créateur était tout pour elle: D'ailleurs quelle fortune suffirait à celui à qui Dieu ne suffit pas ». (Saint Prosper.)


« Bienheureuse celle qui n'est pas allée à la recherche de l'or, et n'a pas mis son espérance dans les trésors de la richesse. Quelle est elle pour la louer? » (Ecclésiastique 31 8-9.) C'est vous, ô Élisabeth, cette femme judicieuse, qui avez cherché le vrai bien là où il est réellement, et qui avez accepté avec joie d'être dépouillée de vos biens, parce que vous aviez une ressource meilleure et permanente » (Hébreux 10: 34.) De cette richesse que Dieu avait mise entre vos mains, vous en avez usé non pour satisfaire des goûts de luxe ou d'ambition, mais pour secourir Jésus-Christ dans la personne des pauvres. Sainte Élisabeth, intercédez pour nous, afin que nous comprenions le néant des biens terrestres obtenez-nous de nous réjouir de manquer de quelque chose, et de nous estimer heureux d'être libres des soucis de la richesse, afin d'être plus agiles à suivre Jésus-Christ dans la voie étroite où l'on ne peut marcher que dépouillé de tout, mais par laquelle on arrive à la possession de la vraie richesse. Ainsi soit-il.

 

Notre Père, je Vous salue Marie

Prière (Comme au premier jour.)

 

Sixième jour

L'humilité de Sainte Élisabeth


« En vérité, je vous le dis, si vous ne vous convertissez pas et si vous ne devenez pas comme de petits enfants, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux. Celui qui s'humiliera comme ce petit enfant, sera le plus grand dans le royaume des cieux ». (Saint Matthieu 28:4) Les rois des nations les dominent, et ceux qui ont la puissance les hommes sont appelés bienfaiteurs. Mais, pour vous, il n'en sera pas de même! Celui qui voudra être le plus grand parmi vous doit se faire votre serviteur, et celui qui marche devant les autres doit être comme leur administrateur ». (Saint Luc, 22: 25-26.) L'humilité est tellement nécessaire, que, sans elle, il est impossible d'acquérir une vertu solide, impossible d'élever l'édifice de la perfection chrétienne et d'arriver à la sainteté. L'humilité est le fondement de la vraie vie chrétienne. « Celui qui veut construire un édifice élevé, dit saint Augustin, doit d'abord en poser le fondement et plus il veut que cet édifice soit lourd et haut, plus il faut un fondement profond ». Notre-Seigneur nous fait de l'humilité un précepte nécessaire, et il nous en donna un exemple que nous devons suivre: « Apprenez de moi, dit-il, que je suis doux et humble de cœur ».  (Saint Matthieu 11: 29.) Il pratiqua l'humilité de la façon la plus absolue et nul ne l'égalera dans son humilité. Il fut humble envers son Père, car pour réparer l'injure que l'orgueil des hommes avait faite à sa gloire, il s'abaissa jusqu'à se faire esclave. Il fut humble envers lui-même, car il refusa constamment les honneurs et les dignités et n'accepta que la confusion et l'ignominie. Il fut humble envers les hommes, car, dit-il, « voici suis au milieu de vous comme votre serviteur ». (Saint Luc, 22: 27.) La gloire céleste nous est donnée en proportion de notre humilité; et si Jésus-Christ est élevé dans son humanité sainte au-dessus de toute créature, c'est qu'il s'est abaissé plus que toute créature.


Sainte Élisabeth a imité notre divin modèle autant qu'une créature humaine peut l'imiter. Dès son enfance, elle éprouvait les plus vifs sentiments de sa bassesse naturelle en face de Dieu. En voyant Jésus couronné d'épines, elle éprouvait une confusion extrême d'avoir une couronne d'or sur la tête, et ce sentiment allait parfois jusqu'à l'évanouissement. Elle acceptait volontiers d'être comptée pour rien et quand elle fut libre d'agir à sa guise, sa préoccupation constante fut de s'abaisser. Non seulement elle se faisait la servante des pauvres, des malades et des infirmes, les soignant de ses propres mains et leur rendant les services les plus répugnants, mais elle se réjouissait quand ceux à qui elle avait ainsi rendu service la méprisaient ou l'outrageaient. Elle disait: « Si je connaissais quelque genre de vie plus bas et plus abject, je l'embrasserais pour me conformer davantage, pour me rendre plus semblable encore à mon Seigneur Jésus-Christ, qui, étant le premier de tous, s'est abaisse et s'est fait le dernier des hommes, pour nous donner l'exemple que nous devons suivre car c'est en cela que consiste l'achèvement de la perfection ». Elle s'efforça d'être ignorée en tout, jusque dans cet exercice de la charité qui lui était si cher. A l'église, elle était vêtue comme les femmes du peuple, pour être confondue au milieu d'elles elle donnait des offrandes semblables aux 
offrandes du peuple, pour que rien ne la fit remarquer et dans ses aumônes, elle se soumit à ne donner que ce que donne la charité du peuple. C'est ainsi qu'en s'abaissant chaque jour davantage, Élisabeth rendait chaque jour sa sainteté plus solide et pouvait élever plus haut l"édifice de son admirable perfection.


Sainte Élisabeth, combien notre conduite est différente de la vôtre. Nous oublions l'exemple de notre divin Maître. Nous avons la prétention d'arriver à la sainteté sans en jeter les fondements; nous bâtissons sur le sable un édifice éphémère que le torrent de la concupiscence, que le vent de la contradiction emportent aussitôt; et, après avoir bien travaillé, souvent, nous nous trouvons dénués de tout au milieu de nos résolutions en ruines. Apprenez-nous par votre exemple que l'édifice de notre perfection et de notre salut n'est pas notre œuvre; obtenez-nous les lumières nécessaires pour bien comprendre que notre rôle à nous est de creuser les fondements le plus profondément possible et que pour l'édification de notre œuvre surnaturelle, il faut laisser agir en nous la grâce sans y mettre obstacle. Notre action à nous consiste à nous mettre le plus bas possible, à la dernière place, comme le dit Notre-Seigneur c'est lui, ensuite, l'hôte divin de notre âme, qui nous fera monter plus haut. Bienheureuse êtes-vous, ô sainte Élisabeth, d'avoir compris cette nécessité; maintenant vous régnez sur le trône de gloire que vous a prépare l'Époux divin dont vous vous êtes faite la très humble servante. Obtenez-nous la grâce de vous imiter dans votre humilité, afin de pouvoir vous suivre dans le ciel où vous régnez. Ainsi soit-il.

 

Notre Père, je Vous salue Marie

Prière (Comme au premier jour.)

 

Septième jour

L'obéissance de Sainte Élisabeth


« L'obéissance, dit saint Jean Climaque, est la parfaite abnégation de son âme et de son corps c'est une mort volontaire c'est la marche sans sollicitude, la navigation sans péril, c'est l'ensevelissement de la volonté c'est l'humilité vécue, c'est la route faite comme en dormant. Vivre dans l'obéissance, ce n'est pas autre chose que mettre son propre fardeau sur les épaules d'un autre, que nager porté par les bras d'un autre qui nous empêche de couler dans l'abîme des eaux, c'est traverser sans péril et rapidement la mer de cette vie ». Quelle que soit la mortification à laquelle on se soumette, la pauvreté et le dépouillement que l'on s'impose, on fait encore sa volonté. Or, faire sa volonté, c'est moins parfait et moins sûr que de faire la volonté de Dieu personnifiée en quelqu'un qui est dépositaire de son autorité. Dans la vie religieuse, l'obéissance est imposée comme une condition absolument nécessaire, et le religieux s'y soumet par un vœu strict, trouvant en cela l'élément le plus fécond de sa sainteté et de son progrès dans la sainteté. Dans le monde, celui qui veut arriver à la sainteté n'est pas dépourvu de ce moyen nécessaire entre tous Dieu nous a donné un directeur, et en obéissant à ce directeur, nous avons tous les avantages de l'obéissance. C'est par ce moyen, principalement, que la sainteté est possible dans le monde; car, dans le monde, la sainteté est soumise également à la nécessité d'imiter Jésus-Christ qui s'est fait obéissant jusqu'à la mort et à la mort de la croix.


Sainte Élisabeth avait compris que, de même que l'humilité est le fondement de toutes les vertus, l'obéissance est comme le ciment qui consolide l'édifice de la perfection. Elle fut obéissante à son mari en tout ce qui regardait la vie temporelle; elle fut obéissante à son directeur en tout ce qui regardait la vie spirituelle. Elle avait si bien saisi la nécessité de cette obéissance, qu'elle n'hésita pas à s'y astreindre par un vœu et, malgré la dureté de ce directeur, elle lui fut fidèle en tout point. Ce directeur cherchait à briser en tout la volonté de sa sainte pénitente, et celle-ci ne se refusait à aucune de ses exigences, même dans les points qui la touchaient le plus intimement. « J'ai voulu obéir à Conrad, disait-elle, qui est pauvre et mendiant, et non à un puissant évêque, afin d'éloigner de moi toute occasion de consolation temporelle ». Elle savait que Dieu donne ses lumières, non pas en proportion de la situation extérieure, mais en proportion de la vertu et du détachement, du confesseur. La sainteté du confesseur en fait comme un miroir fidèle où les âmes peuvent se guider au rejaillissement de la lumière divine. Pour le choisir, sainte Élisabeth s'était assurée que maître Conrad réunissait surtout ces deux conditions que tous les autres maîtres de la vie spirituelle veulent trouver dans un directeur: la science et la sainteté. L'ayant donc choisi avec prudence, et s'étant livrée aveuglément à sa direction, elle ne pouvait faire autrement que de faire de rapides progrès dans la sainteté, et nous ne serons pas étonnés, dès lors, de la rapidité avec laquelle elle est arrivée à l'union avec Dieu.


O bienheureuse Élisabeth, l'histoire de votre vie nous montre que vous avez réalisé en votre personne ces paroles du prophète parlant du Christ votre divin modèle: « Je n'oppose aucun prétexte, je ne suis pas retourné en arrière, j'ai livré mon corps aux soufflets, je n'ai pas détourné mon visage de ceux qui m'outrageaient et me conspuaient » (Isaïe., 50: 6.) Vous avez obéi en tout aux dures pénitences qui vous étaient imposées, aux détachements douloureux; vous avez obéi jusqu'à diminuer l'exercice de la vertu de charité qui vous était si chère et par cette obéissance parfaite, accomplie pour imiter le Christ, vous êtes arrivée avec lui à partager sa gloire. Faites-nous comprendre la nécessité de l'obéissance apprenez-nous à marcher dans ce chemin royal qui nous conduira en toute sécurité au port du salut et de la paix. Ainsi soit-il.

 

Notre Père, je Vous salue Marie

Prière (Comme au premier jour.)


Huitième jour

La Charité de Sainte Élisabeth


Toute la vie chrétienne se résume dans la charité, qui est comme la somme ou plutôt le produit de toutes les vertus et de tous les actes vertueux. Dieu est charité, dit saint Jean (1ere Épitre 4: 8); et le chrétien doit devenir charité. La charité est le lien de la perfection (Colossiens 3: 14), par laquelle le chrétien doit ressembler à Dieu: « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. (Saint Matthieu 5: 48.) Dans son amour infini, Dieu s'aime lui-même et aime en lui-même toutes ses créatures le chrétien doit de même aimer Dieu de toutes les puissances de son être et aimer en Dieu toutes les créatures, dans l'ordre où Dieu les aime. C'est par l'amour que le chrétien marche vraiment vers sa fin et accomplit, autant qu'il est en lui, le devoir qui lui incombe de conduire, dans la mesure de ses forces, les autres créatures vers leur fin en d'autres termes, la vraie charité, le vrai amour de Dieu « est l'effort assidu de toutes les puissances de l'âme pour faire que la volonté de Dieu soit accomplie » (Saint Basile). La charité est donc « la très vraie, très entière et très parfaite justice » (Saint Augustin). Quelle chose précieuse que la charité Quand l'homme donnerait tous ses soins pour acquérir l'amour, il l'achèterait pour rien; et sa vie elle-même serait peu de chose en comparaison de la grandeur de l'amour. (Cantique des Cantiques, 8:7) Mais l'amour est  essentiellement actif. « Jamais l'amour de Dieu n'est oisif, dit saint Augustin quand il existe, il opère de grandes choses; mais s'il refuse d'agir, il n'existe pas ». « Bien plus, dit saint Thomas, l'amour de Dieu opère de grandes choses, et il croit faire peu; son zèle se multiplie et il se croit inactif les plus longs travaux lui semblent courts ». Demandons à sainte Élisabeth de nous enseigner par son exemple comment agit l'amour.

 

Sainte Élisabeth pratiqua la charité d'une manière sublime. Elle donna son cœur à Dieu seul, et, pour être vraiment à lui, elle renonça à tout. Toute sa vie ne fut qu'un dépouillement continuel, pratiquant à la lettre ce qu'a dit Notre-Seigneur: « Celui qui ne renonce pas à tout ce qu'il possède ne peut pas être mon disciple » (Saint Luc 14). Soit que ce dépouillement fût voulu par elle, soit que Dieu lui-même la dépouilla en permettant à la mort et à l'injustice des hommes de l'accabler, soit que le dépouillement lui fût imposé de la part de Dieu, toujours elle l'accomplit en son cœur avec la plus parfaite soumission et en rendant grâces de ce que ces dépouillements la rendaient plus libre pour aller à Dieu seul. Elle ne connut aucune mesure dans sa charité; elle aima Dieu, l'aima d'une façon absolue, d'un amour d'entière préférence. Rien dans sa vie ne fut jamais admis en comparaison avec l'amour de Dieu dans ses moindres manifestations. Elle ne se contenta pas des plus vifs sentiments de l'amour, mais elle savait que l'amour inactif n'est pas un véritable amour. « La preuve de l'amour, dit saint Grégoire, ce sont ses œuvres ». Les œuvres de l'amour sont tout d'abord la réalisation en nous de la ressemblance avec Notre-Seigneur Jésus-Christ. Aimer ce qu'il a aimé et comme il a aimé souffrir ce qu'il a souffert, comme il l'a souffert et pourquoi il l'a souffert tel est le programme de la vraie charité. Sainte Élisabeth le réalisa en aimant ce que Jésus-Christ a aimé, c'est-à-dire les hommes et surtout les malheureux, à qui elle a donne tout ce qu'elle avait et à qui elle s'est donnée elle-même, pour soigner leurs corps et guérir leurs âmes. Comme Jésus-Christ, elle a voulu souffrir pour la gloire de Dieu et pour le salut des âmes. De là ses mortifications, ses pénitences, ses humiliations. Élisabeth aima vraiment comme le veut l'Apôtre de la charité: « N'aimons pas en paroles ni avec la langue, mais par nos œuvres, en toute vérité » (1ere Épitre de saint Jean, 3: 18.)


O bienheureuse Élisabeth, que votre charité est admirable Comme vous avez ressemblé à Jésus-Christ! Vous vous êtes donnée à Dieu de la façon la plus entière et vous avez mérité d'entendre le divin Maître vous dire ces paroles de tendresse: « Veux-tu être avec moi comme moi je suis avec toi? » Et une autre fois: « Aie bon courage, ma fille, je suis avec toi ». Heureuse êtes-vous d'avoir mérité ce témoignage de l'amour de Jésus-Christ. Vous avez aimé Dieu de tout votre cœur; mais vous avez compris aussi la parole de saint Jean, le saint que vous avez préféré, que vous avez voulu avoir pour protecteur et pour modèle spécial: « Si quelqu'un dit qu'il aime Dieu et n'aime pas son frère, celui-là est un menteur » (1ere Épitre de saint Jean, 4:20); et votre charité s'est répandue sur les hommes, soulageant toutes les misères. Des peuples entiers ont crié vers Dieu leur reconnaissance vous avez été pour eux la joie et la paix, vous avez été pour eux le salut du corps et surtout de l'âme; et vous avez recueilli la récompense promise à ceux qui ont possède la vraie charité. Bienheureuse Élisabeth, priez pour nous, afin que nous vous suivions dans la voie de la vraie charité, afin que nous méritions, comme vous, d'être avec Jésus-Christ. Ainsi soit-il.

 

Notre Père, je Vous salue Marie

Prière (Comme au premier jour.)


Neuvième jour

La mort de Sainte Élisabeth

 

Après une journée de fatigue, le corps trouve dans le sommeil, frère de la mort, le renouvellement de ses énergies. Après une longue. vie de pénitence et de mortification, le corps des saints s'endort dans la mort pour y retrouver l'éclat de la résurrection et le renouveau de l'immortalité. La mort est la loi universelle. Jésus-Christ est mort mais la gloire a environné son sépulcre; les saints meurent, et tandis que leurs âmes vont jouir de la vision béatifique, leur tombeau devient aussi une manifestation de leur gloire car la mort des saints n'a rien de terrible ni d'effrayant; la mort des saints est le terme naturel de leur voyage vers Dieu; c'est le moment béni où ils trouvent l'objet de leurs longues recherches, où ils atteignent l'objet de leurs ardentes aspirations. Pour eux, la vie est longue et pénible leur cœur, détaché de tout ne trouve sur la terre aucun endroit où il puisse se reposer. Chaque jour il espère que ce sera le dernier de son long pèlerinage, et chaque soir il espère que les ténèbres terrestres où son corps va s'endormir seront illuminées des clartés éternelles où il verra son Dieu. Il dit chaque jour comme saint Paul: « Nous savons que, si notre demeure terrestre est détruite, Dieu nous en construira une autre, non pas périssable comme celles que les hommes construisent, mais éternelle dans les cieux ». (2 Corinthiens., 5:1) « Il faut, dit-il encore, que ce qui est corruptible devienne incorruptible, il faut que ce qui est mortel revête l'incorruptibilité ». (1 Corinthiens 15:53.) Dès lors, n'est-il pas naturel qu'il désire être dissous pour être avec le Christ? Bienheureux sont les morts qui meurent dans le Seigneur. (Apocalypse 14:3.)


La vie tout entière de sainte Élisabeth fut une longue et assidue préparation à la mort bien plus, on peut dire que sa vie fut une ardente aspiration à la mort. En effet, elle aspirait sans cesse à être unie à son Dieu elle voulait lui être unie d'une façon absolue, indéfectible, irrévocable. Or, vouloir cette union, c'est vouloir, comme saint Paul, la dissolution de son corps pour être avec le Christ. Pour se préparer à la mort, ou plutôt, pour aider la mort, elle a accompli elle-même tout ce que la mort doit accomplir elle s'est séparée de tout ce qu'elle aimait sur la terre, elle s'est dépouillée de tout ce qu'elle possédait, et lorsque, ainsi seule, elle n'eût plus rien qui la rattachât à la vie, elle attendit l'invitation de l'Époux céleste. Répondant enfin aux ardents désirs de cette fiancée qui soupirait sans cesse après l'union finale, Jésus-Christ vint à elle visiblement: « Viens, Élisabeth, ma fiancée, lui dit-il, ma tendre amie, ma bien-aimée viens avec moi dans le tabernacle que je t'ai prépare de toute éternité: c'est moi-même qui t'y conduirai ». Avec quelle allégresse elle fit ses derniers préparatifs pour le départ, et fit ses adieux à tous ceux qu'elle avait aimés pour l'amour de Dieu. et leur donna le céleste rendez-vous. Avec quelle joie elle supporta les douleurs que l'œuvre de la mort faisait éprouver à son corps! Elle chantait déjà sur la terre avec les anges le cantique éternel. Elle chantait en voyant venir le Fiancé chercher sa fiancée. Qui donc n'envierait pas une telle mort? Qui donc ne voudrait pas vivre comme sainte Élisabeth pour avoir le bonheur de mourir comme elle?


O Sainte Élisabeth, combien votre sainte mort est différente de la mort de la plupart des hommes! La pensée de la mort nous remplit d'épouvanté, parce que nous ne la comprenons pas, et surtout parce que nous ne nous y préparons pas. Nous ne la comprenons pas, car nous oublions que la mort est la fin de la peine et le commencement du bonheur, la fin d'un long pèlerinage dans la vallée des larmes et l'arrivée dans la patrie de la paix et de l'allégresse. Nous ne nous y préparons pas, et nous craignons la mort, car elle est accompagnée du redoutable jugement de Dieu. Pour ne pas craindre la mort, il faut suivre votre exemple: il faut faire en nous chaque jour l'œuvre de la mort; il faut surtout aspirer à la possession de ce Dieu que nous devons reconnaître comme notre souverain bien, comme notre seul et unique bien. Sainte Élisabeth, dissipez les ténèbres où nous nous égarons; chassez ces illusions qui nous trompent. Apprenez-nous à mourir par l'exemple de votre mort bienheureuse, et attirez-nous à votre suite auprès de ce Dieu qui vous a reçue entre ses bras et qui vous fait partager sa gloire éternelle. Ainsi soit-il.

 

Notre Père, je Vous salue Marie

Prière (Comme au premier jour.)


24/08/2010
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